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Essai de Red Dead Redemption 2: à jouer absolument

Photo: Rockstar

Après huit ans d’attente, Red Dead Redemption 2 arrive enfin sur les tablettes ce vendredi. Bonne nouvelle pour les amateurs de jeux vidéo: cet ambitieux western est encore meilleur que l’original. Une œuvre colossale, qui nous fait vivre l’Amérique de 1899 comme si on y était.

Dire que les attentes pour Red Dead Redemption 2 sont élevées relève de l’euphémisme. Il s’agit du premier jeu pour le studio Rockstar depuis Grand Theft Auto V, un succès critique et populaire, qui est devenu au fil des ans l’œuvre de divertissement la plus rentable de tous les temps.

Rockstar a aussi abondamment vanté l’ampleur de son jeu, qui compte près d’un demi-million de lignes de dialogues, 300 000 animations individuelles et plus de 1000 choses à faire et à découvrir. Terminer le jeu en une semaine (de travail) n’a d’ailleurs pas été une mince tâche. J’ai même atteint le générique final à 3h30 jeudi matin, moins de quatre heures avant la levée de l’embargo pour les critiques du jeu.

Plus de 80 missions principales, des braquages de banques, de trains, de la pêche, de la chasse, du poker, du dressage de chevaux: ce ne sont certainement pas les activités qui manquent dans Red Dead Redemption 2. Mais le jeu est plus qu’une succession d’aventures. Il s’agit d’abord et avant tout d’une histoire riche, avec une vingtaine de personnages que l’on apprend à connaître au fil des heures.

Un retour en arrière convaincant

Red Dead Redemption 2 se déroule en 1899 et raconte l’histoire de la bande à Dutch van der Linde, des hors-la-loi d’une autre époque, qui rêvent encore de l’Amérique libre et sans lois du Far West, mais qui doivent composer avec la société moderne qui s’éloigne plus en plus de leur idéal.

Red Dead Redemption 2 est une histoire d’adaptation au changement, mais aussi de loyauté, tant à un style de vie révolu qu’à un groupe, pour lequel chacun est prêt à risquer sa vie pour sauver celle d’un autre. Il s’agit d’une histoire quand même mature, qui n’a d’ailleurs pas peur d’aborder des sujets comme les droits des femmes, le racisme et le traitement des Autochtones.

Le titre est un antépisode à Red Dead Redemption (lancé en 2010), où le joueur incarnait John Marston, un ancien cowboy forcé de retrouver son ancienne bande (celle menée par Dutch van der Linde) pour qu’elle affronte la justice.

John Marston est de la distribution de Red Dead Redemption 2, mais on incarne plutôt Arthur Morgan, un membre de la première heure de la bande à Dutch van der Linde. Arthur est à la fois le cœur et les poings du groupe. Que ce soit à cause de l’âge ou à cause des ordres de son patron, Arthur est toutefois de plus en plus mal à l’aise avec le mal et les meurtres causés par son mode de vie.

Une journée au camp

Le groupe habite ensemble, dans un campement ambulant, qui se déplace à quelques reprises pendant le jeu en fonction des développements de l’histoire. Chaque déménagement correspond à un chapitre de l’aventure, une mécanique qui nous permet de découvrir la très grande carte du jeu progressivement.

Le campement est l’endroit où Arthur vient dormir le soir, l’endroit où il se rase, où il mange, où il joue aux dominos, où il accomplit du travail pour les autres et où il discute avec ses confrères. C’est un endroit vivant, dans lequel on peut passer beaucoup de temps si le cœur nous en dit. L’argent qu’on amasse dans le jeu peut d’ailleurs être partagé avec les autres membres du groupe, afin d’améliorer le camp et le moral des troupes.

La vingtaine de personnages du groupe est la principale force de Red Dead Redemption 2. Les différentes missions nous donnent le temps de tous les rencontrer, de les voir évoluer, de comprendre la dynamique qui relie chacun d’entre eux avec les autres, et plus. Certains personnages sont plus effacés, mais on a quand même l’impression que ce sont tous des personnages principaux, qui ont leur propre histoire et leur propre raison d’être.

Notons que les chevaux pourraient aussi être considérés comme des personnages à part entière. Ce ne sont pas comme des voitures dans Grand Theft Auto, ce sont des bêtes vivantes, que l’on doit rassurer lorsqu’un prédateur approche et à qui on parle constamment. Même si on peut acheter des nouveaux chevaux plus puissants ou dompter des chevaux sauvages pendant le jeu, j’ai d’ailleurs conservé le même tout au long de mon aventure, parce qu’une partie de moi refusait de m’en départir.

Un monde vivant

Le monde de Red Dead Redemption 2 est bien ficelé, et beaucoup de petites choses intelligentes donnent l’impression d’un univers réaliste.

Les dialogues, par exemple, sont toujours fluides et appropriés à ce qui se passe à l’écran. Si on choisit de faire une mission B avant une mission A, les personnages dans la seconde mission discuteront donc quand même des événements de la mission précédente.

