Mélanie Thierry interprète une jeune mère en prison dans Ombline
La Française Mélanie Thierry nous parle de son rôle-titre dans Ombline, premier film de Stéphane Cazes, qui se penche sur une femme qui donne naissance en prison.
Le Québec a eu Unité 9. En France, c’est le film Ombline qui a levé le voile sur la réalité des femmes en prison, et plus particulièrement sur la maternité derrière les barreaux. Une réalité plutôt méconnue; aussi, avant de se plonger dans le tournage, l’actrice principale, Mélanie Thierry, s’est-elle rendue dans un établissement carcéral où elle a donné des cours de théâtre aux détenues. «Ces filles m’ont vachement apporté, j’aurais été incapable de jouer ce personnage si je ne les avais pas rencontrées, confie la comédienne, jointe en France. Cependant, j’ai été à la prison non pas pour piocher mon personnage chez ces filles, mais pour rencontrer ces nanas et me prendre en pleine figure que je pourrais y être tout aussi bien si j’avais rencontré le mauvais mec au mauvais moment.»
Ombline, le personnage principal du film du même nom, est une jeune femme qui agresse un policier venu arrêter son amoureux, un dealer de drogue. L’arrestation tourne mal, le jeune homme meurt, et Ombline se retrouve derrière les barreaux… enceinte. Elle accouche en prison et passe les premiers mois de la vie de son enfant avec celui-ci, avant que la garde lui en soit retirée jusqu’à sa remise en liberté.
«En rencontrant ces filles, je me suis rendu compte que c’était des femmes comme vous et moi, et que du jour au lendemain, la vie peut basculer du mauvais côté et qu’on peut se retrouver derrière les barreaux pour peu de chose», affirme la comédienne.
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Ses ateliers de théâtre à la prison lui ont non seulement apporté beaucoup de matière, mais aussi la motivation de se dépasser. «Je me suis dit qu’il faudrait que j’incarne ce personnage sans me planter, qu’il faudrait que je sois à la hauteur, se souvient Mélanie Thierry. Elles m’ont tellement apporté que je ne pouvais pas tricher, je ne pouvais pas faire semblant, je ne pouvais pas être la petite comédienne parisienne qui passe des coups de fil à l’heure du déjeuner. J’avais envie d’être habitée vraiment par le personnage, c’était une traversée importante. Je savais que j’avais deux mois de tournage, et j’avais vraiment envie de n’être que là-dedans et de vivre ce personnage.»
Instinct maternel
Incarner Ombline a aussi signifié bâtir une relation avec les différents bébés qui ont interprété le fils de la jeune prisonnière, puisque plusieurs scènes montrent Mélanie Thierry en train de le câliner, de jouer avec lui… ou de s’impatienter contre lui. Le fait d’être elle-même mère a certainement teinté son jeu, croit-elle.
«J’aurais joué différemment si je n’avais pas vécu l’expérience de la maternité; je ne dis pas que ça aurait été moins bien ou mieux, mais ç’a changé quelque chose, assure-t-elle. J’avais un rôle difficile parce que je devais passer de longs moments à gérer ces enfants toute seule, à être une mère de substitution. Et un défi supplémentaire, c’est que je ne suis pas toujours très tendre avec le petit, j’ai des excès de violence par moments. Tout ça était un peu difficile à gérer, mais j’ai eu la chance de tomber sur des enfants très sympas. Et je crois avoir développé encore plus mon instinct maternel parce que j’ai réussi à établir avec eux une relation de confiance qui fait qu’à l’image, ça fonctionne.»
Ombline
En salle dès vendredi