Une prière de musulmans dans la rue à Montréal? Ce qu’on oublie de mentionner…
Bon, ça asteure.
Dans cette pétition, qui a recueilli près de 6900 signatures, on s’insurge contre un événement ayant eu lieu à Montréal le 7 juin. On affirme qu’il y a eu une «prière de rue» où on «appelait tout le monde à la prière et on récitait des versets coraniques en arabe».
«Des pratiquants de l’islam qui nous imposent des appels à la prière en plein centre-ville et avec des haut-parleurs diffusant des «allah akbar», nous n’en voulons pas. Nous trouvons dangereux et imprudent que des gens vantent en public les mérites de leur religion en la comparant aux autres», écrit-on.
On demande ensuite au maire de Montréal, Denis Coderre, d’arrêter de permettre ce genre d’événement.
En passant, la photo qui accompagne la pétition provient d’un événement qui a eu lieu à New York. Pourtant, la pétition renvoie à cet article du journal Métro, qui avait justement envoyé une photographe à l’événement en question. Pourquoi ne pas avoir pris une photo du vrai événement? Parce que ceci:
Ah. Ouain. Ça a plus l’air d’un barbecue qu’autre chose, finalement. Ça ne fait pas assez peur.
L’événement était en fait une célébration de l’iftar, le repas consommé au coucher du soleil pour casser le jeûne du Ramadan. Et voici ce qui est le plus drôle: l’événement a été organisé en partie par… l’Église unie St-James, une église chrétienne protestante. La cérémonie a même eu lieu sur son parvis (et non dans la rue). Et tout le monde était invité, musulmans et non musulmans.
La malhonnêteté de l’auteur de cette pétition ne s’arrête pas là! Dans la pétition, on renvoie à ce reportage vidéo de la chaîne anglophone CTV.
Les deux premiers intervenants sont Michael Banks, un chrétien orthodoxe qui n’est pas musulman, mais qui pratique tout de même le Ramadan, et la révérende (l’équivalent protestant de prêtre) Paula Kline, elle-même probablement pas musulmane, on s’entend. «La diversité, ce n’est pas juste tolérer l’autre, c’est aussi célébrer l’autre», lance-t-elle.
Donc, non, il n’y avait pas seulement des musulmans à cet événement. La pétition ne mentionne aucunement qu’il s’agissait d’une célébration multiculturelle, organisée en partie par des chrétiens, et ayant lieu sur le parvis d’une église chrétienne, de surcroît.
Mais ça, non plus, ça ne fait pas assez peur.
Et qu’en est-il de cette idée de ne pas organiser des célébrations à caractère religieux sur l’espace public? C’est drôle, l’inspecteur viral ne se rappelle pas d’avoir vu des objections à celle-ci.
C’est une photo prise par notre photographe pendant la chapelle ardente de l’impresario René Angelil, à Montréal, en janvier. Une cérémonie à caractère religieux (c’était dans la Basilique Notre-Dame, après tout!) qui a eu lieu en partie sur le parvis d’une église. On a même bloqué la rue!
Certains diront, «oui mais, inspecteur, il y avait des prières à l’événement musulman, mais c’est pas parce qu’on va à des funérailles qu’on est croyant.» Et l’inspecteur répondrait: exactement.
On comprend que des cérémonies chrétiennes, comme des funérailles ou des mariages, ne servent pas nécessairement à faire la promotion de la religion, même s’il y a un prêtre et des prières. On y va parce que ça fait partie de la vie. On n’en a pas peur parce qu’elles nous sont familières.
Mais quand c’est une cérémonie musulmane, ah bien là, c’est clairement automatiquement du prosélytisme! Vous croyez qu’il est impossible que certains musulmans y aillent et disent quelques prières, simplement parce que ça fait partie de la vie, sans nécessairement être super croyant?
Pourquoi est-ce bon pour un mais pas pour l’autre?
«Monsieur le Maire, nous sommes consternés et nous vous demandons de bien vouloir nous informer à ce sujet. Était-il permis de le faire? Allez-vous continuer à permettre ce type de célébrations publiques (sic)? Car nous, nous n’en voulons plus», écrit-on dans la pétition.
Si vous ne voulez plus de «ce type» de célébration publique, il faudrait être conséquent et s’insurger aussi contre les funérailles publiques chrétiennes.
Mais, non, ça, ça ne fait pas assez peur.