Des normes environnementales plus strictes dans le Sud-Ouest
L’Arrondissement du Sud-Ouest implantera une nouvelle norme pour assurer la valeur environnementale des nouveaux bâtiments, le facteur de résilience climatique (FRC). Il s’agit de la première exigence du genre à Montréal.
Le FRC sera appliqué aux nouvelles constructions ou aux agrandissements majeurs de plus de 2000 m2 d’un immeuble résidentiel d’au moins 36 logements ou d’un immeuble non résidentiel.
L’obtention d’un permis de construction sera assujettie à l’obtention d’un FRC minimal.
«C’est une nouvelle approche qui commence à émerger à travers le monde, qui permet d’améliorer le verdissement des projets dans les secteurs de haute densité», explique la conseillère en aménagement du Sud-Ouest, Marie-Hélène Binet-Vandal, qui ajoute que les quartiers Griffintown et Pointe-Saint-Charles sont particulièrement ciblés par cette mesure.
[Le FRC] vient obliger les promoteurs à faire des efforts supplémentaires.
Marie-Hélène Binet-Vandal, conseillère en aménagement du Sud-Ouest
La nouvelle réglementation sera adoptée lors du prochain conseil d’arrondissement, le 14 novembre, et entrera en vigueur vers la fin de l’année 2022.
Une «liste d’épicerie» écologique
Marie-Hélène Binet-Vandal présente la nouvelle norme comme une «liste d’épicerie» qui comprend des composantes d’aménagement paysager, auxquelles on attribue un pointage qui varie selon leur bénéfice écologique. On divise par la suite la somme des points par la superficie totale du terrain pour obtenir le FRC.
Les composantes sont séparées en trois catégories, soit la perméabilité des surfaces du sol, la plantation et la végétalisation des bâtiments, comme les toits et les murs verts.
Par exemple, dans la catégorie «plantation», les arbres vont donner beaucoup plus de points que des arbustes ou des plantes couvre-sol.
Par ailleurs, le Sud-Ouest bonifie tout ce qui améliore la perméabilité des sols en raison de ses enjeux de gestion de l’eau. Une «surface non scellée en pleine terre», dont la capacité de rétention d’eau n’est aucunement entravée, comme la terre ou le gazon, se voit donc attribuer le pointage maximal.
Une question d’application
La professeure à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, Danielle Dagenais, réagit «assez positivement» à l’implantation du FRC.
Elle souligne que la nouvelle norme incite les promoteurs à installer des «structures de végétation plus complexes», avec des plantes diversifiées.
Selon la spécialiste en infrastructures vertes et bleues, se concentrer seulement sur la perméabilité des sols, en installant de la pelouse par exemple, est insuffisant pour mitiger les conséquences des changements climatiques, en premier lieu les îlots de chaleur.
De plus, les arbres et les arbustes permettent de réduire la quantité d’eau qui arrive au sol et la vitesse à laquelle elle arrive, explique-t-elle, ce qui facilite l’infiltration et réduit les enjeux de ruissellement urbain.
Mme Dagenais plaide toutefois pour un suivi strict des promoteurs par l’Arrondissement quant à l’application de ces nouvelles normes. «C’est facile de planter des arbres, mais si on y retourne cinq ans plus tard, souvent les arbres n’ont pas survécu pour toutes sortes de raisons», illustre-t-elle.
«L’applicabilité [du FRC], c’est ce qui va faire que la Ville va atteindre ses objectifs ou non», conclut la professeure.