Liberate us from the liberals

Non, Loco Locass n’a pas enregistré une version de son classique dans la langue d’Arcade Fire. C’est l’appel plutôt qui doit être lancé à nos amis anglos si le paysage politique québécois doit se renouveler, puisque ce sont eux qui détiennent la clé du changement.

L’électorat francophone est maintenant divisé entre cinq partis, le Parti libéral récoltant environ le quart des intentions de vote. En comparaison, l’appui des anglophones et des allophones aux libéraux se maintient autour de 60 % contre vents et marées, comme si les autres partis n’existaient pas (AJOUT: selon les sondages, ça va jusqu’à 80 %). Comment le PLQ peut-il être en même temps si peu intéressant auprès d’une partie de l’électorat, et si formidable aux yeux du reste?

Dans certaines circonscriptions, la fidélité des élec­teurs libéraux est presque caricaturale. En 2008, les 20 circonscriptions ayant enregistré plus fortes victoires étaient toutes libérales, certaines présentant des pointages qui feraient rougir – c’est le cas de le dire – d’envie bien des dictateurs.

Jacques Chagnon : 75,17 % dans Westmount–Saint-Louis; Pierre Arcand : 76,32 % dans Mont-Royal; Geoffrey Kelly : 80,85 % dans Jacques-Cartier; Pierre Marsan : 81,07 % dans Robert-Baldwin. Même des députés peu connus ont obtenu des scores épa­tants : Tony Tomassi – devenu célèbre depuis pour de mauvaises raisons – a eu 69,76 % des voix dans LaFontaine, et Filomena Rotiroti (qui?), 73,05 % dans Jeanne-Mance-Viger.

Mon préféré demeure le député de d’Arcy McGee, Laurence S. Bergman, qui a obtenu 88,75 % des suffrages exprimés. De là à dire qu’une borne-fontaine pourrait être élue si elle se présentait sous la bonne bannière, il n’y a qu’un pas, rapidement franchi.

Les conséquences sur la politique québécoise sont pourtant sérieuses. Pendant que les francophones se tiraillent entre le PLQ, le PQ et la CAQ, et que Québec solidaire et Option nationale viennent grappiller des voix à l’un et à l’autre, le vote automatique de plusieurs non-francophones en faveur du Parti libéral lui offre un fort avantage pour former un gouvernement – majoritaire ou non – pour le futur prévisible. Disons seulement que c’est le genre de chose qui peut contribuer à l’usure du pouvoir…

Même si le PQ ou la CAQ devait l’emporter, cette auto-exclusion des anglophones et des allophones n’est pas saine. Le PLQ sait qu’il peut tenir une partie de l’électorat pour acquis. À l’inverse, les autres partis n’attendent rien des non-francophones et formeront des gouvernements dans lesquels ces derniers seront peu représentés.

Il y a pourtant des solutions de rechange au PLQ. La CAQ a proposé de rassembler fédéralistes et souverainistes en échange d’une trêve constitutionnelle. Option nationale est résolument indépendantiste, mais Québec solidaire présente une alternative plus modérée pour les anglos et les «allos» qui ont la tête et le cœur à gauche. Même le PQ a biffé de son programme l’échéancier référendaire.

Pendant plusieurs années, sur la scène fédérale, bien des Québécois ont misé sur le Bloc. Récemment, ils ont pris une chance avec le NPD, ce qui a eu pour effet de changer complètement le paysage politique canadien. Les conservateurs ont eu leur majorité, mais le prochain gouvernement pourrait être orange.

Le Québec est peut-être mûr pour une telle transformation. Mais il faudra que tous ses citoyens la demandent.

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