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Violence conjugale: Québec investit près de 26 M$ dans les milieux autochtones

Geneviève Guilbault
Geneviève Guilbault Photo: Josie Desmarais/Métro

Le gouvernement du Québec s’attaque à la violence conjugale et familiale en milieux autochtones en allouant 25,8 M$ pour réaliser une série d’actions «par et pour» les Premières Nations et les Inuits.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, en a fait l’annonce jeudi matin en compagnie de la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, ainsi que du ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière.

Cet investissement fait partie de l’enveloppe de près de 223 M$ destinée à répondre à la «situation d’urgence» que vit le Québec, à savoir une exacerbation de la violence conjugale et familiale.

Depuis le début de l’année, 11 féminicides sont survenus dans la province. Parmi ces femmes assassinées, deux étaient issues d’une communauté autochtone.

Si des mesures pour répondre à la violence conjugale ont déjà été annoncées depuis le mois d’avril, il s’agit de la première annonce touchant spécifiquement les milieux autochtones.

Les femmes autochtones sont trois fois plus nombreuses que les femmes allochtones à se dire victimes de violence conjugale, selon une donnée du rapport «Rebâtir la confiance» du comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale.

Des actions concrètes «par et pour les Autochtones»

Financée à hauteur de 10 M$, la première mesure permettra de soutenir l’offre de services en prévention et en intervention en matière de violence conjugale et familiale au Nunavik.

«Ainsi ce sont quatre installations qui vont offrir des services aux femmes de cette région, lesquelles sont surreprésentées parmi les victimes de féminicides.. […] Ce sont les communautés inuites et les responsables locaux qui détermineront les paramètres du projet», a précisé Lionel Carmant.

De plus, 6 M$ serviront à offrir des services de proximité «culturellement adaptés» pour accompagner dans leur guérison des hommes et des femmes autochtones, ainsi que leur entourage. «Il est nécessaire d’inclure le concept de famille dans la contextualisation de la problématique de violence conjugale. Les Autochtones possèdent une vision qui est plus holistique» de cette problématique, a souligné Isabelle Charest.

Finalement, 9,8 M$ seront investis pour financer des projets directement au sein des 22 corps de police autochtones.

Une partie de ce montant permettra la création de ressources dédiées à la gestion de la violence conjugale. Une autre partie servira à embaucher des «ressources partagées» au sein de l’association des chefs de police des Premières Nations du Québec (ACPPN). Celles-ci auront pour mission de soutenir les corps de police autochtones pour développer et réaliser les projets, en plus d’offrir toutes sortes de services.

Toutes ces actions annoncées ont été élaborées en partenariat avec les communautés autochtones. «On parle souvent de sécurisation culturelle […], c’est-à-dire de le faire par et pour les Premières Nations, de ne pas demander aux gens de s’adapter à notre système, mais de s’adapter à eux», a souligné Ian Lafrenière.

Un plan d’action au Canada

Deux ans après le dépôt du rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), le gouvernement fédéral a dévoilé jeudi un «Plan d’action national sur les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones disparues et assassinées».

Celui-ci a été élaboré conjointement par un groupe de travail principal composé de partenaires contributeurs, de provinces et de territoires, en collaboration avec le Cercle national des familles et des survivants en réponse aux nombreuses demandes visant à mettre fin à la violence faite aux femmes, aux filles et aux personnes 2ELGBTQQIA+ autochtones.

Le Plan d’action national répond aux conclusions et aux 231 appels à la justice de l’ENFFADA, ainsi qu’aux 62 appels à la Miskotahâ (mot michif signifiant changement) du rapport Perspectives métisses.

Il identifie les priorités à court terme qui seront réalisées grâce à un investissement de 2,2M$ dès cette année. Ce montant s’inscrit dans les 18M$ annoncés dans le budget 2021 destinés à améliorer la vie des Autochtones.

Un plan de mise en œuvre qui énoncera les priorités à moyen et à long terme, ainsi que les actions spécifiques pour chaque priorité, les échéanciers, les ressources et les responsables de la réalisation de chaque action, sera ensuite élaboré.

Le Plan sera donc appelé à évoluer avec le temps pour s’adapter aux besoins spécifiques des communautés, a expliqué le premier ministre du Canada, Justin Trudeau.

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