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Créativité et éducation

Photo: Getty

L’économie du 21e siècle est basée sur l’innovation et la créativité. Les universités peuvent-elles nous enseigner à être créatifs?

Pour justifier l’augmentation de leur financement, les universités nous rappellent que nous vivons maintenant dans une économie de l’innovation. La richesse collective dépend de plus en plus de notre capacité à créer de nouveaux produits et à les lancer avant nos compétiteurs. Nous avons donc besoin qu’une plus grande partie de notre main-d’œuvre possède un diplôme universitaire, car ce sont ces diplômés qui font preuve de créativité et propagent les nouvelles idées dans les entreprises. Cet argument est-il juste?

Il n’y a pas de doute que l’innovation est devenue un moteur important de notre croissance économique. Pour s’en convaincre, il suffit de se remémorer la croissance fulgurante de l’informatique au cours des dernières décennies. Au Québec, presque personne ne travaillait en informatique dans les années 1980. En un peu plus de 30 ans, on est donc passé de presque rien à une industrie générant plus de 12 G$ de revenus et comptant presque 200 000 travailleurs. Et elle continue de croître, d’innover et de générer de l’emploi.

Il est possible que les nanotechnologies et la génétique, elles aussi, permettent bientôt la création d’industries tout à fait nouvelles. Celles-ci généreront alors de milliers d’emplois dont personne n’a entendu parler aujourd’hui, de la même façon qu’en 1980, on n’aurait pu concevoir ce que pouvait bien faire un concepteur de base de données.

Pour se renouveler, nos économies dépendent donc de l’innovation et de la créativité mais, malheureusement, nous ne savons pas comment les produire, nous ne savons que les reconnaître.

Wikipédia définit la créativité comme la capacité d’un individu à imaginer et à mettre en œuvre un concept neuf, un objet nouveau, ou à découvrir une solution originale à un problème. Cette définition me permet de reconnaître une personne qui fait preuve de créativité mais, malheureusement, ne m’aide en rien à devenir plus créatif ou à enseigner la créativité à quelqu’un autre.

Non seulement nous ne savons pas enseigner la créativité, mais il est possible que nos systèmes d’éducation, en mettant trop l’accent sur l’apprentissage des réponses justes, nuisent à son développement. C’est notamment le point de vue de Sir Ken Robinson.

Selon cet éminent chercheur en éducation, à force de reproduire constamment la bonne réponse, nous perdons cette habileté de l’enfant à trouver une réponse originale. C’est pour cela que plusieurs des grands innovateurs de l’histoire, Einstein par exemple, ont parfois été décrits comme des rebelles. Pour innover, le créateur ne peut faire autrement que de remettre en question les bonnes réponses toutes faites, comme Einstein, qui s’est «révolté» contre la physique de son temps.

Les universités, pas plus que les autres ordres d’enseignement, ne savent donc pas enseigner la créativité. Elles fournissent néanmoins le bassin de connaissances dans lequel l’innovation peut plus aisément survenir. Cela ne leur en donne pas l’exclusivité cependant!

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