Marcher au nom du mieux-être des aînés
Ce samedi 1er octobre, les citoyens de toutes les générations sont invités à participer à une marche du mouvement Habitats, mouvement citoyen et création de l’organisme Un et un font mille, qui prône «l’agir ensemble» pour le mieux-être des aînés. Question d’en savoir un peu plus sur la cause, Métro s’est entretenu avec l’instigateur du mouvement, François Grisé, et la co-porte-parole, Louise Deschâtelais.
Comment voulons-nous habiter notre vieillesse?
C’est la question posée par le mouvement Habitats aux personnes préoccupées par les enjeux du vieillissement et motivées à propulser ensemble leurs réflexions en actions concrètes aux bénéfices du mieux-être des aînés.
François Grisé, fondateur d’Un et un font mille et du mouvement Habitats, fait partie de ces gens. À la source de cet engagement envers la cause, un événement marquant: en 2012, ses parents ont été placés dans une résidence pour aînés.
Un choc a suivi, soit celui de voir ses parents confrontés à cette réalité qu’ils n’ont pas choisie et marquée par l’isolement. Puis, de ce choc a germé une idée.
«Pour moi, qui avais à ce moment-là 43 ans, je pouvais comprendre le malheur de mes parents, mais je me suis dit que la seule façon de le savoir, c’est de le vivre», a-t-il expliqué lors d’une entrevue téléphonique avec Métro. C’est ainsi que François Grisé s’est retrouvé à vivre pendant un mois dans une résidence pour aînés.
De cette expérience immersive est née la pièce de théâtre documentaire Tout inclus «qui amène de l’attention» sur les nombreux défis de la vieillesse, précise l’artiste multidisciplinaire.
«Aller un peu plus loin»…ensemble
«Après la création de Tout inclus, j’ai ressenti le besoin d’aller un peu plus loin et de poser les questions différemment. Dans les rencontres qu’on a eues avec le public après les représentations, souvent, on se rendait compte que les gens avaient plein de questions, plein d’idées, plein de connaissances, de réflexions autour des nouvelles réalités du vieillissement qui sont les nôtres. Ça m’a donné l’idée de créer le forum Habitats, qui est devenue le mouvement Habitats», a précisé François Grisé.
Grâce au mouvement Habitats, une vitrine est ainsi offerte aux différents et nombreux acteurs qui agissent pour les mieux-être des aînés à travers l’organisation d’activités. M. Grisé espère de cette façon inciter les citoyens à se rassembler, à échanger et à concrétiser ensemble leurs idées ou solutions «pour changer les choses».
«On vit dans un monde où il y a aura plus de vieux que de jeunes. C’est du jamais vu. C’est vrai que c’est une richesse et que c’est le fruit de toutes sortes de mesures et d’actions prises par nos sociétés privilégiées. Agissons et voyons comment on peut avoir de l’imagination pour effectuer les changements que ça demande.»
«Rester vivant»
«Je vais faire un vilain jeu de mots, mais moi, le mouvement Habitats, ça m’habite parce je suis une aînée moi-même, lance d’entrée de jeu la co-porte-parole du mouvement Habitats et comédienne, Louise Deschâtelets. Je n’ai besoin de rien parce que je suis en forme et je travaille encore. Je suis une maudite chanceuse, mais je connais plein de gens autour de moi qui ne sont pas dans la même situation. Comme le gouvernement ne fait pas cette réflexion, un mouvement comme Habitats est quelque chose d’important.»
Son implication dans une telle cause souligne également l’importance pour les aînés de «rester vivants», de leur rappeler leur place dans la société à titre de citoyen à part entière.
«Ce n’est pas parce que tu es un aîné que tu t’assoies sur ta chaise berçante et que tu regardes le monde en passant, que tu es finis. Tu as encore un rôle à jouer, qui est celui spécifique de faire savoir que tu existes, que tu as participé à bâtir ta société et que tu as le droit qu’on ne t’oublie pas. Mais pour qu’on ne t’oublie pas, tu n’as pas le droit de te retirer.»
Un «chien de garde»
Louise Deschâtelets estime également que ce mouvement a le véritable potentiel de devenir «le chien de garde de ce que les gens veulent»: «protéger les aînés qui ne sont pas en santé et qui ont besoin de soins quotidiens, écouter les aînés qui veulent rester chez eux parce qu’ils en auront la possibilité».
«Les CHSLD doivent continuer, mais les CHSLD ne veulent pas dire: « parker » les aînés à trois ou quatre par chambre jusqu’à la fin de leurs jours en les mettant à risque d’attraper des maladies comme la COVID-19 ou de ne pas avoir les soins requis».