Ryan Gosling, au-delà de l’image
Ryan Gosling retrouve le réalisateur de Blue Valentine Derek Cianfrance dans The Place Beyond the Pines.
Une chose est sûre : Ryan Gosling et Derek Cianfrance sont sur la même longueur d’onde. «Lors du tournage de Blue Valentine, se souvient l’acteur, j’avançais une théorie un peu farfelue qui disait que je pourrais braquer une banque et m’en sortir sans problème. Que la prison ne me faisait pas peur. Derek m’a regardé en me disant qu’il écrivait justement un film à ce sujet. Il fallait le faire ensemble.»
Dans The Place Beyond the Pines, Gosling personnifie Luke, un cascadeur à moto tatoué qui découvre qu’il a un jeune fils issu d’une ancienne relation. Pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille et se rapprocher de son ancienne flamme (jouée par Eva Mendes), il se met à cambrioler des banques. On réalise ensuite les répercussions des gestes posés par Luke.
«C’est un film sur les conséquences, explique Gosling. Ce gars-là, c’est un ramassis de clichés masculins : les muscles, les tatouages, la moto, les fusils, les couteaux… Il réalise que tout ça ne fait pas pour autant de lui un homme. Il n’est qu’un être superficiel sans grande profondeur.»
L’acteur n’a pas fait un grand travail d’introspection pour ce rôle. «Luke est un homme tout en surface, qui est confronté à son manque de profondeur, indique l’acteur. J’ai tâché de ne pas trop réfléchir en l’incarnant.»
Le film débouche finalement sur quelque chose de beaucoup plus profond qu’on pourrait l’imaginer. Malgré tout, Gosling devait rester dans le moment présent. «J’ai essayé de ne pas trop penser aux développements ou aux thèmes que le film souhaite aborder. Derek veut que tout soit très naturel, qu’on n’anticipe pas les réactions et les émotions, mais qu’on les vive sur le coup, tout simplement.»
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Ce réalisme s’exprime jusque dans les petits détails, comme le tatouage d’un couteau ensanglanté qui jouxte l’œil gauche du personnage joué par Gosling. «Avec les tatouages, nous voulions montrer l’aspect impulsif de Luke, qui vit sans penser aux conséquences de ses actes, raconte le Canadien. Quand on m’a fait le tatouage sur le plateau, je me disais que c’était stupide. Que je ne pouvais pas faire ça! Puis Derek m’a dit que c’était sans doute la réaction de plusieurs personnes s’étant fait tatouer le visage.» En fin de compte, ce petit couteau l’a sans doute poussé à incarner davantage son personnage. «Je ne voulais même pas me regarder dans le miroir. Je tenais Tony Pizza (l’enfant qui jouait mon fils) et j’avais honte d’être son père.»
Gosling ne tarit pas d’éloges envers le cinéma de Cianfrance qui a, toujours par souci d’authenticité, tourné son film en très longues séquences. Pour les scènes de cambriolage, il a demandé à Gosling de «sévir» avec les vrais employés et clients des institutions. Pas toujours une bonne idée… «Je regardais autour de moi et je voyais tout le monde sourire et sortir son cellulaire, indique l’acteur. Ils s’amusaient. Derek me blâmait et me disait que je n’étais pas assez terrifiant.»
Ce n’est pas une surprise si les acteurs aiment travailler avec Cianfrance, qui encense aussi ses protégés. «Ce qui est génial avec Derek, c’est qu’il n’indique pas dans le scénario les émotions que le personnage doit ressentir, explique Gosling. En arrivant sur le plateau, on n’angoisse donc pas à l’idée de devoir refléter des émotions spécifiques. Elles arrivent naturellement. La majorité de ces émotions ont été pensées par Derek, mais sur le coup, vous avez l’impression qu’elles viennent de vous. Il vous fait sentir comme un génie. En fin de compte, on ne sait plus de qui l’idée vient. Ça devient une collaboration. Davantage que sur bien des plateaux.»
The Place Beyond the Pines
En salle dès vendredi