Un projet pilote de ruelle bleue-verte dans Hochelaga-Maisonneuve
Pour délester des égouts les eaux pluviales, le projet «Ruelles bleues-vertes» développe deux dispositifs pilotes à Montréal, dont un dans Hochelaga-Maisonneuve. L’objectif est d’alimenter les plantations des ruelles vertes en déconnectant les drains des toits.
Le lancement officiel de ce projet aura lieu vendredi 8 décembre, mais les ruelles participantes ont déjà été identifiées et les comités de citoyens sont en train de se former.
Cette initiative unit une dizaine de partenaires dont le Centre d’écologie urbaine de Montréal, Vinci Consultants et plusieurs organismes locaux dans les quartiers de Hochelaga-Maisonneuve et du Sud-Ouest où les projets pilotes vont être testés. Dans Hochelaga-Maisonneuve, la ruelle choisie se trouve à proximité du lien vert entre les rues Viau et Saint-Clément.
Outre l’intérêt évident pour la végétalisation, ce système d’innovation sociale en gestion des eaux pluviales permet aussi de diminuer la pression sur les infrastructures municipales et de limiter les déversements dans les cours d’eau.
«C’est une réponse aux changements climatiques, mais aussi aux directives et règlements des différents paliers de gouvernement et aux demandes des citoyens d’embellir et de se réapproprier ces espaces», fait valoir Pascale Rouillé, urbaniste chez Vinci Consultants et l’une des initiatrices du projet «Ruelles bleues-vertes».
Un long processus
L’idée des ruelles bleues-vertes est née en 2008 lors d’une étude sur l’impact de la déconnexion des drains des toits plats pour recycler les eaux usées. Afin de lier cette expérience à l’essor du verdissement des ruelles, elle a été relancée en 2011, mais il aura fallu cinq ans pour trouver les sites permettant de lancer ces dispositifs pilotes.
«Le projet intéressait beaucoup de monde, mais personne ne voulait se saisir du dossier, car il est multidisciplinaire, ce qui le rend complexe. Il y a besoin d’architectes, d’ingénieurs et d’un appui citoyen», explique Pascale Rouillé.
Dans Hochelaga-Maisonneuve, 200 citoyens riverains issus de différents types de logements vont participer à cette expérience. Les responsables du projet espèrent faire les études de faisabilité durant cet hiver ou au printemps 2018, pour établir ensuite les plans et devis et lancer les travaux d’ici deux ans.
«On souhaite développer des indicateurs sociaux, économiques et environnementaux. Il y a beaucoup de projets pilotes de gestion de l’eau qu’on n’arrive pas à reproduire, car on manque d’indicateurs, regrette Mme Rouillé. Ils se multiplient, mais ne se généralisent pas. Nous ce qu’on souhaite, c’est de pouvoir reproduire ce projet pour obtenir plus de résultats.»
Ce système est d’autant plus novateur qu’il doit permettre d’alimenter à la fois les plantations privées que celles du domaine public. Par ailleurs, la réflexion sera poussée jusqu’à l’étude de l’impact que pourrait avoir le projet sur l’embourgeoisement en raison de la plus-value du parc immobilier environnant.
«Il y a une dimension sociale, le projet vise à maintenir les familles», ajoute Pascale Rouillé.
Le projet a été présenté à l’occasion du colloque « La viabilité économique de nos collectivités par l’aménagement durable du territoire » organisé à la Banq jeudi 30 novembre.