Naviguer vert sur les mers
Pas écolo, les croisières? Voici ce que trois croisiéristes, à l’échelle nationale et internationale, ont décidé de faire pour prouver le contraire.
Ponant (Nicolas Bilek, directeur commercial)
Quel genre de voyage proposez-vous?
Certaines de nos croisières sont des expéditions. Le tarif de base inclut toutes les excursions et toutes les conférences par des scientifiques, des glaciologues, des ornithologues, des spécialistes de la faune marine. Ils viennent agrémenter le voyage et apporter un supplément d’informations. On a des sorties en zodiaque, vous foulez le sol de l’Antarctique. Vous découvrez un monde qui est très éloigné de celui que l’on connaît. Ce sont des voyages qui nous emmènent aux confins du monde. Lorsque les passagers quittent le navire, ils réalisent que c’est important, que ce n’est pas un voyage comme les autres et qu’on est tous acteurs de tout ça.
Quelles sont vos préoccupations environnementales?
La mer, c’est notre outil de travail. Il faut y faire attention. On a des engagements. Même dans la construction des navires, on réfléchit à protéger l’environnement et à avoir le moins d’impact possible. Le fait d’emmener les passagers dans des endroits éloignés et qui ne sont pas touchés par notre mode de vie, de leur faire connaître la nature et les gens qui habitent-là, finalement, nous permet de mieux protéger ce qu’on connaît. Sinon, ça semble loin. En y allant, on se dit: «Tiens, mon environnement, même si c’est très loin de l’Antarctique, ça a un impact sur cet environnement-là.» Il y a une certaine éducation, et c’est le but de ces voyages.
Hurtigruten (Eric Bacon, directeur du développement commercial)
Quelles actions posez-vous concrètement pour l’environnement?
L’année dernière, on a commencé à installer dans nos ports en Norvège des sortes de «plogue» pour que les navires qui arrivent au port puissent se brancher au lieu de faire marcher leurs moteurs. On va l’avoir dans nos 34 ports d’ici 2021. Aussi, depuis le 2 juillet 2018, on a banni le plastique à usage unique sur tous nos bateaux. En mai 2019, on va recevoir notre nouveau bateau hybride. Quand on va naviguer, on va accumuler de l’énergie électrique. À certains endroits, on va pouvoir arrêter les moteurs et voguer en silence grâce cette énergie amassée dans des batteries. Au début, ce ne sera que pour 20 ou 30 minutes, mais on va pouvoir augmenter cette autonomie rapidement. On va en recevoir un deuxième bateau en 2020 et un troisième en 2021.
Quelles sont vos préoccupations environnementales?
La propreté de l’eau et des berges mais, surtout, la nature et les animaux sont essentiels. C’est la raison pour laquelle on emmène les gens dans ces régions-là. On les emmène voir les phoques, les baleines, les ours polaires, les oiseaux, qui sont les premières victimes des changements climatiques.
Quel est l’impact des changements climatiques sur votre compagnie?
Il y a des trajets qu’on ne pouvait pas faire avant qui sont maintenant possibles en raison de la fonte des glaces.
Croisières AML (Laurence Tôth, conseillère en communication)
Vous faites partie de l’Alliance Éco-Baleine. Qu’est-ce que ça implique?
On a cofondé ça en 2011. C’est un organisme qui s’engage à adopter des pratiques écoresponsables. Cela va plus loin que la simple adaptation de notre matériel, on fait aussi de la sensibilisation. On a créé, en même temps que l’alliance, le Fonds Éco-Baleine. Ce fonds-là finance des activités de recherche et d’éducation ainsi que des projets.
Quelles actions posez-vous concrètement pour l’environnement?
Notre gros coup, qu’on a élaboré ici, au Québec, c’est une nouvelle génération de zodiaque. Généralement, un zodiaque compte de 20 à 30 places, mais nous, on a créé des zodiaques de 60 places. On a moins de bateaux, mais plus de passagers, tout en ne réduisant pas la qualité de nos excursions. La production de gaz à effet de serre par passager est réduite. On a diminué de 50 % nos excursions dans le fleuve. En 2007, on en avait 13 000 et en 2017, 6 600. C’est notre coup de circuit.
Quelles sont vos préoccupations à l’égard du fleuve Saint-Laurent?
Notre but est de déranger le moins possible les habitats naturels. On veut sensibiliser la population à la conservation. C’est ça que nos guides naturalistes font lorsqu’ils sont en mer. Les gens sont à même de voir que les bélugas sont une espèce menacée.