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Avortement: devancer l’école pour en parler aux enfants

enfants avortement
Ouvrir le dialogue sur l'avortement permet, sur le long terme, de construire une relation de confiance avec son enfant. Photo: Annie Spratt, Unsplash

Avortement, vous dites? Le mot est sur toutes les lèvres et il tombe sûrement quelquefois dans l’oreille de nos enfants. Alors, doit-on leur expliquer? Et dans quels termes? Voici quelques conseils. 

À partir de quel âge?  

Le sujet fait tellement jaser qu’en tant qu’adulte, on pourrait presque oublier que, pour les plus jeunes, «avortement» est souvent un mot en forme de point d’interrogation. Mais quel est l’âge approprié pour qu’on commence à leur expliquer ce que c’est? 

D’après la sexologue Véronique Jodoin, ce n’est pas tant une question d’âge qu’une question de maturité.  

«Quand ça a trait à la sexualité, on ne veut pas aller plus vite que là où l’enfant est rendu, explique-t-elle. Si l’enfant pose des questions, c’est important d’y répondre et s’il n’aborde pas le sujet, on peut tâter le terrain avec des questions ouvertes en demandant par exemple s’il en a entendu parler, s’il a envie d’en parler et s’il a des questions.» 

«Le but n’est pas d’arriver en disant “aujourd’hui je vais te faire un cours sur l’avortement”», renchérit la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. L’éducation à la sexualité se fait peu à peu, au rythme de l’enfant, rappelle-t-elle. Pas besoin donc de tout expliquer, on aura ensuite des années pour revenir sur le sujet, répondre à d’autres questions et ajouter des informations plus complexes.  

Trouver les bons mots  

S’il n’y a pas vraiment d’âge pour aborder le sujet, on veille quand même à ce que notre langage soit adapté à l’âge de l’enfant. Par exemple, avec un.e enfant de huit ans, on ne se lance pas dans des explications détaillées sur le développement anatomique du fœtus ou sur l’annulation de Roe c. Wade. Ça ne serait pas très éclairant, mettons…  

Évidemment, on ne s’embarque pas non plus dans une description imagée du procédé et on évite de dire qu’avorter revient à «tuer un bébé». D’ailleurs, plutôt que de parler de bébé, on préférera utiliser les termes «embryon» ou «fœtus». «On parle de bébé seulement après la naissance», précise justement Paskale Hamel, directrice de SOS Grossesse Estrie.  

Plutôt que d’avoir recours à des métaphores qui pourraient causer de la confusion chez l’enfant, on n’hésite pas à nommer clairement les choses, ajoute Geneviève Beaulieu-Pelletier. «Le mieux est d’expliquer simplement que, parfois, quand une personne est enceinte, elle ne souhaite pas que cette grossesse-là continue. Elle va donc aller voir un médecin qui va l’aider à interrompre sa grossesse en toute sécurité; c’est ce qu’on appelle l’avortement», résume-t-elle.  

Et pour les préados qui auraient plus de questions, on peut donner davantage d’information, en expliquant notamment que l’avortement peut se faire par médicaments ou par une opération médicale qui dure 10 à 15 minutes.  

Une affaire de choix 

«Ça se peut que ce sujet-là vienne les chercher dans leurs valeurs, note Paskale Hamel. Surtout chez les plus grands, les préados, qui en ont peut-être entendu parler sur les réseaux sociaux ou par leurs amis.» 

Raison de plus d’insister sur l’importance de la notion de choix! Chacun a le droit d’avoir une opinion, mais au final, c’est à la personne enceinte de décider si elle veut ou non poursuivre sa grossesse.  

«Ce qu’on peut expliquer, c’est que chaque personne a le droit de décider de ce qu’elle fait avec son corps. On peut donner des exemples très simples: si une personne n’est pas prête ou n’a pas envie d’avoir un enfant, elle a le droit d’avorter et on n’est pas là pour juger ses raisons», souligne la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier.  

Anticiper les questions 

Avant qu’on aborde le sujet, la psychologue préconise de se préparer un peu. C’est qu’avec un sujet comme celui-ci, des questions difficiles peuvent émerger.  

«L’enfant pourrait par exemple demander si on a déjà eu recours à l’avortement ou si on a envisagé d’avorter de lui, explique-t-elle. Il vaut mieux y avoir réfléchi pour répondre sans transmettre une charge émotionnelle qui ne devrait pas reposer sur l’enfant.» 

Elle ne conseille toutefois pas de camoufler la vérité. On pourrait par exemple répondre: «Oui, avant toi, je suis tombée enceinte et j’ai fait le choix d’avorter. Je n’étais pas prête pour telle raison», ou «Quand je suis tombée enceinte de toi, j’ai eu quelques questionnements, mais finalement le désir était vraiment là et on a choisi de t’avoir.» 

Briser le tabou 

Mais expliquer tout ça à des enfants qui ne sont même pas encore en âge d’être concernés par le sujet, on pourrait se demander si c’est vraiment si important que ça… Eh bien, oui, à en croire nos expertes! Ça serait même une bonne manière de surmonter le tabou autour de ce sujet. 

«Répondre aux questions sur l’avortement en se montrant ouvert et sans jugement, c’est aussi envoyer le message à notre enfant que ce n’est pas un sujet honteux et qu’on a le droit d’en parler. Ça fait des ados mieux informés et donc plus responsables», affirme la sexologue Véronique Jodoin. 

Et c’est aussi une manière de construire une belle relation de confiance!  

Où se renseigner?  

Parce qu’on n’a pas la science infuse, on vous donne quelques ressources où trouver de l’information fiable sur l’avortement:  

  • La Fédération du Québec pour le planning des naissances – site web
  • SOS Grossesse Québec: 418 682-6222 – site web
  • Grossesse-Secours: 514 271-0554 – site web
  • SOS Grossesse Estrie: 819 822-1181 – site web

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