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Vues de l'Est: une adolescence plus tard

Vanessa, Samantha, Valérie, Jean-Roch, Marianne et les deux Maxime ont beaucoup grandi. Dans le documentaire Vues de l’Est que Carole Laganière a réalisé en 2003, ils étaient des enfants d’Hochelaga-Maisonneuve. Aujourd’hui ils sont presque tous en âge de voter. L’Est pour toujours pose toutefois une délicate question, à savoir si ce quartier défavorisé a été un frein à leurs rêves et à leurs aspirations.

«Tous les milieux socio-économiques ont un poids, explique la cinéaste Carole Laganière, qui est de retour derrière la caméra. C’est certain que, si tu viens d’Outremont, a priori, tu as plus de chance de poursuivre tes études, d’être un professionnel. Mais ce qui m’a frappée est le rapport très fort à la famille. Au-delà du quartier, c’est l’espèce d’importance que prennent les parents, alors qu’en général, à 18 ans, on veut voler de ses propres ailes et on essaye de s’affranchir.»

Pour Samantha, qui est au cégep, et Marianne, qui vient enfin de rencontrer son père, il y a Vanessa, qui n’est pas bien dans sa peau, et Maxime (le protagoniste de Le Ring), qui se pose des questions sur son avenir. La tentation était grande de verser dans le didactisme ou le misérabilisme… ce qui n’est pas le cas. «Dans le fond, je ne veux pas faire une thèse, admet la documentariste qui est elle-même originaire d’Hochelaga-­Maisonneuve. Il se dégage certainement des choses, c’est clair, mais pour moi, c’est aux gens de l’interpréter. Je ne suis pas là pour donner des leçons de morale.»

Moins naïf que son prédécesseur, plus dans l’action et les échanges, L’Est pour toujours n’en demeure pas moins un essai d’où jaillit une lueur d’espoir pour de beaux lendemains. «Je pense que c’est un film plus dur, mais ce n’est pas sombre pour autant, développe celle qui vient de déposer un projet de fiction auprès des institutions. On se pose plus de questions sur ce qu’ils vont devenir. Évidemment, ça me préoccupe parce que j’aimerais qu’ils soient heureux. Mais c’est vrai qu’il y en a deux ou trois dont tu te dis que ça ne sera pas facile. Ils partent avec des prises contre eux.»

À l’avenir
Depuis 1963, le cinéaste britannique Michael Apted suit le destin de plusieurs personnes en leur consacrant un documentaire tous les sept ans. Le dernier, réalisé en 2005 est 49 Up et les enfants d’hier ont maintenant presque 50 ans. «Non, je ne pense pas que je vais l’imiter, déclare la réali­sa­trice Carole Laganière, qui a retrouvé ses jeunes héros deVues de l’Est, qui sont pour la plupart adultes. C’est certain que ça peut être tentant. Mais ça me fait un peu peur. Comme j’ai peur pour certains, je ne suis pas sûre. Je me dis, en plus, qu’ils doivent vivre leur vie sans la caméra. Je trouve ça cruel, l’idée qu’on te suive toute ta vie. Surtout sur le plan éthique. J’ai du mal avec les téléréalités.»

L’Est pour toujours
En salle dès vendredi

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