De retour au camp après une mission, les gens que l’on croise nous demandent comment cette dernière s’est déroulée. Et si un couple du camp est en train de faire une scène de ménage, il nous fait poliment comprendre que ce n’est pas le moment d’avoir une discussion. S’il y a un party au camp (après qu’un membre disparu ait été retrouvé, par exemple), vous pourrez chanter et boire, mais vous ne pourrez pas accéder à vos missions régulières.

La chose est la même dans les villes et les villages. Si on y entre couvert de sang avec une mauvaise réputation (un système d’honneur influence comment les autres nous perçoivent), les étrangers sont méfiants et les activités qui nous sont offertes s’adaptent à la situation.

Les dialogues secondaires nous font souvent réaliser les limites des jeux vidéo. C’est tout le contraire ici.

La nature est aussi réaliste. Les plantes, herbes et légumes sauvages que l’on peut ramasser sont rares (et non omniprésents comme c’est souvent le cas dans les jeux ouverts avec un mécanisme du genre) et les animaux réagissent d’une façon crédible dans le monde ouvert (contrairement à la série Far Cry, par exemple). Il faut aussi dire que les paysages sont d’une beauté à couper le souffle (du moins sur la Xbox One X).

Ce ne sont que de petites choses, mais elles contribuent toutes à donner l’impression que Red Dead Redemption 2 est un monde vivant et à nous faire souvent oublier qu’il s’agit d’un jeu vidéo. Notons d’ailleurs que le mode solo de Red Dead Redemption 2 est prometteur pour le mode en ligne, qui sera lancé en version bêta le mois prochain et dont on ignore encore tous les détails.

Missions et mécaniques de jeux

Red Dead Redemption 2 est composé de plusieurs dizaines de missions principales. Celles-ci sont variées, un peu comme Rockstar nous avait habitués avec Grand Theft Auto V. Elles vont d’un braquage complexe pour amasser de l’argent à une soirée avec un confrère au saloon du coin pour lui changer les idées (l’une de scènes les plus mémorables du jeu, d’ailleurs), en passant par l’accomplissement de tâches mondaines.

Il y a bien sûr aussi des missions secondaires, comme des tâches à accomplir pour les autres membres du camp, des étrangers à aider sur notre passage ou des trains à braquer à notre guise.

Plusieurs des mécaniques du jeu précédent sont de retour, comme la fonction «Dead Eye» pour ralentir le temps. On peut aussi se déplacer en train ou en diligence, avoir une prime sur notre tête qui attire les chasseurs de primes et plus.

On a accès à une cinquantaine d’armes dans le jeu, qui sont toutes assez mauvaises. Tirer avec un fusil en 1899 était une corvée, et cela se sent. Ce n’est d’ailleurs pas le seul élément de jeu qui est réaliste par rapport à son époque: il est aussi beaucoup plus facile de s’y sauver de la loi que dans Grand Theft Auto V, par exemple, où des dizaines de voitures de police et des hélicoptères peuvent être à nos trousses en quelques minutes.

Quelques bémols

Même si Red Dead Redemption 2 est dans l’ensemble un jeu des plus réussis, quelques bémols méritent tout de même d’être mentionnés.

Il y a tout d’abord beaucoup de longueurs. Oui, le jeu est contemplatif, et l’excellente musique mérite qu’on l’écoute pendant nos déplacements, mais il y a beaucoup trop de moments où il faut faire du cheval pendant de longues minutes avant d’arriver à sa mission ou de revenir au camp.

Les trains et diligences agissent comme une sorte de voyage rapide, mais ceux-ci sont mal placés, et je ne les ai utilisés qu’à quelques reprises dans le jeu.

Autre point négatif, le réalisme des tirs est parfois risible (ce qui est étonnant considérant tous les efforts déployés pour rendre le jeu le plus crédible possible). Attendez-vous à recevoir à l’occasion une dizaine de balles d’un ennemi placé à deux mètres de vous avant de tomber au combat.

Plus important maintenant, il faut patienter vraiment longtemps avant qu’un certain lien émotif se fasse entre le joueur et les personnages. Et même là, je ne peux pas dire que le jeu m’ait laissé une impression aussi forte que The Last of Us, par exemple. Un lien est bien présent à la fin du jeu, cela dit.

Les défauts du jeu sont, on le comprend, mineurs. Même si je termine cette critique à 5h30 du matin, j’ai tellement aimé le jeu que j’ai presque envie de ressortir à l’instant ma vieille copie du premier Red Dead Redemption et d’y jouer de nouveau, afin de retrouver la bande de Dutch van der Linde, mais cette fois en sachant tout ce que je sais sur l’histoire et la psychologie de ces personnages. Peut-être demain. En attendant, c’est le temps d’aller se coucher.

Red Dead Redemption 2 sera lancé sur Xbox One et PS4 vendredi le 26 octobre pour 79,99$.

Note: 97/100

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