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Place Versailles: il n’y aura pas de service de récupération pour la clientèle

Même dans la zone de restauration de la Place Versailles, seules des poubelles sont offertes à la clientèle. Photo: Jason Paré, Métro Média

Malgré les plaintes reçues au cours des dernières années, la Place Versailles n’a pas l’intention d’offrir de bacs de récupération à la clientèle de son centre commercial.

C’est ce que la directrice générale de la Place Versailles, Elizabeth Payne, a confirmé à Métro.

Si les matières recyclables de plastique, de papier et de carton sont récupérées auprès des commerçants, la Place Versailles ne souhaite pas investir dans un service de récupération, ou même de compostage, pour les personnes déambulant dans le centre commercial. Selon la directrice générale, il est difficile d’exiger de la clientèle de jeter les déchets et les matières recyclables ou compostables dans les bons bacs, ce qui peut causer des problèmes de gestion et augmenter les coûts.

Si la matière est mixée, il faut que je l’envoie dans un centre de tri. Les coûts sont astronomiques.

Elizabeth Payne, DG de la Place Versailles

Le tout risquerait donc de se retrouver dans un sac à ordures – matières recyclables et compostables comprises –, ce qui ne serait pas honnête selon Mme Payne, même si cela permettait à la Place Versailles d’avoir une image «eco friendly» [respectueuse de l’environnement].

Tous les outils

Réagissant à cette absence de bacs à recyclage à la Place Versailles, le responsable du développement durable à l’école des Hautes Études Commerciales (HEC), Jean-Michel Champagne, affirme que l’industrie en gestion immobilière a tous les outils qu’il faut pour offrir ce genre de services.

«Les meilleures pratiques sont implantées, les grands propriétaires de centres commerciaux ont ce qu’il faut. Certains sont plus avancés que d’autres, mais c’est toujours décevant de voir qu’il y en a qui sont toujours en arrière aujourd’hui, déplore M. Champagne. Il n’y a plus de raisons de ne pas avoir de système pour la clientèle.»

Une impression

Du côté du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), le directeur général Karel Ménard se dit conscient des difficultés que peuvent éprouver les centres commerciaux à s’assurer que les matières soient jetées dans les bons bacs.

«Les gens vont mettre à peu près tout et n’importe quoi dans n’importe lequel des [bacs], constate M. Ménard. Donc, la qualité n’est pas là et ça devient très dur de trouver un entrepreneur privé pour ramasser ça. [Ce dernier] doit apporter ça dans son centre de tri ou doit vendre ça ou payer pour s’en débarrasser et bien souvent, personne n’en veut parce qu’il y a trop d’intercontamination.»

Souvent, même pour les centres commerciaux proposant des bacs de récupération ou de compostage à leur clientèle, tout se retrouve dans le même sac et à terme, dans un dépotoir, soutient M. Ménard.

Les résultats ne sont pas là, l’efficacité n’est pas là non plus, donc souvent [les centres commerciaux] payent seulement pour donner l’impression qu’ils font de la récupération.

Karel Ménard, DG du FCQGED

Jean-Michel Champagne souligne en revanche que certaines entreprises ont de «très bonnes performances».

Il existe d’ailleurs une certification BOMA Best qui permet à un membre de l’industrie immobilière commerciale de prouver qu’il a une gestion écoresponsable, explique-t-il.

Des solutions existent

Karel Ménard et Jean-Michel Champagne s’entendent pour dire que les coûts ne doivent pas être un argument pour ne pas offrir de service de récupération et de compostage dans les centres commerciaux.

Des solutions existent, disent-ils. Il est possible d’améliorer l’identification des bacs, de faire de la sensibilisation auprès des consommateurs ou même d’ajouter des employés qui pourront informer ceux-ci et les guider vers les bonnes pratiques.

Il faut aussi miser sur la réduction à la source, la récupération n’étant pas une solution miracle, puisque ce ne sont pas toutes les matières qui sont recyclables et compostables.

À titre d’exemple, les deux hommes ciblent le suremballage ou les produits de courte durée ou à usage unique. L’élargissement de la consigne des bouteilles et canettes, dont l’implantation est prévue en 2023, est également l’une des solutions qui permettront de réduire la quantité de matières recyclables se retrouvant dans les sites d’enfouissement.

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