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Pointe-Saint-Charles, le chantier des possibles

Eve Lamont Photo: Photo: Gracieuseté-Jacques Nadeau

Pendant près de dix ans, la cinéaste Ève Lamont a suivi à la trace des résidents de Pointe-Saint-Charles qui, dans son documentaire Le chantier des possibles, nous donnent une leçon de ténacité et de solidarité avec la réalisation d’un projet résidentiel pour aînés et d’un centre social.

Le film présenté depuis mardi à la Cinémathèque québécoise raconte l’évolution de deux projets. Il y a la construction de la Cité des bâtisseurs, une résidence à but non lucratif qui accueille aujourd’hui des aînés du quartier.

On fait aussi la connaissance de citoyens qui militent pour sauver de la démolition un ancien atelier du CN, le bâtiment 7. Ils travaillent encore présentement pour que ce lieu puisse regrouper un jour des activités culturelles, des ateliers de création et de diffusion artistique ainsi que des espaces d’agriculture urbaine.

La réalisatrice a commencé son travail de recherche en 2006 et le tournage en 2007. Les scènes les plus récentes ont été enregistrées en juin dernier. «J’ai pris mon temps. Ça m’a permis de savourer Pointe-Saint-Charles», lance en riant celle qui nous a donné l’an dernier le film Le commerce du sexe.

Un coup de coeur
«J’ai découvert Pointe-Saint-Charles il y a 25 ans», relate Ève Lamont, qui a scénarisé le film et assuré la direction de la photographie.

Elle a mis les pieds pour la première fois dans le quartier alors qu’elle posait bénévolement des affiches pour un candidat à l’élection municipale.

«J’ai eu un coup de cœur. Ce qui m’a impressionnée, c’est l’engagement des citoyens, confie-t-elle. Il y a une ferveur que l’on ne voit pas partout.»

Dans son film, elle nous rappelle que cette ferveur ne date pas d’hier. La cinéaste nous remet notamment en mémoire que la clinique communautaire et les services juridiques ont vu le jour dans Pointe-Saint-Charles dans les années 1960 à l’initiative de citoyens. Ils ont servi de modèle à la création des CLSC et des bureaux d’aide juridique au Québec.

Gentrification
La documentariste a repris contact il y a dix ans avec un Pointe-Saint-Charles en proie à un boom immobilier sans précédent avec la construction de condos le long du canal de Lachine.
«J’ai vu le quartier à la croisée des chemin avec le phénomène de gentrification», explique Ève Lamont.

L’Opération populaire d’aménagement (OPA), lancée par des citoyens en 2004, a été l’étincelle pour son documentaire. «C’est la première chose qui m’a allumée», indique-t-elle. Avec cette OPA, des résidents ont décidé de s’approprier des enjeux d’aménagement du quartier afin qu’ils répondent aux besoins de sa population.

Ève Lamont évoque «la magie des rencontres» qu’elle a faites tout au long du tournage. «J’ai suivi des gens qui ont beaucoup d’empathie envers leurs concitoyens, qui travaillent pour le bien commun, souligne-t-elle. Des gens des classes populaires qui favorisent le développement urbain.»

Elle a fait la connaissance de dizaines de citoyens encouragés à devenir des acteurs du développement.

«Ce sont les gens ordinaires qui font l’histoire, qui réussissent à amener du progrès social, constate Ève Lamont. C’est grâce à la persévérance qu’ils obtiennent des choses.»

Le documentaire de 79 minutes est présenté à la Cinémathèque québécoise située au 335, de Maisonneuve Est. Ève Lamont sera présente après certaines projections pour répondre aux questions du public. Elle sera parfois accompagnée d’un membre du collectif 7 à Nous. Une fois par semaine, le film sera diffusé dans sa version anglaise.

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