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Le dernier danger en lice

Photo: Radio-Canada

Nous en sommes là. De plus en plus d’écoles effectuent des exercices de préparation à d’éventuels assauts.

Nous mobilisons des ressources pour montrer à notre société comment se protéger et fuir les balles, plutôt que d’éliminer les armes qui les tirent. Mais, je m’éloigne…

Quand j’allais à l’école, les professeurs voulaient que nous soyons vigilants en traversant la rue. Pour éviter  que des enfants se fasse happer mortellement par des voitures, ils nous enseignaient à nous répéter mentalement : «Arrête, écoute et regarde.»

L’anxiété fait partie de l’instinct de survie. Nous fuirons les tigres et les serpents en liberté parce qu’ils représentent de réels dangers. Mais courir entre deux voitures garées, faire du vélo sans casque et jouer avec des allumettes n’effraient pas les enfants. Notre instinct s’est développé au milieu de tigres et de serpents, et non de voitures et de vélos. C’est pourquoi nous devons inculquer certaines peurs à nos enfants.

Le problème, avec la peur, est qu’elle nous limite. S’il y a des prédateurs dans la forêt où j’aimerais aller chasser, je devrai peut-être me contenter des fruits et des racines qui se trouvent à proximité de ma caverne. C’est le prix à payer pour jouir d’une plus grande sécurité. Et si les peurs contemporaines étaient exagérées? Je peux éviter les emplois qui impliquent des déplacements, par peur des avions, ou abandonner mes études, par peur de faire un exposé. Mais le prix à payer est alors trop élevé. Si je me laisse dominer par toutes mes peurs, je n’aurai plus de vie.

Alors, que doit-on enseigner à nos enfants? Devrions-nous les préparer à des attaques armées dans les écoles? Eh bien, lorsque les dangers sont importants, il est avisé d’augmenter leur degré d’anxiété, ce qui permettra d’améliorer leur protection. Ainsi, je crois que les enfants devraient craindre de monter à vélo ou de faire de la planche à neige sans casque. C’est un petit prix à payer pour obtenir une véritable protection. Mais les tueries? Voulons-nous que nos enfants vivent dans des châteaux forts?

Tous les dangers sont relatifs, mais la perception que nous en avons peut être déformée à la suite d’événements dramatiques, même si ceux-ci sont rares. La question à se poser est celle-ci : cette nouvelle crainte entraînera-t-elle un accroissement de la protection, ou réduira-t-elle simplement davantage notre liberté et notre sentiment de sécurité? Pire encore, l’attention que nous accordons à la dernière crainte en lice nous détournera-t-elle des dangers importants que nous oublions dans ce brouhaha, comme les incendies, les traumatismes crâniens et les accidents de voiture que nous provoquons en envoyant des messages textes?

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