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Loi sur les langues officielles: Ottawa doit protéger le français d’abord, martèle Québec

La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, présente un nouveau projet de loi 61
La ministre Sonia LeBel Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors qu’Ottawa s’apprête à moderniser sa Loi sur les langues officielles (LLO), Québec avise le fédéral d’accorder à la langue de Molière un traitement préférentiel. En fait, selon le gouvernement de François Legault, seule la langue française est minoritaire au Canada.

C’est l’essentiel des constats faits par la ministre des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Sonia LeBel, dans une lettre adressée à son homologue Mélanie Joly. Le document, qui compte cinq «orientations», presse le gouvernement Trudeau d’officialiser le statut du français comme seule langue officielle minoritaire au Canada.

«La langue française est la seule ayant besoin d’être protégée et promue à la grandeur du pays, dont au Québec», argue le gouvernement provincial, qui exhorte aussi le gouvernement Trudeau à respecter sa «spécificité linguistique», mais aussi de reconnaître son «rôle» envers toutes les minorités francophones canadiennes.

Le fait anglo menacé?

Pour le moment, la LLO reconnaît la communauté anglophone du Québec comme une minorité linguistique. De par ses compétences, Ottawa peut financer des institutions anglophones sur le territoire québécois.

À la Chambre des communes, toutefois, la ministre des Langues officielles, Mme Joly, prépare un «livre blanc», qui doit éventuellement entraîner une réforme de la loi et «renforcer» le statut de la langue française au Canada.

À Québec, la réforme de la LLO est vue comme une occasion de mieux protéger le français. Ce qui ne veut pas dire que la protection des minorités anglophone est menacée, assure la ministre LeBel.

«Absolument pas. L’objectif de tout ça n’est pas de promouvoir une langue au détriment de l’autre, ce n’est pas de déshabiller Pierre pour habiller Jacques», indique-t-elle en entrevue avec Métro. Selon elle, la LLO soulève des questions «d’équité plutôt que d’égalité» entre les langues.

«Beaucoup de communautés francophones à travers le Canada aimeraient avoir ce que la communauté anglophone a au Québec», avance-t-elle.

«Woah»

La lettre de la ministre LeBel a fait sursauter dans les communautés anglophones de la Belle province, vendredi. Ottawa doit «défendre son territoire», a rétorqué la présidente du Quebec Community Groups Network (QCGN), Marlene Jennings.

«À mon avis, le gouvernement fédéral doit dire: woah. C’est sa juridiction. Il a une vision nationale et une obligation constitutionnelle» envers la minorité anglophone québécoise, a-t-elle signifié.

À Ottawa, le cabinet de la ministre Mélanie Joly soutient que la défense des droits de la minorité anglophone au Québec «demeure […] une priorité pour notre gouvernement».

Aux yeux du QCGN, Québec franchit les limites permises en se présentant comme le protecteur de la langue de Molière à travers le pays. Mme Jennings craint d’ailleurs l’application de la Charte de la langue française aux entreprises de juridiction fédérale.

Le gouvernement du Québec croit pourtant être rendu là. Dès le début de la session parlementaire d’automne, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, avait souligné en commission qu’il voulait appliquer la Loi 101 dans les milieux de travail à charte fédérale.

Ce dernier oeuvre par ailleurs sur une réforme de la Loi 101, censée arriver cet hiver.

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