Saint-Léonard compte interdire le pot dans l’espace public
Le cannabis sera légal au pays le 17 octobre, mais Saint-Léonard compte imposer une réglementation très rapidement afin d’en interdire la consommation dans l’espace public.
Les fumeurs de pot devraient ne pas avoir d’autre choix à Saint-Léonard que de le consommer dans un espace privé.
«Notre volonté est de mettre en place un règlement similaire à celui qui encadre l’alcool le plus rapidement possible sur le territoire», assure Dominic Perri, élu de Saint-Léonard.
Bien qu’il ne sera pas adopté à temps pour l’entrée en vigueur de la loi canadienne, ce règlement d’arrondissement devrait devenir effectif dans un délai «d’un mois ou un mois et demi», indique l’élu. Ce dernier justifie cette position par les préoccupations des résidents et des parents de jeunes enfants, inquiets de voir les fumeurs de cannabis investir les parcs et les rues près des écoles.
«Les parents ne veulent pas que leurs enfants soient exposés à la fumée de cannabis», indique Dominic Perri, qui ne cache pas s’être opposé dès le début au principe de la légalisation.
La ville de Québec et l’arrondissement de Saint-Laurent ont déjà pris une disposition similaire, avant même l’entrée en vigueur de la loi.
Selon M. Perri, les arrondissements ont le pouvoir d’opérer de tels règlements, tout en respectant la loi. La diminution des nuisances est une de leurs prérogatives, et la consommation de cannabis dans l’espace public entre dans ce cadre.
D’autres arrondissements, comme Montréal-Nord, Pierrefonds-Roxboro et Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, dirigés par des élus d’Ensemble Montréal, l’opposition officielle à la Ville de Montréal, pourraient suivre ce mouvement. Des représentants de ces arrondissements ont tenu une conférence de presse afin d’interpeller l’administration Plante.
L’administration Plante, de son côté, s’appuyant sur la loi adoptée par le gouvernement défait de Philippe Couillard, entend encadrer la consommation récréative du cannabis de la même façon qu’elle le fait pour le tabac, à quelques exceptions près.
La mairesse présentera son plan d’action la semaine prochaine après avoir effectué des vérifications auprès de l’équipe de M. Legault sur ses orientations.
Les commerçants globalement favorables à l’interdiction
Sur la rue Jean-Talon Est, les commerçants accueillent favorablement l’idée d’une interdiction dans l’espace public.
Hamid, propriétaire du bazar Ali Baba Aubaines, est opposé «à ce qui nuit à la santé».
«On m’a proposé de vendre des ustensiles pour les fumeurs, mais j’ai refusé. Je pourrais faire de l’argent, beaucoup d’argent avec ça, mais je ne veux rien savoir. Même des chichas, je n’en vends pas», explique-t-il.
Le gérant du Marché Kohinoor rejoint son point de vue.
«Il y a des enfants et des mineurs dans les rues. C’est mieux pour eux s’il n’y a pas de fumeurs. Qu’on laisse ça dans l’espace privé», dit-il.
La possibilité d’adopter un règlement similaire à celui de la cigarette est cependant une alternative qui peut être admise par certains autres commerçants.
«Ce qui me dérange dans la possibilité de fumer du pot dans l’espace public, c’est que les fumeurs peuvent flâner, rester à une place et l’enfumer, explique Mila Gros, couturière au 5975 rue Jean Talon-Est. S’ils ne font que passer en fumant dans la rue, alors ça ne me dérange pas».
Le gérant du café La Petite Fontaine est du même avis, considérant que «tant que ce n’est pas près des entrées et que ça ne dérange pas trop les gens, ça peut aller».
Malgré ces quelques nuances dans les avis, aucun commerçant ne s’est cependant plaint d’une possible interdiction.
Avec la collaboration de Mathias Marchal