La puissance du doute
L’homme qu’on aimait trop, le dernier film d’André Téchiné, est consacré à l’affaire Agnès Le Roux, irrésolue depuis 1977.
1977. Agnès Le Roux, héritière du palais de la Méditerranée de Nice, disparaît. Pour sa mère Renée, il n’y a aucun doute: Maurice Agnelet, son ex-avocat et amant de sa fille, est coupable du meurtre. Pendant plus de trente ans, elle s’acharnera à faire entendre sa vérité malgré l’absence de preuves. Ce fait divers et ce combat, André Téchiné les transpose dans un drame familial et passionnel incarné par Catherine Deneuve et Guillaume Canet. Le cinéaste dissèque pour Métro son travail d’adaptation.
Le rejet du polar
«J’ai assez vite balayé l’enquête de mon scénario. Je laisse ça aux émissions comme Faites entrer l’accusé, qui font ça très bien. Je m’intéressais davantage aux portraits de Renée Le Roux, Maurice Agnelet et Agnès, et à l’évolution de leurs relations qui aboutira à ce procès sans fin. C’est l’humain qui primait.»
«Le film est une retranscription très fidèle de la réalité. Enfin, de ce qu’on en sait, car le meurtre n’a jamais été résolu, et le corps d’Agnès, jamais retrouvé.» – André Téchiné
La vérité avant tout
«J’ai bénéficié de beaucoup de documentation pour écrire mon scénario: des extraits du procès, des enregistrements sur bandes qu’Agnelet faisait pour chacune de ses conversations téléphoniques, des livres comme L’homme qu’on n’aimait pas, le journal intime d’Agnès Le Roux et les lettres qu’elle adressait à son amant… Le film est une retranscription très fidèle de la réalité. Enfin, de ce qu’on en sait, car le meurtre n’a jamais été résolu, et le corps d’Agnès, jamais retrouvé.»
L’absence de jugement
«Je ne voulais surtout pas faire un film à charge: ce n’est pas à moi de dire si Agnelet est coupable ou non. J’ai travaillé avec Jean-Charles Le Roux, le fils de Renée et le frère d’Agnès, qui, lui, est convaincu de la culpabilité d’Agnelet, mais je ne voulais pas donner de verdict. C’est la puissance du doute qui me plaisait.»
L’apport de Maurice Agnelet
«Guillaume a beaucoup parlé avec Maurice Agnelet: certains dialogues sont des retranscriptions exactes de ce qu’il lui a dit. Moi, je ne l’ai pas rencontré, mais sa version m’intéressait. Agnelet nous a laissés complètement libres, n’a rien exigé contre sa collaboration. De toute façon, je ne voulais surtout pas le diaboliser, mais le montrer comme un Don Juan tragique.»
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L’homme qu’on aimait trop
En salle dès aujourd’hui.