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Essai de Death Stranding: un univers fascinant

iPad pavé tactile

Jeu vidéo. Le très attendu Death Stranding du réalisateur Hideo Kojima n’est peut-être pas pour tous les goûts, mais il s’agit tout de même d’une œuvre unique et fascinante.

Il est difficile de résumer Death Stranding en quelques lignes. Dans un monde post-apocalyptique à mi-chemin entre le fantastique (esprits qui reviennent nous hanter, pluie qui fait avancer le temps) et la science-fiction (impression 3D d’objets sophistiqués, hologrammes, etc.), Sam Porter Bridges doit unifier ce qu’il reste des États-Unis en livrant des colis à grandeur du pays. Une prémisse étrange, que ce jeu en monde ouvert explique progressivement pendant la quarantaine d’heures que dure l’aventure.

Une histoire originale, mais lourde

L’histoire, racontée à l’aide d’indices cachés et de plusieurs heures de séquences cinématiques, connait ses hauts et ses bas. Ceux qui accrocheront à cet univers fantaisiste et mystérieux en redemanderont. Pour d’autres, et c’est mon cas, le jeu se perd toutefois trop souvent dans des élucubrations obscures. Le message sur l’importance des connexions humaines que voulait faire passer Hideo Kojima, le réalisateur acclamé derrière la série Metal Gear Solid, se perd d’ailleurs un peu dans cette lourdeur.

Aurais-je plus facilement accepté les dialogues complaisants si le sujet avait été un peu plus dans mes cordes? S’il s’était concentré sur l’aspect science-fiction de l’histoire, par exemple? C’est possible. C’est aussi possible que je juge le scénario un peu plus sévèrement considérant le fait que Kojima lui donne amplement d’espace et que les acteurs sont de qualité. En fait, l’histoire de Death Stranding est de loin supérieure à la grande majorité des jeux de grande envergure du genre, et cela fait du bien qu’un titre AAA s’offre le luxe de ne pas prendre les joueurs pour des idiots. Mais cela ne veut pas dire qu’elle arrive à la cheville de son potentiel pour autant. C’est dommage.

J’ai aussi été embêté par certains placements de produits. Les lunettes créées spécifiquement pour le jeu par la marque française J.F.Rey passent toujours (Kojima est un amateur, et on peut imaginer qu’il reste des lunettes fumées dans un futur post-apocalyptique), mais les boissons énergétiques Monster détonnent et tuent l’immersion dès qu’elles sont à l’écran, ce qui survient beaucoup trop souvent.

Sam Porter Bridges, livreur du futur

Death Stranding est aussi bien sûr un jeu en bonne et due forme, dont la principale mécanique consiste à transporter des colis d’une ville à l’autre dans ces États-Unis à reconstruire. À chaque livraison, ou presque, Sam parvient à convaincre une ville ou un personnage de rejoindre le nouveau gouvernement et de se connecter à une sorte de réseau Internet mystique et surpuissant. On peut aussi accepter des quêtes secondaires, comme dans tous les mondes ouverts, mais à chaque fois, la tâche est la même : apporter un objet à un endroit précis.

Le principal défi est de choisir son équipement avec soin, pour faciliter sa tâche sans trop s’encombrer. Une échelle simplifie une ascension en montagne, alors qu’une imprimante 3D peut créer un pont si on doit traverser une rivière, par exemple. Plus on emporte d’équipement, plus le personnage est difficile à contrôler dans cet univers rocheux. C’est plus amusant que cela en a l’air, mais il est certain que Death Stranding aurait bénéficié d’un peu plus de variété.

Un monde à bâtir

Différentes mécaniques du jeu le rendent pratiquement vivant. On peut par exemple construire des infrastructures avec d’autres joueurs, comme une route, ce qui donne un volet communautaire apprécié à Death Stranding. On ne voit pas les autres joueurs, mais nos constructions existent dans leur monde, et vice-versa. Il est possible de les utiliser, de les réparer et de les améliorer. On peut également leur donner une mention « j’aime », qui les aide à faire progresser leur personnage.

Ces constructions communes se démarquent aussi plus tard dans le jeu, lorsque l’on peut créer des tyroliennes pour accélérer les déplacements dans les montagnes. Celles-ci sont difficiles à monter, et l’investissement ne vaut objectivement pas la chandelle, puisqu’on ne repasse pas assez aux mêmes endroits. En construisant une partie de tyrolienne, d’autres joueurs peuvent toutefois la compléter, et vous aiderez les autres. Voir que notre construction a été aimée 10 000 fois dans la dernière journée est carrément grisant.

On se bat aussi dans le jeu, mais très peu. On affronte notamment des humains assez bêtes, ou encore des BTs, des êtres de l’au-delà plutôt effrayants qui représentent un défi plus intéressant. La place limitée des combats dans le jeu est un agréable changement pour un monde ouvert.

Un jeu avec lequel on ne fait qu’un

Dans l’ensemble, Death Stranding se démarque surtout par l’ambiance qu’il parvient à créer. La musique du groupe islandais Low Roar aurait d’ailleurs difficilement pu mieux être choisie pour nous accompagner dans ces paysages époustouflants. Cette ambiance nous fait même oublier le rythme plutôt lent du jeu.

On ne peut pas non plus passer sous silence BB, une sorte de fœtus que l’on transporte et qui nous alerte de la présence des BTs. Quand on tombe, notre manette se met à pleurer et on doit la bercer tranquillement pour calmer cet être. On a pratiquement l’impression de ne faire qu’un avec le logiciel. Peu de jeux peuvent en dire autant.

Death Stranding paraît vendredi en exclusivité sur PS4.

Note : 91/100

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