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Gaëtan Hart, un homme de coeur

Gaëtan Hart Photo: L'Hebdo de la Rive-Nord

La semaine précédant un important combat de boxe au Québec est toujours un cirque médiatique captivant. Particulièrement quand les deux pugilistes sont Québécois. Comme à la belle époque des propositions limites foraines de Régis Lévesque, Jean Pascal et Lucian Bute meublent les manchettes depuis lundi et la collision, prévue pour samedi un peu avant le coup de minuit, fait sortir l’amour du noble art qui sommeille en nous.

Futés, Les Francs-Tireurs ont coordonné leur rencontre avec le vétéran du ring Gaëtan Hart, diffusée mercredi soir, et ça n’en prenait pas plus pour retomber en amour avec le pugiliste au steak bien saignant.*

Empruntant au passage quelques astuces de montage au film The Wrestler, de Darren Aronofsky, l’émission phare de Télé-Québec nous présente une entrevue touchante avec l’homme éloigné de force du ring en raison de l’âge et, surtout, en raison de l’usure d’une vie hors de l’ordinaire.

Il s’agit là d’un touchant retour sur le parcours d’un homme exemplaire qui a inspiré les générations futures de boxeurs au Québec. Hart, c’était la gloire avant qu’elle ne soit à la mode. La gloire avec des ecchymoses sur les jointures et du cœur au ventre à revendre. Mais surtout, une gloire sans le compte en banque pour s’abreuver de celle-ci un coup la dernière cloche entendue.

Le témoignage de l’ex-champion canadien est un retour à la source transportant toute la puissance des narrations sportives avec lui. Drame humain au-delà du drame sportif, on parle ici d’une histoire qui mérite une oreille attentive. Ses collisions contre Ralph Racine et Cleveland Denny l’auront stigmatisé de par la lourdeur de l’ombre qu’elles ont projetée sur sa carrière. Pour les presses étrangères, le boxeur au cœur d’or de Buckingham était devenu le tueur de Buckingham. Une distorsion inconcevable de la réalité du pugiliste qui ne s’est probablement jamais remis de ces coups au cœur beaucoup plus dévastateurs que les milliers de coups à la mâchoire encaissés au fil des ans.

Un homme que l’arène a façonné. Un homme que l’arène a ravagé. Un homme indissociable de l’arène, même à l’âge vénérable de 60 ans.

Un guerrier à bout de souffle, le visage criblé de rides, délie ses gants attendris par le sac de sable tout en souriant généreusement. Il se sent vivant comme jamais auparavant. Une beauté primitive, inspirante. La vie dans son plus simple appareil.

Ce guerrier, c’est Gaëtan Hart à cœur ouvert devant un Richard Martineau attentif, respectueux, probablement impressionné par l’homme à la carrure frêle, trop frêle pour la légende qui la précède.

Une belle façon de se mettre en appétit avant la rencontre inévitable de samedi au Centre Bell entre Pascal et Bute.

Vous pouvez visionner la rencontre en cliquant ici

* Voir Le Steak de Pierre Falardeau (1992)

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