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Mobilisation contre la fin des repas à 1$ dans le Sud-Ouest

Parents, élèves et organismes communautaires se sont mobilisés, le 28 mars, devant l'école Charles-Lemoyne pour dénoncer la fin des dîners à 1$. Photo: Voix Pop – Frédéric Lacroix-Couture

Plusieurs dizaines de familles à faible revenu du Sud-Ouest devront payer davantage pour les dîners à l’école dès septembre. Deux écoles de l’arrondissement verront la fin des repas à 1$ en raison de la révision de l’indice de défavorisation. Une situation que dénoncent des organismes communautaires.

Pour près de 300 enfants, le coût du dîner s’élèvera désormais entre 4$ et 5$ dans les écoles primaires de Charles-Lemoyne et Ludger-Duvernay, en plus des frais de garde du midi à 3$. Cette hausse est le résultat de la nouvelle carte de défavorisation, calculée aux cinq ans par le Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal.

Cet outil, qui prend en compte plusieurs facteurs, est utilisé pour classer les écoles selon leur niveau de défavorisation. Ce classement sert ensuite à distribuer aux commissions scolaires de la métropole de l’argent pour financer des initiatives dans les écoles plus défavorisées.

Le repas à 1$ est l’une de ces actions, qui reçoit aussi l’aide du ministère de l’Éducation. Seules les familles qui en font la demande peuvent en bénéficier.

Charles-Lemoyne et Ludger-Duvernay ont perdu le pointage leur permettant de se qualifier à cette mesure alimentaire.

«C’est en lien direct avec la gentrification, avec l’arrivée de nouvelles familles qui ont plus de sous et la conversion de logements en condos. Il y a une population qui vient faire bouger la côte de nos écoles», expose la porte-parole d’Action Gardien, Camille Trudelle.

Selon elle, il n’en reste pas moins que ces deux secteurs sont touchés par la pauvreté et que l’indice vient fausser la réalité.

Les écoles sont classées selon le niveau de défavorisation du quartier de résidence des élèves qui la fréquentent. Ce niveau se calcule à partir de quatre variables, soit le revenu familial, la scolarité des mères, la monoparentalité féminine et l’activité des parents pour chacun des secteurs.

«En d’autres mots, chaque enfant apporte dans sa boîte à lunch la réalité socio-économique de ses voisins. Les 300 enfants dont nous parlons ne sont pas plus riches, mais il semblerait que leurs voisins le soient», illustre Mme Trudelle.

Impacts

Parent siégeant sur le conseil d’établissement de l’école Charles-Lemoyne, Marianne Dumas s’inquiète de l’impact qu’aura la fin de ce programme sur les familles qui devront peut-être couper ailleurs.

«Elles vont devoir trouver cet argent ou sinon des enfants vont se retrouver tout seuls chez eux pour dîner. Il y a des enfants qui arrivent en autobus scolaire, ils ne peuvent pas retourner chez eux. Donc, les parents se retrouvent en otage et obligés de payer ces frais», soutient-elle.

La coordonnatrice de l’organisme Familles en action, Annie Daviault, croit que des parents devront se tourner vers les banques alimentaires.

«Ça va faire des enfants qui ne dîneront pas les fins de mois. Ce ne sera pas visible à l’école, mais ça va paraitre dans leurs performances et leur capacité d’écoute», évoque-t-elle.

Mesure immédiate

Les organismes réclament de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et de Québec de trouver une solution rapide pour maintenir le service.

La présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, promet de gratter les coffres pour aider les écoles. «On va regarder dans notre budget de service alimentaire ce qu’on pourrait faire pour bonifier ce qu’ils ont. Mais je serai très étonnée que ce soit exactement la même chose, c’est-à-dire les repas à 1$», mentionne-t-elle, précisant souhaiter une réforme de l’indice.

Au total, dix écoles de la CSDM perdent l’aide alimentaire alors que cinq autres l’obtiennent.

De son côté, le cabinet du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, évoque que 60 M$ supplémentaires ont été réservés afin de soutenir des interventions favorisant la réussite des élèves en milieu défavorisé pour les cinq prochaines années.

«Les modalités d’application et la ventilation de cette somme devraient être connues en même temps que les autres règles budgétaires des commissions scolaires», indique l’attaché de presse, Francis Bouchard.

À long terme, les organismes et Mme Harel Bourdon souhaitent l’implantation d’une politique universelle pour offrir des repas gratuits à tous les enfants.

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