À Montréal, le marché du logement durement frappé par le coronavirus
Les mises en chantier d’habitations ont chuté de 43% au mois de mars dans la région de Montréal, en comparaison avec le même mois de l’an dernier. C’est ce que constate la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dans un rapport publié mercredi.
«C’est sans doute un signe que la pandémie de COVID-19 a commencé à toucher le secteur de la construction résidentielle», raisonne l’économiste en chef de l’organisme fédéral, Bob Dugan. Il ajoute que l’activité commerciale et économique tend à la baisse «à Toronto, Montréal et dans la région de l’Atlantique».
À l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (ACPHQ), le directeur économique Paul Cardinal émet un autre son de cloche.
«Le recul des mises en chantier en mars n’a rien à voir avec la crise sanitaire actuelle. La SCHL avait pratiquement déjà terminé son énumération au moment où le gouvernement du Québec a décrété la fermeture de tous les chantiers, le 24 mars à minuit.» -Paul Cardinal
Baisse de plus de 25% au Québec
À l’échelle du Québec, les données de la SCHL démontrent une baisse de 27% de la mise en chantier d’habitations. Seules 2827 unités ont été construites en mars, alors que la plupart des chantiers sont à l’arrêt sur ordre du gouvernement. En janvier et en février dernier, le nombre de travaux en cours avait bondi, atteignant respectivement 79% et 31% dans la province.
Mercredi, le premier ministre François Legault a assuré que le secteur de la construction sera une priorité, au sortir de la crise du coronavirus.
«Dans les prochains jours ou les prochaines semaines, ça va être possible de redémarrer la construction résidentielle. Ce sera aussi possible pour plusieurs entreprises de combler le retard accumulé.» -François Legault
Mercredi matin, plusieurs patrons de l’industrie ont lancé une nouvelle campagne de promotion nommée «Entrepreneur engagé», avec pour objectif de garantir que les directives de santé publique seront respectées sur les chantiers. Les entrepreneurs, qui promettent d’implanter plusieurs mesures pour s’adapter aux règles, disent vouloir reprendre les travaux le plus vite possible, pour éviter le pire.
Le marché immobilier aussi affecté
Chez l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), le directeur de l’analyse des marchés, Charles Brant, affirme que «les premiers impacts de la crise sanitaire se font sentir sur le marché immobilier de Montréal».
On recense environ 5900 ventes en mars dernier dans la métropole. Cela représente une faible hausse de 4%. Le premier trimestre avait pour sa part connu une hausse de 13%, avec près de 15 000 transactions effectuées.
«La région de Montréal est celle qui est la plus touchée par la propagation du virus. C’est en raison de sa plus grande exposition aux échanges internationaux ainsi qu’à la taille et à la densité de sa population», avance M. Brant. En conséquence, ce marché est à la fois exposé à un stress psychologique causé par des mesures de distanciation plus strictes et davantage d’incertitudes sur le plan économique.»
Arrêt absolu à Saguenay
Dans certaines municipalités, la donne est plus sévère, comme à Saguenay, où la baisse attribuable est de 100%.
Même son de cloche pour Trois-Rivières et ses environs, qui enregistrent une baisse de 59% des mises en chantier. La ville de Gatineau, elle, subit une diminution de 75% à ce chapitre. Sherbrooke s’en sort mieux, avec une baisse de seulement 12%.
Seule la capitale nationale semble bien s’en sortir. La ville de Québec a effectivement connu une hausse fulgurante de 99% des mises en chantier.