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Jour J pour la nouvelle Constitution de Cuba

Le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel, lors de l'exercice de son vote. Photo: AP Photo: AP
Rédaction - Agence France-Presse

Cuba annoncera lundi si sa nouvelle Constitution a été adoptée, un référendum qui a valeur de test pour le gouvernement socialiste, déterminé à défendre son plus proche allié, le Venezuela de Nicolas Maduro, face aux pressions de Washington.

Les premiers résultats du vote de dimanche, marqué par une participation élevée, seront dévoilés lors d’une conférence de presse des autorités électorales à 15h.

«Nous votons pour notre Constitution […], nous votons aussi pour le Venezuela, nous défendons le Venezuela, car au Venezuela se joue la dignité du continent», a assuré le président Miguel Diaz-Canel.

Les bureaux ont fermé à 23h. Quatre heures plus tôt, la participation était déjà de 74,09%.

Visant à adapter la Constitution de 1976 à l’ouverture économique de l’île, la réforme reconnaît le marché, la propriété privée et les investissements étrangers comme nécessaires pour relancer la croissance d’un pays miné par les pénuries.

Mais elle a surtout été brandie ces dernières semaines par le gouvernement comme étendard du socialisme et preuve de solidarité avec le Venezuela de Nicolas Maduro, qui lui apporte pétrole et soutien économique.

La nouvelle Constitution réaffirme le rôle unique du Parti communiste et insiste sur le caractère «irrévocable» du socialisme, en vigueur à Cuba depuis la révolution de 1959 et devenu l’ennemi juré de Donald Trump sur le continent américain.

Ce dernier a assuré que «les jours du communisme étaient comptés au Venezuela, mais aussi au Nicaragua et à Cuba», et promis que les États-Unis ne seraient «jamais un pays socialiste».

Alors que le président Maduro est soumis à une forte pression internationale, l’idée que Cuba est le prochain sur la liste se renforce chaque jour.

Samedi, le sénateur de Floride Marco Rubio, d’origine cubaine, a répondu au président Diaz-Canel, qui tweetait son soutien à Caracas: «Bientôt ton tour».

Sur le même réseau social, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a qualifié le référendum de «nouvelle ruse du régime cubain pour camoufler sa répression et tyrannie».

Mais La Havane ne compte pas se laisser faire et se pose en défenseur de la gauche latino-américaine.

«La lutte continue», a affirmé M. Diaz-Canel sur Twitter, estimant que «le coup d’État impérialiste» a échoué samedi au Venezuela, «mais l’empire [les États-Unis] ne renonce pas à ses plans».

Le gouvernement cubain a mené une intense campagne pour le oui (#YoVotoSi), omniprésente sur les réseaux sociaux, à la télévision et sur les bus et commerces de l’île.

Et l’agressivité de Donald Trump «a été une bonne propagande» pour inciter les Cubains à «voter oui pour défendre l’indépendance face à la menace américaine», estime le politologue Carlos Alzugaray.

C’est le cas de Julia Pérez, retraitée de 62 ans: «Avec les menaces des États-Unis, c’est toujours la même chose à Cuba, cela finit par unir encore plus les Cubains et voter oui, je pense que c’est la meilleure réponse».

Le bulletin de vote offrait le choix entre deux cases, oui ou non, à cette question: «Ratifiez-vous la nouvelle Constitution de la République?»

«Deux options: une qui favorise le régime et l’autre qui représente l’unique opportunité du peuple, depuis des années, de lui dire non», assure à l’AFP le dissident José Daniel Ferrer.

Manuel René Ramos, avocat cubano-américain de 66 ans réinstallé sur l’île depuis sept ans, a saisi cette opportunité, car «c’est important pour les gens d’avoir une autre option, pour les gens qui veulent changer après 60 ans» de socialisme.

Critiqué par l’Eglise catholique pour son «idéologie unique», le texte est rejeté par une partie des Cubains sur internet, plus accessible depuis le déploiement en décembre de la 3G.

Mais si le slogan #YoVotoNo a largement circulé sur les réseaux sociaux, il a été absent des médias et censuré sur les SMS, comme a pu le vérifier l’AFP.

L’opposition dénonce aussi l’absence d’autorité électorale indépendante et d’observateurs internationaux pour garantir la transparence du scrutin.

En 1976, la Constitution avait été validée à 97,7% par référendum. Cette année Carlos Alzugaray prévoit «70 à 80%»: «La société a changé et ce changement va se refléter dans le vote».

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