Une utopie pour rêver, une réalité à avaler
Les lignes directrices pour encadrer le développement du secteur Henri-Bourassa Ouest ont évolué… pour accommoder le promoteur qui a été à l’origine de la vague de protestation citoyenne du printemps 2012.
La présentation du programme particulier d’urbanisme pour le secteur Henri-Bourassa Ouest (PPU), le 10 juin dernier, a été une rencontre à la fois heureuse et décevante. La bonne nouvelle est que l’analyse de la circulation a démontré la faisabilité de passer de huit à six voies sur le boulevard Henri-Bourassa, une solution qui sécurise et humanise ce boulevard sérieusement détérioré. La mauvaise nouvelle est que le PPU ne respecte pas les engagements pris par l’arrondissement à la suite du processus consultatif de l’été 2013.
Floués ?
Plusieurs citoyens présents ont remarqué que la densité accordée au terrain appartenant actuellement à Construction Musto est passée de 80 à 105 logements à l’hectare, une densité supérieure à celle du Plateau Mont-Royal.
Cette densité autoriserait la construction d’un minimum de 401 condominiums ne répondant pas aux besoins des jeunes familles dans le quartier. Pour faire avaler cette pilule, l’arrondissement promet que les développements à long terme auront une densité plus faible, un scénario peu probable puisqu’il dépend des éventuels déménagements du centre de détention Tanguay et du centre de service de la SAAQ. En attendant ce rendez-vous utopique, réveillons-nous à la réalité de demain. Le promoteur obtient des avantages concrets à court terme alors que les citoyens doivent se contenter de l’illusion qu’un jour, peut-être, un vrai quartier émergera.
Rappelons que le développement de cette parcelle pose de nombreuses questions. Où iront les enfants alors que les écoles de quartier débordent déjà? Où seront les espaces verts qui devraient accompagner un tel développement? Que se passera-t-il dans ce cul-de-sac adossé à une prison ?
En bout de ligne, des deux options proposées aux citoyens au mois de juin 2013, l’arrondissement aura choisi de n’en retenir aucune. Il va sans dire que le programme présenté hier aurait été rejeté sans équivoque lors des consultations préliminaires.
Le PPU est un formidable outil pour le développement futur du secteur, mais on ne peut pas sacrifier une vision d’ensemble pour accommoder, à très court terme, un promoteur insensible aux besoins de la population locale.
Prendre position pour éviter le pire
L’arrondissement Ahuntsic-Cartierville devra sous peu entériner le PPU. Comme citoyens du quartier et au nom de la préservation de la qualité de vie, nous disons ceci : Oui pour le respect du consensus citoyen de 80 logements à l’hectare pour la parcelle des anciens garages du MTQ. Oui pour un boulevard Henri-Bourassa à échelle humaine. Non à une densité qui accommode un promoteur au détriment de la volonté citoyenne.
Nathalie Cloutier ; Maurice Carrier ; Luc Villandré ; Alain Villandré ; Diane Thibodeau ; Olivier Gilbert ; Céline Carrière : Jean-François Beyries ; Guillaume et Élodie Lemanceau : Estelle Garde ; Patrick Aguiar (résidants du quartier)