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Plus agressifs et démotivés, les élèves québécois souffrent de la pandémie

Une élève démotivée sur sa chaise à l'école
Les professeurs du Québec disent que l'engagement actif des élèves leur a paru plus passif au retour du confinement. Photo: 123RF

Détresse des enseignants, ostracisation d’élèves atteints de la COVID-19, agressivité, baisse de la motivation: le bilan de la rentrée scolaire en pleine pandémie au Québec est très préoccupant.

«On a observé beaucoup de détresse chez les professeurs qui enseignent à distance», explique à Métro Jasmin Roy, président de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais. Peu se sentent habilités à le faire. De plus, ils constatent des difficultés de concentration chez les jeunes et des comportements inadéquats.» 

Il s’agit de l’un des nombreux constats inquiétants présentés mardi dans un colloque de sa Fondation. Au total, les résultats préliminaires de six recherches québécoises ont été présentés. 

On le sait: la rentrée 2020-2021 s’est déroulée dans un contexte inédit. Des classes, voire des écoles, ont été fermées. On a donné des cours à des jeunes du secondaire un jour sur deux par visioconférence. 

Et les conséquences négatives sont nombreuses. 

Plus heureux en présentiel

Non seulement professeurs et élèves se disent plus heureux dans les écoles qu’à distance, mais les élèves du Québec qui se trouvaient en difficulté hier le sont encore plus en temps de pandémie. 

Selon Anne Lessard, enseignante aux Études en adaptation scolaire et sociale à l’Université de Sherbrooke, les élèves sont même si heureux à l’école qu’ils s’assurent de bien respecter les consignes de lutte contre la pandémie pour y passer plus de temps.

«Les professeurs disent que l’engagement actif des élèves leur a paru plus passif au retour du confinement, constate pour sa part Jasmin Roy. Est-ce que l’absence d’évaluation pourrait expliquer ce désengagement? La question se pose.» 

Des problématiques propres à la pandémie

La pandémie a engendré des phénomènes nouveaux, constatent les chercheurs. 

Ainsi, certains élèves qui se trouvaient en situation d’échec ont été promus pour respecter les bulles-classes. Ils se retrouvent maintenant avec un écart encore plus grand par rapport à leurs camarades. 

Ajoutons que plusieurs parents ont déploré ne pas avoir eu de suivis en orthopédagogie, ni de soutien pendant le confinement et à la rentrée. 

Autre nouveauté: de nombreux enfants sont mis à l’écart pour avoir eu la COVID-19. Ou parce qu’un membre de leur famille l’a eue. 

Finalement, sur le terrain, on constate davantage de comportements agressifs (surtout chez les garçons) et de démotivation. Pour Anne Lessard, cette agressivité s’explique par le fait que les élèves du Québec confinés dans leur classe à cause de la pandémie ne peuvent pas évacuer leur énergie. 

«De plus, l’usage accru des appareils mobiles et le temps passé sur les réseaux sociaux lors du confinement ont contribué à développer un nouveau phénomène: celui des disputes qui débutent sur les réseaux pour se poursuivre en classe», ajoute-t-elle. 

Enfin, du côté des enseignants: on a dû changer les façons de communiquer. Les profs se sont mis aux textos, aux visites sans contact à domicile, aux courriels et autres appels vocaux. 

Une nouvelle réalité qui a affecté et leur temps de travail et leur vie privée. 

Le gouvernement doit agir de toute urgence

Selon Jasmin Roy, Québec va devoir rapidement définir les priorités éducatives dans le contexte actuel, ainsi que les matières qu’il est impossible «d’échapper», dit-il. 

«C’est quoi la réussite scolaire en contexte de pandémie? Ça, c’est LA grande question de cette rentrée! Le gouvernement va devoir être plus clair et plus directif sur ce point.» -Jasmin Roy 

De plus, M. Roy estime qu’il faut réévaluer les élèves à risque. Selon lui, la liste dressée avant la pandémie ne correspond plus aux besoins d’aujourd’hui.  

«Des prises de mesures doivent être faites dans chaque école, dit-il, idéalement au retour des Fêtes. On a peut-être des parents qui rencontrent en ce moment des problématiques avec des enfants qui n’ont pas été évalués adéquatement par un professionnel. Il y a un manque à ce niveau-là.» 

Pour Julie Beaulieu, présidente du Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (CQJDC) qui a activement collaboré au colloque, il est également nécessaire d’appuyer concrètement le personnel enseignant, les intervenants et les parents. 

«Cette période particulière et inhabituelle qui perdure depuis plusieurs mois nécessite que nous nous attardions aux problématiques qui s’avèrent désormais de véritables enjeux majeurs de notre société.» -Julie Beaulieu, présidente du CQJDC

Tous s’accordent pour dire une chose: il faut garder les écoles ouvertes. 

Et ce, quitte à suivre, si la pandémie empirait, les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en ouvrant les écoles des demi-journées en alternance à des groupes réduits de moitié.


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