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Un finaliste de Mars One affirme que l’expédition est une arnaque

Photo: Bryan Versteeg / La Presse Canadienne

Un des 100 finalistes de l’expédition Mars One, supposée être un aller-simple vers la planète rouge dans les 10 prochaines années, a brisé le silence et a expliqué à la journaliste australienne Elmo Keep le fonctionnement douteux de l’entreprise.

Selon le Dr Joseph Roche, assistant professeur à l’école d’éducation au collège Trinity à Dublin, en Irlande, et canditat finaliste de Mars One, le projet est «irréaliste», et les finalistes sont choisis en fonction de l’argent qu’ils ont donné à Mars One, et non selon une évaluation rigoureuse des candidats, comme l’avait affirmé les organisateurs. Il a confirmé ces allégations dans une lettre ouverte au quotidien britannique The Guardian mercredi matin.

«Je n’ai toujours pas rencontré qui que ce soit de Mars One en personne, a-t-il affirmé au magazine en ligne Medium. Originalement, ils disaient qu’il y aurait des entrevues régionales, où on subirait des tests sur plusieurs journées, et cela me semblait un processus légitime de sélection d’astronaute.»

Or, l’évaluation en question s’est résumée à une entrevue de quelque 10 minutes sur Skype.

Le Dr Roche a aussi expliqué le fonctionnement du palmarès des candidats. Entre autres, le Top 10 dévoilé par The Guardian le mois dernier sont en fait ceux qui ont rapporté le plus d’argent à Mars One.

«Lorsqu’on se joint à la « communauté Mars One », ce qui est automatique lorsqu’on est candidat, ils commencent à te donner des points. Tu reçois des points pour chaque étape de la sélection que tu franchis (mais un nombre arbitraire de points, qui n’a rien à voir avec la sélection), et ensuite, la seule manière d’obtenir des points est d’acheter des produits dérivés Mars One et de leur donner de l’argent», a-t-il témoigné.

L’entreprise a réfuté ces allégations au site New Scientist. «Les dons des candidats n’ont aucune incidence sur la sélection des astronautes, a affirmé la porte parole Suzanne Flinkenflögel. Plusieurs des candidats de la troisième ronde n’ont fait aucune contribution financière mis à part leur frais de candidature, et certains qui ont contribué largement n’ont pas été sélectionnés.»

Doutes

Ces révélations s’ajoutent à de sérieux doutes quant à la faisabilité du projet Mars One.

En début de journée mercredi, l’ancienne astronaute canadienne Julie Payette a affirmé que les volontaires de Mars One «n’iront nullepart». Elle a fait ces déclarations lors d’un symposium aérospatial qui se tient pendant trois jours au siège de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), à Montréal.

Selon Mme Payette, la technologie courante rend irréaliste le départ prévu d’ici 2025.

Mars One n’a officiellement que trois employés. En septembre 2013, l’entreprise a annoncé que 200 000 personnes s’étaient portées volontaire pour la mission. Or, le réseau américain NBC n’en avait répertorié que 2782. Ces candidats avaient payé entr 5$ et 73$ à Mars One.

Une étude du Massachussets institute of technology (MIT), parue en octobre 2014, avait entre autres déterminé que l’expédition nécessiterait des technologies qui n’existent toujours pas, notamment à cause des niveaux d’oxygène qui seraient produits par l’agriculture sur laquelle les colons dépendraient pour se nourrir.

Mars One évalue le coût de la mission à 8G$, ce qui est beaucoup moins que ce que la National aeronautics and space administration (NASA) estime de son côté pour sa propre mission. À l’heure actuelle, Mars One a récolté un peu plus de 784 000$.

Le Col. Chris Hadfield, astronaute canadien chevronné qui a plusieurs expéditions à son actif, avait émis en novembre de sérieuses réserves à Mme Keep. «Je suggère à tous ceux qui sont intéressés par Mars One de commencer à poser des questions difficiles, avait-il dit. Je veux voir des détails techniques du véhicule qui sera en orbite autour de la Terre. Je veux savoir: comment est-ce qu’une combinaison spatiale fonctionne sur Mars? Montrez-moi comment elle est pressurisée, comment elle est refroidie. Quel est le design du gant de la combinaison? Aucune de ces choses ne peut être achetées. Ces technologies n’existent pas.»

D’ailleurs, un des candidats retenus par Mars One affirme que son nom est M1-K0, et qu’il est un martien qui est venu sur Terre pour étudier les humains.

(Avec la presse canadienne)

Pour lire l’exposé d’Elmo Keep sur Mars One: https://medium.com/matter/all-dressed-up-for-mars-and-nowhere-to-go-7e76df527ca0

Pour lire l’entrevue avec le Dr Joseph Roche: https://medium.com/matter/mars-one-insider-quits-dangerously-flawed-project-2dfef95217d3

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