La barre
Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.
Station Laurier. Direction Côte-Vertu. Vendredi, 13 h 30.
C’est une scène simple, mais tellement jolie.
Elles sont une dizaine, ont moins de vingt ans et forment un petit groupe homogène. Elles sont mignonnes, menues, délicates. Longilines, disciplinées et droites.
Ces jeunes filles discutent. Elles font éclater des rires ou encore laissent s’échapper de leurs discussions des commentaires plus sérieux. Que ce soit au sujet de la blessure au genou de Claire ou des exigences démesurées d’un professeur tyrannique.
Je me suis alors souvenue que les Grands Ballets canadiens avaient pignon sur rue à quelques entrechats de la station de métro où je me trouve.
Ceux qui la connaissent savent qu’aux murs de ses quais sont fixées des barres d’appui afin que les usagers puissent y accoter leurs corps fatigués. C’est le long d’une de ces rampes que la troupe s’est agglutinée.
Et, machinalement, la plupart des jeunes femmes se sont amusées à se servir d’elle pour exécuter des étirements ou pour y poser le talon tout en se tenant sur la pointe de leur autre pied.
Ces ballerines avaient peut-être une activité «para danse» à l’agenda. Ou encore avaient décidé de prendre l’après-midi de congé afin de prolonger un peu le week-end. Peu importe, une chose est certaine : si les filles étaient sorties de leur école ce jour-là, le ballet, lui, ne les avait pas quittées.
Quand le métro est arrivé, elles se sont suivies, toujours avec grâce. Le cou allongé et le port de tête altier, les bras valsant doucement le long de leurs corps. Elles sont entrées dans le wagon comme elles se seraient engagées sur scène.
Ne manquaient que les tutus.
Ou cet air de Tchaïkovski… qui m’est resté en tête toute la journée.