Places dans les cégeps anglos: Québec pourrait imposer un plafond
Québec s’inquiète de voir un nombre grandissant d’étudiants francophones se tourner vers le réseau des cégeps anglophones. S’il exclut toujours d’y appliquer la Loi 101, François Legault évalue ses options, dont celle de «limiter le nombre de places» disponibles en anglais.
«La langue française est fragile, en particulier au Québec», a signalé le premier ministre jeudi lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale, jeudi. Il réagissait notamment à des données compilées par le professeur retraité de démographie Charles Castonguay, qui argue dans une nouvelle parution que le français est en «chute libre» au Québec.
Comme les Québécois de langue française ne se sont jamais vu interdire l’accès aux cégeps en anglais, le réseau collégial a longtemps fait l’objet de débats linguistiques dans la province, et particulièrement dans la région métropolitaine.
À Montréal, les cégeps Dawson, Vanier et John Abbott comptent cette année pour 18 500 des places au collégial. Les cégeps francophones opèrent 35 000 places.
Or, plusieurs places en anglais sont occupées par des étudiants francophones. À Dawson, par exemple, moins de 40% de la classe étudiante aurait comme langue maternelle l’anglais.
François Legault a longuement refusé d’étendre la Loi 101 aux cégeps. Encore l’automne dernier, il refermait la porte que son ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, avait entrouverte. «Pas question», avait-il martelé.
Appliquer la Charte de la langue française dans les établissements collégiaux ferait en sorte de barrer le passage vers les cégeps anglophones pour une grande majorité de Québécois de langue française.
Legault pèse le pour et le contre
L’avis de François Legault sur l’application potentielle de la Loi 101 dans les cégeps n’a pas changé. Jeudi, le premier ministre a de nouveau balayé cette option du revers de la main.
Mais le gouvernement provincial étudie d’autres «options», lesquelles devraient transparaître dans le futur projet de loi sur la langue française de Simon Jolin-Barrette. Celui-ci doit atterrir cet hiver, en théorie.
«On regarde la possibilité, il n’y a rien de décidé encore, de limiter le nombre de places dans les cégeps anglophones. […] Je crois que Dawson, c’est 7800 places. C’est beaucoup», a-t-il affirmé.
En matinée, le Parti québécois avait de nouveau tapé sur le clou des cégeps anglophones. Cet automne, le chef parlementaire de la formation souverainiste, Pascal Bérubé, avait déposé un projet de loi pour bloquer l’agrandissement de Dawson. Celle-ci avait été battue.
«Le principal enjeu concernant les cégeps, c’est d’ajuster le financement au poids de la population», a réitéré jeudi le député péquiste Sylvain Gaudreault.
Chez Québec solidaire, on demande aussi d’étudier la question du financement, mais on s’impatiente. «Nous aurons des propositions quand M. Jolin-Barrette déposera finalement – on ne sait pas – son projet de loi», a lancé à la blague le co-porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois.
Le projet de loi du ministre fait partie de son discours depuis l’été dernier. L’automne dernier, à la fin de la session parlementaire, il a confirmé qu’il déposerait finalement sa mesure législative… à la session parlementaire d’hiver.
«On en parle depuis des semaines, des mois, et il n’y a toujours pas de projet de loi de déposé.» – Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec