Outremont «réduira la qualité de vie» en rendant ses stationnements payants, juge l’opposition
L’opposition officielle somme l’arrondissement d’Outremont de retirer sa proposition de rendre, dès la fin octobre, l’ensemble de ses cases de stationnement sur rue payantes, déplorant entre autres que le projet «réduira la qualité de vie» des résidants, des commerçants et des visiteurs en «taxant l’hospitalité» dans le secteur.
«Les Outremontois sont en train de goûter, à leur tour, à la plateaurisation de Montréal qui est faite par l’administration Plante. Luc Ferrandez a peut-être quitté la scène politique, mais son âme est toujours bien présente dans ce parti», martèle le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, en entrevue à Métro. Il fait ainsi référence au fait que l’ancien maire du Plateau avait demandé qu’une taxe soit imposée à 100% sur les espaces de stationnement, dans sa lettre de départ.
Celui qui est aussi conseiller du district de Darlington s’en prend au manque d’acceptabilité sociale derrière la décision. «Il n’y a jamais eu de consultation publique pour tarifer le stationnement d’un coup, pas de réflexion en amont pour discuter avec les citoyens. Où sont leurs études qui prouvent le bien-fondé de leur démarche?», renchérit-il, insistant sur «un manque flagrant» d’exercice démocratique.
Jusqu’ici, environ 40% des cases de stationnement dans Outremont sont régies par une vignette pour les arrêts de deux heures et plus. Une seule zone sera désormais délimitée, et il en coûtera de 100 à 140$ aux automobilistes pour acquérir une «vignette annuelle», en fonction de la grosseur de leur moteur.
Le 30 mai dernier, l’arrondissement a soutenu qu’il obtiendra 400 000$ supplémentaires par année grâce à la tarification, ajoutant que ses surplus iront «dans des mesures de verdissement» comme la plantation d’arbres ou la création de ruelles vertes. «Je crois que ça va nous permettre d’aller encore plus loin dans notre transition écologique. Il faut être capable d’avoir un impact le plus rapidement possible», avait affirmé le maire d’Outremont, Philipe Tomlinson, lors du dévoilement du nouveau programme.
«C’est 15$ de plus que la carte Opus. Si les gens trouvent ça cher, ils peuvent s’acheter une passe d’autobus. C’est moins cher.» -Philipe Tomlinson, maire d’Outremont, où le nombre de véhicules a augmenté de 10% entre 2008 et 2013.
Pour Lionel Perez, cette explication revient carrément à du greenwashing. «Dire qu’on va utiliser ces sommes-là pour verdir Outremont n’est qu’un simple prétexte, une forme d’écoblanchissement. On sait très bien qu’il assez de fonds ailleurs, dans différents programmes, pour verdir nos rues, d’autant plus qu’Outremont est déjà un endroit où il y a une énorme canopée.»
Une situation «déjà sous contrôle»
D’après l’opposition officielle, tarifer tous les stationnements est d’autant plus absurde que la situation était idéale telle qu’elle était dans Outremont. «Il n’y a pas d’enjeu. Tous les résidants qui veulent du stationnement ont la capacité de l’avoir. Projet Montréal veut simplement aller chercher des fonds supplémentaires pour augmenter ses coffres, au dépend des citoyens», fustige aussi Lionel Perez.
«Il faut mettre le projet sur la glace. Il n’y a pas d’urgence d’agir, pas de problématiques dans l’immédiat. Au contraire, on a un programme qui fonctionne bien. Alors revenez-nous avec des études cohérentes.» -Lionel Perez, chef de l’opposition
Mercredi soir, devant le Centre communautaire intergénérationnel d’Outremont, le conseiller dans Robert-Bourassa, Jean-Marc Corbeil, a lui aussi condamné «l’incivilité de l’administration» et «la mauvaise publicité» résultant de cette annonce. «L’arrondissement va se remplir les poches […]. « À l’origine, l’objectif des vignettes de stationnement était de protéger les résidents qui ont besoin d’un stationnement sur rue à proximité de leur résidence. Maintenant, ils perdent ce droit au profit de n’importe quel automobiliste qui paiera le permis quotidien ou mensuel pour se stationner», fait-il valoir.
Appelée à réagir, la porte-parole au cabinet de la mairesse, Laurence Houde-Roy, insiste sur le fait que l’arrondissement d’Outremont a implanté ces mesures «pour répondre à une situation locale». «Le stationnement dans le coin faisait face à une situation particulière qui se devait d’être mise à jour», envisage-t-elle, sans vouloir commenter davantage.
Il n’a pas été possible de joindre l’arrondissement d’Outremont mercredi.