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Situation d’urgence et Mise à nu: des docus signés Pimiento

Photo: François Léger-Savard

La boîte de production montréalaise Pimiento a sillonné la planète avec des séries telles Amérikologie et Afrikologie. Les «Pimientistes», comme on surnomme les employés de la maison, se sont aussi rendus au Venezuela, où ils ont tourné le percutant documentaire Miss inc, dédié à l’univers des concours de beauté. Au cours des prochains jours, l’équipe, menée par le fondateur et président Orlando Arriagada, fera voir une autre facette de sa folle passion pour le documentaire. Ou plutôt, deux facettes. D’abord, la production Situation d’urgence, qui décortique le travail hyper stressant des ambulanciers. Puis, Mise à nu, une série où les intervenants se dénudent, au propre comme au figuré.

Pimiento Situation d'urgence © Daniel Tufan
Situation d’urgence
Pour Orlando Arriagada, la sortie quasi simultanée de Situation d’urgence et de Mise à nu, deux séries qu’il chapeaute en tant que producteur (et coréalisateur en ce qui a trait à la seconde) représente un «changement de cap» pour Pimiento. Jusque-là, note-t-il, la maison de production dont il est le président, et qui a vu le jour à Montréal en 2007, était en effet «identifiée beaucoup à des œuvres sociales et politiques». «Mais aujourd’hui, il y a de moins en moins de place à la télévision pour ce genre de documentaires lamentablemente. Euh, ça c’est en espagnol, je veux dire malheureusement!»

Malgré tout, le créatif et chaleureux producteur d’origine chilienne remarque que Situation d’urgence, une série d’action, «semblable à ce qu’on voit à la télé américaine», n’est guère aussi éloignée que certains pourraient le croire de ses premières amours. Car le tout met en vedette «des héros de la société qui sont parfois malmenés», selon lui. À savoir les ambulanciers du Québec. «C’est un métier qui est très, très important pour la communauté! Ça touche presque au niveau politique!»

La première saison ne commence que mardi soir; pourtant, Canal D en a déjà commandé une seconde, dont le tournage débutera bientôt. Réalisée par Jean-Pascal Morneau, Situation d’urgence possède un rythme haletant, une ambiance tendue. Le troisième épisode, par exemple, raconte l’histoire d’un homme, «empalé sur une barre de métal», lors d’un accident de travail survenu en 2012. Un autre s’intéresse au cas de ce blessé «déchiqueté par une hélice de bateau» sur la plage de Saint-Hippolyte. Au fil des témoignages des intervenants, les diverses étapes ayant mené au tragique événement sont rejouées, suivies de l’arrivée des premiers répondants et des actions qu’ils entreprennent.

En recueillant ces récits, Orlando Arriagada a pu comprendre toute l’importance du métier d’ambulancier. Et il espère que l’effet, sur les spectateurs, sera le même. «Une fraction de seconde peut faire en sorte que ces gens sauvent ta vie ou te gardent en vie.»

À Canal D
Le mardi à 21h et 21h30

Pimiento Mise à nu © François Léger-Savard
Mise à nu
Orlando Arriagada se dit encore surpris. Surpris de la facilité, de la simplicité, avec laquelle les intervenants de cette minisérie de quatre épisodes, consacrés chacun à une partie du corps humain, dont les seins et les fesses, se sont confiés à la caméra. Car en se lançant dans ce projet, préparé en collaboration avec Canal Vie, il s’attendait à rencontrer nettement plus d’obstacles. De la gêne, de la timidité. Il attend encore.

Le résultat de l’entreprise, qui aurait pu s’avérer délicate, est sensible, soigné. Sur un fond blanc, dans un éclairage lumineux, des femmes et des hommes de tous les âges, ainsi que d’origines et d’orientations sexuelles différentes, se confient sur leur rapport avec la «partie intime en vedette». Certains, rares, portent un t-shirt blanc, ou un boxer, mais la plupart sont en tenue d’Ève ou d’Adam. Il faut dire qu’Orlando, qui coréalise la série avec le musicien et acteur Luis Oliva, son complice de longue date, avait un mot d’ordre: «sobriété». Pas d’artifices. «Sans être sensationnalistes, les histoires sont assez fortes pour qu’on n’ait pas à mettre davantage d’images ou d’explications», dit-il.

La formule est idéale, surtout que les intervenants, impeccablement choisis, sont tantôt émouvants aux larmes, tantôt tordants (Orlando salue d’ailleurs le travail de la recherchiste Caroline Langlois). On pense à ce jeune homme qui, dans l’épisode consacré au pénis, s’étonne de voir «son poil qui, en vieillissant, comme un explorateur du Nouveau Monde, s’en va de plus en plus loin». Ou à cet autre qui lance, tout bonnement, qu’il refuse «de comparer son membre mou avec un autre membre mou». «Ce n’est pas nous qui les avons amenés dans cette direction, se souvient Orlando. Ce n’est qu’après, en salle de montage, qu’on s’est rendu compte qu’il y avait une touche d’humour dans les témoignages. Une légèreté même. C’était surprenant.»

Le producteur confie qu’avec son équipe, il pense désormais que ces quatre épisodes pourraient «servir dans les cours d’éducation sexuelle». Et lui, a-t-il appris quelque chose? «Oh oui! lance-t-il d’emblée. Je viens d’Amérique du Sud, où parler de sexualité ou de ses parties intimes, pour les gens de ma génération, c’était plus tabou. Ça a été une surprise très agréable de voir tous ces gens qui vivent leur sexualité de façon plus ouverte et plus libre aujourd’hui.»

À Canal Vie
Le mardi à 20h dès le 10 novembre

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