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Fin du traité nucléaire INF: l’Otan veut limiter la «course aux armements»

Donald Trump et Vladimir Poutine
Donald Trump et Vladimir Poutine Photo: AP Photo/Pablo Martinez Monsivais

L’Otan a dit vendredi ne pas vouloir d’une «nouvelle course aux armements» après que Moscou et Washington ont acté la mort de l’emblématique traité nucléaire INF, conclu pendant la Guerre froide.

Sans surprise, après six mois de dialogue de sourds et d’accusations réciproques de violations, Russie et États-Unis ont laissé expirer l’ultimatum lancé par l’administration de Donald Trump en février, en s’accusant mutuellement d’être responsables de la fin de ce texte bilatéral.

«Le retrait des États-Unis conformément à l’article XV du traité prend effet aujourd’hui car la Russie n’a pas renoué avec son respect total et vérifié», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, depuis Bangkok où il assiste à des réunions régionales.

La Russie a de son côté accusé Washington d’avoir «commis une grave erreur» et d’avoir créé «une crise pratiquement insurmontable». Elle a de nouveau proposé un «moratoire sur le déploiement d’armes de portée intermédiaire», ce que l’Otan a rejeté.

«La Russie a déployé des missiles en violation du traité INF. Comment croire en sa bonne foi?», a accusé son secrétaire général Jens Stoltenberg.

Puis faisant écho aux inquiétudes exprimées notamment en Europe, il a assuré que les occidentaux ne voulaient pas «d’une nouvelle course aux armements».

«Mais nous ferons en sorte que notre dissuasion soit crédible» face au déploiement du nouveau système de missiles russes «capables de transporter des têtes nucléaires et de frapper les villes européennes en quelques minutes», a-t-il affirmé.

«Menace»

Pays neutre aux premières loges de la Guerre froide, l’Autriche s’est inquiétée de la «menace» planant désormais sur l’Europe et elle a appelé Moscou et Washington à s’engager de façon «volontaire» à ne pas déployer de missiles nucléaires de moyenne portée sur le continent.

Washington avait suspendu début février sa participation au traité en accusant Moscou de fabriquer des missiles non conformes au traité. Cette suspension avait ouvert une période de transition de six mois qui se terminait ce vendredi.

Abolissant l’usage de toute une série de missiles à capacité nucléaire de portée intermédiaire (de 500 à 5500 km), le traité INF avait permis l’élimination des SS20 russes et Pershing américains déployés en Europe.

«Les États-Unis ont évoqué leurs inquiétudes auprès de la Russie dès 2013», a rappelé Mike Pompeo, qui se targue du «plein soutien» des pays membres de l’Otan. Mais Moscou a «systématiquement repoussé durant six ans les efforts américains pour que la Russie respecte à nouveau» le texte, a-t-il ajouté.

En cause, les missiles russes 9M729, qui représentent selon lui une «menace directe» pour les Américains et leurs alliés bien que la Russie assure qu’ils ont une portée maximale de 480 km.

Plusieurs discussions entre les deux puissances rivales se sont révélées infructueuses depuis février, et les signes d’une nouvelle course aux missiles se sont multipliés.

«Nous ferons ce qui est dans notre intérêt», a récemment prévenu le nouveau ministre américain de la Défense Mark Esper, tandis que le président russe Vladimir Poutine a d’ores et déjà promis de nouveaux armements.

En fait, le Pentagone se réjouit de pouvoir moderniser son arsenal pour contrer la montée en puissance de la Chine, qui cherche à affirmer sa suprématie militaire en Asie.

Et côté russe, le Kremlin n’est pas mécontent de se débarrasser d’un outil jugé à l’avantage de Washington.

«Le monde va perdre un outil précieux contre la guerre nucléaire», avait regretté dès jeudi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Un nouveau cadre?

Mike Pompeo a toutefois assuré que l’administration Trump souhaitait inaugurer «une nouvelle ère du contrôle des armements», qui dépasse le cadre bilatéral américano-russe et concerne également la Chine – une proposition qui ne semble pas intéresser Pékin à ce stade.

«La Russie voudrait faire quelque chose au sujet d’un traité nucléaire. Je suis d’accord», a lâché jeudi, sans plus de précisions, le président Trump.

Il ne reste désormais en vigueur qu’un seul accord nucléaire bilatéral entre Moscou et Washington: le traité START, qui maintient les arsenaux nucléaires des deux pays bien en-deçà du niveau de la Guerre froide et dont le dernier volet arrive à échéance en 2021.

«Les chances qu’il soit prolongé sont faibles. Dans ces conditions, plus rien ne limitera la nouvelle courses aux armements nucléaires entre les États-Unis et la Russie», pronostique l’analyste russe Alexandre Saveliev.

Si l’administration Trump a promis pour l’heure de ne pas déployer de nouveaux missiles nucléaires en Europe, elle n’a fait aucune promesse sur le déploiement d’armes conventionnelles.

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