Construire sur un terrain patrimonial, mission impossible?
Lorsque Richard Doyle fait l’acquisition en novembre 2020 d’un terrain patrimonial situé sur la rue Jarry Est à Saint-Léonard avec comme projet d’y construire une nouvelle maison, il ne se doutait pas qu’il serait aussi difficile d’obtenir un permis de construire.
«J’ai engagé un architecte, un ingénieur de structure et un expert forestier pour qu’on respecte toutes les normes. Mais l’arrondissement refuse de nous laisser démarrer le projet.»
En cause, le non-respect des règlements de zonage concernant l’harmonisation avec les habitations voisines est avancé par la direction de l’aménagement urbain (DAUSE) de l’arrondissement.
«Le problème, c’est qu’on respecte ces normes avec les maisons voisines. Mais on nous dit qu’il faut se conformer à d’autres maisons de référence situées plus loin.»
Plusieurs ajustements ont été proposés par M. Doyle et son équipe responsable du projet, mais les discussions restent au point mort.
Habitant de Saint-Léonard depuis 1960, Richard Doyle connaît le coin et a conscience de la valeur du quartier. Il affirme vouloir concevoir une maison pour pouvoir y vivre avec sa femme malvoyante.
Mon projet est personnel, je ne veux pas construire d’immeubles multilogements ou une maison pour faire du profit. Je tenais à concevoir une habitation sécuritaire pour ma femme.
Richard Doyle
Maison patrimoniale
«La Maison Corbeil», une demeure patrimoniale érigée en 1885, se trouve sur le terrain et serait «l’une des cinq dernières maisons de ferme de Saint-Léonard qui témoignent de son passé agricole», selon la Division du patrimoine.
Celle-ci présente aujourd’hui d’importants dégâts, et risquerait de s’effondrer, ce qui inquiète Richard Doyle.
«Des squatteurs habitaient à l’intérieur jusqu’à il y a peu. Des enfants venaient parfois jouer dans la remise à côté de la maison. Cette maison représente un risque important et je voudrais la démolir au plus vite, car je ne peux pas l’assurer.»
Si un accident arrive, c’est moi qui en serais responsable.
Richard Doyle
Pas de démolition en vue pour l’instant, car un permis de construire doit être attribué avant de débuter ce processus, comme le veut la loi sur ce type de maison.
L’arrondissement nous répond constamment que l’on doit respecter la réglementation concernant les terrains patrimoniaux à valeur exceptionnelle. On fait tout pour les respecter, mais ça n’avance pas.
Richard Doyle
«À retravailler», selon l’arrondissement
Dans un document transmis à la rédaction, la DAUSE reconnaît que devant les risques pour le public, la démolition de la maison est nécessaire.
Le nouveau projet devra toutefois être amélioré afin de rappeler la période historique de la maison originale.
«Bien que le projet de réutilisation du sol ne puisse être identique au bâtiment qui sera démoli, il y aurait lieu de prévoir une certaine similitude au niveau de la forme du bâti et de l’agencement des matériaux extérieurs», indique l’arrondissement de Saint-Léonard.
D’autres bâtiments de référence situés plus loin sur la rue Jarry auxquels devra correspondre la future maison ont été choisis en fonction de l’époque similaire à laquelle ils furent construits.
Une version révisée du projet sera présentée par Richard Doyle à l’arrondissement prochainement. Si celle-ci est approuvée, une demande de démolition devra ensuite être validée par le ministère de la Culture.
L’actuel propriétaire du terrain Richard Doyle s’inquiète de ne pas pouvoir démolir cette maison patrimoniale en ruines qui présenterait un risque important pour le public. David Flotat, Métro Média