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Des élus menacés durant la pandémie

La SQ a dévoilé que les élus de l’Assemblée nationale sont particulièrement visés par des menaces sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie.
Des internautes se sont déchaînés durant la pandémie sur les réseaux sociaux, notamment contre les élus. Photo: 123RF
Carl Sincennes, Katrine Desautels

La Sûreté du Québec (SQ) a dévoilé la semaine dernière que les élus de l’Assemblée nationale, tous partis confondus, sont particulièrement visés par des menaces sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie.

Entre le 15 mars et le 15 septembre, le corps policier a reçu 600% plus de signalements qu’à pareille date l’an dernier.

Cette hausse est évidemment reliée à tout ce qui entoure la COVID-19 pour l’inspecteur-chef et directeur des communications de la SQ, Guy Lapointe.

«En ce moment, les gens partent en échappée avec leurs claviers. Ils ont un faux sentiment de sécurité en pensant qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Les inhibitions tombent et ils se mettent dans le trouble», image le policier.

Selon lui, plusieurs pensent que même s’ils n’ont pas l’intention de commettre un crime, ce n’est pas grave.

Toutefois, le simple fait de menacer de blesser ou de tuer une autre personne sur les réseaux sociaux peut mener à une intervention de la SQ et même, à une arrestation et des poursuites criminelles.

«La SQ ne dira pas aux gens quelle opinion avoir. Peu importe votre courant de pensée, si vous menacez, vous n’avez pas raison. Il y a moyen d’avoir des débats, sans avoir recours à la menace.»

-Guy Lapointe, inspecteur-chef et directeur des communications de la SQ

La plupart des signalements des menaces reçus par les élus pendant la pandémie concernent des gens sans antécédents, mais qui se laissent emporter sans comprendre la gravité de leurs gestes.

Élus locaux

Le député fédéral de LaSalle-Émard-Verdun et ministre de la Justice, David Lametti, affirme que lui et ses collègues d’Ottawa reçoivent régulièrement des menaces sur les médias sociaux, mais aussi en personne.

Son bureau de circonscription avait d’ailleurs été vandalisé par un groupe d’activistes en février. «C’est déstabilisant. C’est encore pire pour mon équipe. Ils sont là pour aider les gens. C’est très difficile pour eux. Ce n’est pas acceptable dans notre société», tonne-t-il.

Il planche d’ailleurs sur un plan pour contrer la haine en ligne. Des consultations sont en cours.

Quant la députée provinciale de Verdun, Isabelle Melançon, elle souligne qu’il ne s’agit pas d’un nouveau phénomène. «En 2018, lorsque j’étais ministre, j’ai reçu des menaces écrites où l’on mettait même l’adresse de l’école de mes enfants. Troublant, choquant, inquiétant», résume-t-elle.

Mme Melançon n’a pas vu le nombre de commentaires désobligeants augmenter avec la pandémie, mais elle trouve que «c’est plus l’intensité qui est différente parce que c’est très polarisant ce qui arrive en ce moment».

Il y a quelques semaines, Mme Melançon a été harcelée à la sortie de son bureau. Un homme l’attendait et il s’est mis à crier, la filmer et la poursuivre jusqu’à son stationnement avant de donner un coup de pied sur sa voiture.

«Je me suis sentie agressée. Il ne m’a pas frappée, mais je ne veux pas que ça en vienne là», commente Mme Melançon, qui a d’ailleurs porté plainte au poste de quartier 16 contre l’individu, qui est un récidiviste connu des autorités.

Par ailleurs, Mme Melançon souligne que les commentaires sur les réseaux sociaux sont toujours plus durs envers les femmes, qui sont souvent critiquées sur leur apparence physique. Les menaces ne la découragent pas personnellement de poursuivre sa carrière politique, mais elle croit que cela pourrait démotiver certains collègues ou de nouveaux talents.

300

C’est le nombre de signalements reçus par la Sûreté du Québec concernant des propos menaçants sur les réseaux sociaux envers les élus de l’Assemblée nationale depuis le début de la pandémie.

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