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Honorer les victimes des féminicides par l’art public

C’est la métaphore du Styx, ce fleuve que prennent les morts vers l’autre monde dans plusieurs mythologies, qui est au cœur de l’hommage collaboratif. Photo: Mohammed Aziz Mestiri — Métro Saint-Laurent

Une commémoration artistique des 15 victimes de féminicides au Québec s’est tenue au parc Beaudet ce jeudi, sous l’égide du Centre des femmes de Saint-Laurent. Plusieurs élus des différents paliers de gouvernement y étaient présents.

L’événement, intitulé Féminicides, pas une de plus!, a commencé par une série d’allocutions.

La députée provinciale Marwah Rizqy a parlé de la violence qu’a vécue sa mère et dont elle a été témoin. «Ce n’est pas normal qu’un enfant de quatre ans dise “Maman, tu dois t’en aller avant qu’il ne te tue”», s’est-elle exprimée, avant de mentionner que plusieurs ne savent où se diriger.

Mme Rizqy relate que plusieurs autres femmes ont aidé sa mère. «Elles ont lu pour elle, alors qu’elle ne pouvait le faire», a-t-elle ajouté.

La barrière de la langue était aussi au cœur de l’histoire du maire de l’arrondissement, Alan DeSousa. «J’ai reçu un appel un vendredi à 11h le soir», raconte l’élu. Une citoyenne et son mari vivaient un conflit. M. DeSousa est certain que s’il était parti, un drame se serait produit.

Il mentionne qu’un manque de services adaptés sur le plan linguistique s’est fait ressentir. Un centre doté d’un service d’interprète a été contacté et un hébergement d’urgence a pu être trouvé.

La députée fédérale Emmanuella Lambropoulos s’est aussi exprimée. «Je remercie le centre, et toute organisation qui aide les femmes à sortir du cercle de violence», a-t-elle formulé.

Photo: Mohammed Aziz Mestiri – Métro Saint-Laurent

Celle qui était auparavant enseignante estime qu’éduquer les plus jeunes sur les signes du cycle d’abus et les frontières personnelles en relation de couple sont une solution.

Avant le début de l’événement, une mère accompagnée de ses deux enfants, Cassandra Molduc, a été interrogée par sa fille âgée d’environ trois ans sur la nature du rassemblement. D’abord hésitante, Mme Molduc lui a ensuite répondu que «c’est un hommage aux femmes, pour apprendre au monde à être gentil avec elles et à les respecter».

Ressenti collectif

Le centre a tenu une série d’activités de création impliquant ses membres. «C’est à notre dernière séance, la veille, que nous avons choisi la forme de la performance», raconte la présidente du conseil d’administration, Véronique Longpré.

Le processus a misé sur l’émotion et la spontanéité des collaboratrices, ajoute-t-elle. Les participantes du Centre des femmes de Saint-Laurent ont pris des robes qu’elles ont transformées en effigies des féminicides, en les accessoirisant et en écrivant sur celles-ci.

Artiste de la compagnie Temps publics, Geneviève Antonius Boileau a agencé les créations pour la réalisation finale.

«Pour livrer un message, tout le monde joue un rôle pour amener les conditions propices, par la bienveillance et l’écoute», décrit la comédienne.

Le Centre des femmes de Saint-Laurent repose sur la participation de bénévoles pour offrir ses services, explique sa directrice, Monique Desjardins. «Chacune est la bienvenue, peu importe son origine et sa situation», précise-t-elle.

L’événement s’est conclu par la lecture d’un texte par plusieurs volontaires. Il était constitué de bribes de phrases rédigées par des membres du centre s’exprimant sur leurs expériences et leur ressenti.

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