L'éducation populaire s'invite dans la campagne électorale
Un enjeu de taille s’est invité dans la campagne électorale scolaire: la survie des six centres d’éducation populaire sur le territoire de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), dont deux sont situés dans l’arrondissement du Sud-Ouest.
Pour les chefs des formations et les trois candidats au poste de commissaire dans la circonscription Sud-Ouest, il importe de tout mettre en œuvre pour qu’ils ne ferment pas leurs portes en mai 2015.
On trouve dans le Sud-Ouest le Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles et le Comité d’éducation aux adultes de la Petite-Bourgogne et de Saint-Henri. Ils logent gratuitement depuis une quarantaine d’années dans des immeubles de la CSDM.
La commission scolaire, qui doit composer avec un déficit de 29 M$, n’est plus en mesure de les héberger. Les baux prendront fin en mai.
Les centres donnent accès à l’éducation à des adultes: alphabétisation, ateliers artistiques et d’informatique, intégration des personnes handicapées intellectuelles, etc.
Le 30 septembre, la communauté s’est ralliée derrière le Carrefour. Une centaine de personnes ont assisté au dévoilement, près du métro Charlevoix, d’une bannière plaidant pour sa survie. Elle restera accrochée tant qu’une solution n’aura pas été trouvée.
Pour Donald Nolet, coordonnateur du Carrefour, le message est clair. «On est à huit mois de l’expulsion. On est tanné. Il faut passer de la parole aux actes». L’organisme réclame notamment que le bail de la CSDM soit prolongé de trois ans et que le financement des coûts d’opération et de rénovation des bâtiments soient aux frais du ministère de l’Éducation. On attend un engagement écrit de Québec d’ici le 30 octobre.
Ça passe par Québec
«La CSDM soutient la mission des centres, mais n’a pas les moyens en cette période de compressions budgétaires d’assumer les coûts reliés à ces bâtiments», a déclaré la présidente de la CSDM et candidate à la présidence pour le Mouvement pour une école moderne et ouverte (MÉMO), Catherine Harel-Bourdon. Pour elle, «le ministère de l’Éducation doit octroyer un budget pour les rénovations et les frais d’opération des centres».
«On est toujours en pourparlers avec Québec», a expliqué la candidate du MÉMO au poste de commissaire, Violaine Cousineau. «La solution n’arrivera pas du côté de la commission scolaire», a-t-elle prévenu. «La solution est entre les mains de Québec. La commission scolaire n’a pas les fonds.»
Candidate à la présidence pour Priorité écoles, la chef de la formation, Jocelyne Cyr, s’est engagée à ce que la CSDM renouvelle le bail du Carrefour si aucune solution n’est trouvée avec le ministère avant son échéance. «On va renouveler le bail s’il le faut, si on ne trouve pas de solution», a-t-elle dit. «Il est hors de question de mettre ces gens à la rue.» Elle est confiante que Québec intervienne. «Tous ensemble, on est capable de trouver la solution.»
Candidat de Priorité écoles au poste de commissaire, Thierry Larrivée signale que la fermeture des centres aurait un coût. «Il faudrait offrir les services ailleurs», dit-il, soutenant «qu’un leadership doit être assuré au niveau de la commission scolaire».
«C’est un dossier urgent pour le CREM», a déclaré Christine Fournier, candidate à la présidence pour la Coalition du renouveau des écoles montréalaises (CREM). Elle et l’aspirante commissaire, Manon Ricard, rappellent que les règles de financement des centres ont changé en 2002. Depuis cette date, il passe par le ministère de l’Éducation. «Il faut voir la possibilité de conclure une entente avec les autres ministères», estime Christine Fournier. «Les centres d’éducation populaire ne font pas juste de l’alphabétisation», souligne Manon Ricard. «Ils offrent des services à une population en mode survie.»
«Ça prend un appui financier de Québec», insiste Christine Fournier. «On aimerait pouvoir dire qu’on va renouveler les baux et qu’on va continuer à financer, mais dans les faits, on n’en a pas les moyens», dit-elle.