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Deux ans de pandémie, et la mode dans tout ça?

Le festival Mode+Design 2021 sur la Place des festivals.
Le festival Mode+Design devient M.A.D. Festival. Photo: Philippe Manh Nguyen / Montage Métro

Alors que la COVID-19 est sous le feu des projecteurs depuis deux ans, des professionnels de la mode basés dans le Sud-Ouest de Montréal dressent le bilan de leurs deux ans de pandémie.

«Résilience pour s’adapter à la situation». Voilà ce que retient Claudine de Repentigny de ces deux ans de pandémie. En mars 2019, l’ex-mannequin venait tout juste de lancer avec son associée l’agence de mannequins Humankind rue Saint-Ambroise à Saint-Henri.

«Dès le début, tout s’est arrêté. On n’a pas pu garder le personnel», explique-t-elle. «Et quand ça a repris, ça a repris différemment. Il y avait moins de séances de photo, et beaucoup plus de tournages de publicités dans lesquelles les gens voulaient voir des familles, des frères, des sœurs. Alors on est allé chercher des profils différents, des enfants, ou même des danseurs.»

Sur le plan sanitaire, Claudine évoque des conditions de tournage très strictes avec les vaccinations et des mannequins qui doivent enlever leurs masques. Sans parler des problèmes d’approvisionnement avec ceux qui ne recevaient pas leurs échantillonnages et reportaient leurs campagnes, ou encore les annulations de mariages et graduations pour lesquelles les robes et tenues de cérémonie n’étaient plus nécessaires.  

«Ce contexte d’incertitude quant à l’avenir a aussi aggravé les troubles alimentaires et c’est d’autant plus un problème dans ce métier très lié à l’image», admet également Claudine.

Claudine de Repentigny, cofondatrice de l’agence de mannequins Humankind.
Crédits: Maude Arsenault.

«On a eu une perte énorme de revenus, car nos mannequins ne pouvaient plus travailler, même à l’étranger», admet Claudine, qui observe tout de même que certains ont pu profiter à leur avantage du contexte COVID. «Des clients qui prenaient normalement des mannequins à New York ou Los Angeles ont été forcés de travailler avec des talents locaux. Il y avait plus d’offres sur Montréal, ça nous a donné la chance de faire travailler plus de monde, et des profils différents.»

Quand le tapis rouge broie du noir

Depuis 1999, le Festival Mode+Design rassemble des artistes émergents, designers canadiens, détaillants et icônes internationales de la mode au milieu de milliers de visiteurs qui célèbrent la créativité et la diversité de l’art au Quartier des spectacles de Montréal. «Autant dire que la pandémie a été un choc et a eu un impact phénoménal pour nous», affirme Chantal Durivage, fondatrice du festival.

«Mais on a embrassé la situation et on s’est dit que c’était l’occasion de tester plein de choses, de ressortir des idées qu’on avait évoquées depuis longtemps sans jamais prendre le temps d’aller jusqu’au bout», précise-t-elle.

Pour la première fois en 2020, le festival s’est donc tenu uniquement sur le web. «On a fait des tests au niveau du virtuel pour voir l’ouverture des gens au numérique par rapport à ce qu’on avait à proposer, et la réponse a été plutôt favorable», estime Chantal, qui a surtout été marquée par l’édition 2021 de retour à 100% en présentiel. «C’était une édition magique. On se sentait comme en temps d’après-guerre, les gens étaient tellement au rendez-vous, on sentait un besoin vital de se retrouver, se voir et toucher les collections», affirme Chantal, qui a aussi observé la capacité d’adaptation des créateurs durant la pandémie.

L’édition numérique 2020 du Festival Mode+Design.
Crédits: Matt Smilenot.

«Ils ont été agiles. Certains ont intégré dans leurs créations des habits conçus pour le corps hospitalier, d’autres se sont mis à fabriquer des masques. Et ce qui a été beau, c’est que le public a répondu présent avec un vrai intérêt, une vraie envie d’acheter local», conclut Chantal Durivage, qui mise dans le futur sur une stratégie de convergence entre le présentiel et le numérique.

Du réel au virtuel

Autre exemple de professionnels de la mode qui ont dû passer le cap du web: Mélissa de Repentigny et Charles Abitbol sont à la tête des trois boutiques de vêtements OLAM et Mousseline, situées sur les rues Sainte-Catherine et Saint-Denis ainsi que sur l’avenue Laurier.

Des magasins contraints à la fermeture durant le confinement. Priorisant jusqu’ici le contact physique avec leurs clients, les deux gérants, qui n‘avaient pas encore de site web pour leurs boutiques, ont donc pris le virage numérique à bras le corps pour vendre leurs pièces sur Internet. «Sur le plan financier, on a pu s’en sortir grâce aux aides du gouvernement, et à la présence de notre clientèle niche qui est restée très présente et a choisi de soutenir le local», explique le propriétaire des boutiques Charles Abitbol.

La clientèle cible, les femmes d’affaires adeptes de vêtements chics. Plus vraiment une priorité avec le télétravail qui a changé les habitudes d’achats et de consommation.

«On a d’abord constaté que les gens avaient pris du poids, car les tailles demandées sont plus grandes», explique Mélissa de Repentigny. «Puis dans le choix des pièces, on nous demande davantage de hauts, mais les pantalons sont devenus moins importants, même chose pour les costumes et les vestes», précise-t-elle.

Depuis les confinements à répétition, c’est toute la chaîne d’approvisionnement qui a subi un impact, provoquant des retards de fournisseurs, de livraisons, et donc des hausses de prix. «Avec les problèmes de transport, les matières ont augmenté comme la soie et le coton. Ce qui fait forcément augmenter aussi les prix, dont les nôtres», précise Mélissa de Repentigny.

Une nouvelle pièce pour le printemps, proposée dans les boutiques OLAM.
Crédits: Gracieuseté.

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