Quatre choses à savoir sur la méditation pleine conscience à l’école
La méditation pleine conscience est de plus en plus souvent enseignée à l’école. Quels sont les impacts positifs de cette pratique? Peut-elle aider élèves et étudiants? Qu’en dit la science?
1. Pas au programme officiel
À l’heure actuelle, il n’y a pas de cours de méditation intégré au programme québécois d’enseignement primaire et secondaire. Toutefois, de nombreux professeurs ont introduit des pratiques de méditation en classe. Plusieurs s’inspirent du programme MindUp, développé par l’actrice américaine Goldie Hawn en collaboration avec des neuroscientifiques et des psychologues. Ce programme anglophone serait utilisé par plus de 1000 enseignants dans la région de Vancouver, ainsi que dans de nombreuses écoles aux États-Unis, en Angleterre et d’autres pays.
Au Québec, le manuel pédagogique Mission Méditation développé par la psychologue Catherine Malboeuf-Hurtubise et le chercheur Éric Lacourse est populaire auprès des enseignants. Ces deux programmes sont issus du courant de méditation dite «de pleine conscience» (mindfulness), axée sur «l’instant présent». «Les enfants ne sont pas assis en lotus, il n’y a pas d’encens, pas de chants», explique Catherine Malboeuf-Hurtubise, qui est aussi chercheuse au Groupe de recherche et d’Intervention sur la présence attentive (GRIPA) de l’UQAM.
2. Micropauses
Comme d’autres spécialistes dans son domaine de recherche, Catherine Malboeuf-Hurtubise préfère utiliser le terme «présence attentive», qui décrit mieux ce qui est fait en classe avec les enfants. «La présence attentive est un état dans lequel on porte attention à son expérience du moment, intentionnellement et sans y porter de jugement de valeur. Donc, il n’y a pas seulement des séances de méditation, mais aussi des ateliers pour aider les enfants à développer cette présence attentive à tout moment, même en marchant, en parlant ou en mangeant.»
Comme exercice, on distribue par exemple des canneberges fraîches et on demande aux enfants de toucher, de sentir, de regarder et de goûter à ce petit fruit acidulé, qu’ils sont peu nombreux à connaître. «Cet exercice leur permet de prendre contact avec leurs cinq sens, d’établir un lien entre leur corps, leur esprit et leurs émotions», explique la chercheuse. À force de faire ce type d’exercices, les jeunes s’habituent à prendre des micropauses dans les moments de stress, d’émotivité, d’impulsivité ou de malaise, explique Mme Malboeuf-Hurtubise. «Ils en ressortent plus calmes et plusieurs utilisent ces techniques à la maison.»
3. Études encore embryonnaires
À l’heure actuelle, des méta-analyses ont démontré que la présence attentive et la méditation sont des méthodes prometteuses pour réduire le stress et l’anxiété chez les jeunes, augmenter leur bien-être et les aider à avoir une meilleure gestion de leurs émotions. «Mais pour ce qui est de la dépression, de la santé mentale, on ne sait pas encore», explique la Catherine Malboeuf-Hurtubise, dont les recherches visent à déterminer si l’enseignement de la «présence attentive» peut aider les élèves à surmonter ces difficultés.
Il faudra aussi vérifier si le nombre de séances hebdomadaires a une incidence sur les bienfaits, poursuit-elle. «Des recherches, comme celles menées par Nancy Heath à l’Université McGill, indiquent qu’une seule pratique hebdomadaire de la méditation pourrait être suffisante à l’école.» Surtout, il faudra déterminer si la présence attentive peut aider tous les jeunes ou si elle peut nuire à d’autres, insiste la scientifique. «La présence attentive n’est pas une méthode universelle. Chez certains jeunes et dans certains contextes, la méditation pourrait même augmenter l’anxiété ou la détresse psychologique.» La scientifique continue donc ses recherches dans des classes ordinaires ainsi qu’avec des élèves qui ont des difficultés d’apprentissage.
4. À l’écoute
Même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour en valider scientifiquement les bienfaits, les professeurs qui pratiquent déjà la présence attentive en classe peuvent continuer à le faire. À condition d’être à l’écoute de ceux qui y répondent moins bien ou qui n’aiment pas ces exercices, insiste Mme Leboeuf-Hurtubise.