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Interdire les services à l’auto: améliorer la qualité de vie sans effets pour la santé?

Saint-Léonard tient des consultations sur son projet d'interdire les nouveaux services au volant. Photo: Josie Desmarais, Métro Média

L’Arrondissement de Saint-Léonard tiendra le 25 octobre une assemblée publique de consultation sur son projet d’interdiction de l’implantation de nouveaux services à l’auto, une mesure qu’il propose au nom de la lutte contre la malbouffe et les changements climatiques. Mais quel est l’impact réel des services à l’auto sur l’environnement et la santé?

«Un service à l’auto ne devrait jamais avoir sa place en milieu urbain», répond d’emblée Christian Savard, président de Vivre en ville. Pour lui, le problème concerne la sécurité routière; ainsi, la place des services au volant se situerait selon ses propos dans les haltes routières.

«Là où il y a un trottoir, des piétons et de la population à proximité, ça rajoute beaucoup de circulation, beaucoup de manœuvres, ce qui crée un certain niveau de danger», soutient M. Savard.

Améliorer la ville?

Le président de Vivre en ville pense que les arrondissements choisissant d’imposer cette interdiction prennent la bonne décision. Il trouve que le principal avantage d’interdire ce genre d’installations est de rendre la ville «plus conviviale». «J’insiste vraiment sur les effets positifs sur la qualité de vie ou la qualité de ville», précise-t-il, ajoutant que ces installations sont la représentation du règne de l’auto solo dans les villes.

Christian Savard voit aussi dans les interdictions adoptées par les arrondissements une occasion pour ceux-ci de se réapproprier ces espaces pour développer autre chose dans ce qui était un stationnement.

Un impact sur la malbouffe?

En adoptant cette interdiction, l’Arrondissement soutient aussi vouloir lutter contre la malbouffe, en particulier chez les jeunes. Dans son projet, Saint-Léonard démontre qu’une partie des services au volant présents dans l’arrondissement se situent près des écoles.

Questionnée sur le sujet, Virginie Hamel, nutritionniste et doctorante en nutrition et santé publique à l’Université de Montréal, souligne que les jeunes qui vont à l’école n’ont souvent pas de voiture et n’utilisent donc pas les services au volant.

«Il n’y a pas d’études en tant que telles qui portent sur les effets des services au volant», explique Mme Hamel. Elle avance que d’après ce qui s’est fait ailleurs, «aucune ville qui a mis en place cette interdiction au Canada ne l’a fait pour des raisons de santé».

Une approche plus globale

La nutritionniste approche plutôt la lutte à la malbouffe sous un aspect plus global. «Quand on met en place des mesures, il ne faut pas oublier que ce n’est pas une seule politique qui va changer les comportements des gens», rappelle-t-elle.

Pour illustrer son propos, elle mentionne qu’une interdiction totale des restaurants rapides près des écoles ne suffirait pas pour dissuader les jeunes de consommer de la malbouffe, les dépanneurs offrant par exemple eux aussi de la nourriture grasse.

Elle identifie également d’autres facteurs qui poussent les jeunes à consommer de la malbouffe, comme la question de l’argent ou du goût, ces aliments étant très sucrés et salés. L’envie de l’autonomie serait également un autre facteur, les jeunes voulant s’acheter leurs propres repas plutôt que de manger ceux préparés par leurs parents.

Pour Virginie Hamel, la solution passe donc plutôt par une politique alimentaire scolaire. «Il faut que des aliments très peu transformés et de qualité soient inclus pour les jeunes», pense-t-elle. Des cantines qui offrent des repas équilibrés à bas prix existent par exemple en France ou dans les pays scandinaves.

«La dernière composante d’une telle politique alimentaire, c’est la sensibilisation, des cours de cuisine, etc.», conclut la doctorante.

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