La mission particulière de la police nautique
Avec un total de 12 noyades dans le fleuve Saint-Laurent depuis le début l’été, Métro est allé à la rencontre de l’escouade nautique du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), basée à Lachine, pour mieux comprendre sa mission.
Situé à l’entrée du canal de Lachine dans le nouveau parc riverain, le module nautique de la Section des patrouilles spécialisées assure la sécurité sur quatre plans d’eau autour de l’île de Montréal : le lac Saint-Louis, le lac des Deux-Montagnes, le fleuve Saint-Laurent, et la Rivière-des-Prairies.
Équipés de gilets de sauvetage, nous embarquons à bord d’un bateau pneumatique de 25 pieds pour sillonner le lac Saint-Louis.
À l’approche d’un bateau, le SPVM demande à vérifier son permis. En effet, le module veille à faire respecter la loi fédérale sur la marine marchande qui encadre les équipements obligatoires à bord des embarcations, notamment le gilet de flottaison, un sifflet, et la carte des compétences. Tout est en règle, nous pouvons continuer à naviguer.
Aux abords des berges de Lachine, une motomarine se fait interpeller pour avoir dépassé la limite de vitesse de 10km/h.
Déployées sur 270 km de rivage de Pointe-aux-Trembles à Sainte-Anne-de-Bellevue, les deux équipes de la patrouille spécialisée se chargent aussi de la recherche des personnes disparues dans les quatre plans d’eau qu’elles desservent.
«Une noyade de plus, c’est une noyade de trop.»
Parmi ses activités, l’escouade nautique du SPVM procède à de nombreuses opérations de sauvetage de personnes ou d’embarcations en détresse.
Cet été, le superviseur nautique, Karim Akesbi, recense douze noyades dans le fleuve. «Mais la saison n’est pas terminée», souligne-t-il. En 2021, le Sergent Akesbi déplore «une année catastrophe» avec 28 noyades.
La baisse du nombre de noyades est tout de même rassurante. «On espère que le message qu’on passe commence à faire effet», déclare M. Akesbi.
Le superviseur nautique note une plus grande fréquence de noyades dans le secteur des rapides de Lachine. Les causes varient beaucoup, mais impliquent souvent les courants forts qui emportent les nageurs ou les usagers de planches à pagaie. Le sergent cite aussi des problèmes de santé mentale à la source des noyades.
La recherche des personnes dépend beaucoup du courant et de sa vitesse, propre à chaque secteur. «On sait par expérience qu’une personne qui tombe à l’eau, ça va prendre tant de temps – s’il demeure en surface – pour se rendre à tel endroit» explique-t-il.
Pendant l’hiver, la patrouille spécialisée soutient les postes de quartier avec la sécurité routière. Toutefois, les chaloupes sortent une douzaine de fois sur la glace «minimum» à la recherche de personnes disparues.
En collaboration avec d’autres unités
Son plus gros enjeu, c’est le manque de «ressources humaines». «En tant que policier, on aimerait être là pour chaque sauvetage, prévenir chaque événement», souligne Karim Akesbi.
Et pourtant, l’escouade nautique n’est pas seule à mener des opérations de sauvetage; la patrouille travaille main dans la main avec la Garde côtière canadienne, le Service de sécurité incendie de Montréal, la Sûreté du Québec, et Urgences-santé. Dans le cas d’un incident maritime, ce sont les premiers arrivés sur les lieux qui interviennent, que ça soit le SPVM ou la Garde côtière. Les deux unités se soutiennent dans les opérations de recherche, de sauvetage et de remorquage.
Depuis cet été, une nouvelle collaboration avec Urgences-santé permet aux premiers intervenants d’embarquer avec le SPVM. Selon le commandant de la patrouille spécialisée, Jonathan Chase, Urgences-Santé « voulait trouver une façon d’arriver plus rapidement sur l’eau pour venir en aide aux citoyens.» « Ça nous permet de sauver des vies », conclut-il.
En retour, Urgences-santé donnera une formation aux agents nautiques du SPVM.