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Dans la peau d’un journaliste à Lachine

Ayant prêté sa plume au «Messager Lachine & Dorval» pendant près de 30 ans, Robert Leduc est fier de constater l’impact qu’il a pu avoir sur la communauté lachinoise, qu’il a toujours à cœur. Photo: Messager Lachine & Dorval - Olivier Croteau

Lecteur depuis toujours et passionné des relations humaines, Robert Leduc a cumulé plus de 40 ans d’expérience dans le monde des médias. Aujourd’hui à la retraite, il partage quelques faits saillants de son parcours comme journaliste pour le Messager Lachine & Dorval.

Q: À quoi ressemblait votre routine quotidienne en tant que journaliste ?
R: Papier, crayons et téléphone filaire (rires). Nous étions très souvent au téléphone, à mes débuts, pour faire les entrevues. Je notais tout. Nous n’avions pas d’enregistreuses. Ça ne me faisait rien, car j’ai toujours aimé le contact humain. Je trouve que ça nous amène ailleurs. Nous étions aussi présents sur le terrain pour rencontrer les organismes locaux et aussi saluer les élus.

Q: Sur quels sujets écriviez-vous principalement?
R: Nous couvrions l’actualité, qui passait surtout par les affaires municipales. Les faits divers également. Mais je dirais que c’était important de faire du communautaire, d’être à l’écoute des organismes et de faire des portraits. Combien de gens vont chercher leur journal et se disent «woaw!» en voyant qu’on parle d’eux? C’était notre mandat, en tant que journalistes locaux, d’être à l’écoute de la communauté.

Q: Quelle serait la principale différence entre les hebdos d’aujourd’hui et ceux d’il y a 30 ans?
R: Lorsque j’ai commencé avec le Messager de Lachine, en 1987, les journaux étaient immenses. Un seul journaliste pouvait faire un journal de 36 pages. Dans les hebdos, ce qui arrivait, c’était qu’il nous fallait avoir recours à de la collaboration. C’était essentiel, car le journaliste ne pouvait pas tout couvrir à lui seul.

Q: Quelle serait, selon vous, la qualité première pour être un bon journaliste?
R: En fait, il y aurait deux qualités essentielles. Il faut d’abord avoir une grande curiosité. Une bonne curiosité, ça va de soi. Ensuite, il faut avoir une grande mémoire. C’est un autre atout dont un journaliste ne peut se passer.

Q: De quelles façons le métier a-t-il évolué à travers les années?
R: Je me souviens qu’à une époque, les gens venaient déposer leurs annonces classées directement au bureau. Elles étaient écrites à la main, sur des petits bouts de papier. Les secrétaires s’occupaient de tout compiler et de les classer avant les heures de tombée. Sinon, j’ai moi-même commencé mon métier à la «bruyante», comme on l’appelait. En 1976, alors que j’étais encore au journal du Sud-Ouest Voix populaire, je travaillais sur une vieille Underwood, avec de grosses touches. À la radio, on écrivait aussi nos chroniques à la machine à écrire.

Q: Comment s’est déroulée l’adaptation vers les nouvelles technologies?
R: J’ai eu un peu de mal au début, car je n’étais pas assez rapide. Je faisais des erreurs de touche. Quand les ordinateurs sont arrivés, on s’est mis à travailler sur des grosses machines et on enregistrait nos textes sur des disquettes. On a eu besoin de formation pour apprendre le traitement de texte et la mise en page. Mais je n’étais pas stressé. Je me suis habitué assez rapidement. Cependant, même si je suis devenu plus habile avec les courriels, j’ai toujours été plus réactif par téléphone.

Q: Comment avez-vous vécu les différents changements de propriétaire?
R: C’est certain qu’il y a eu un impact sur notre travail. Pas tant au niveau de la qualité de ce que l’on faisait, mais plutôt dans l’orientation. À un certain moment, on voulait que le journal, qui était très local, soit mis en compétition avec les grands médias. Ça n’avait aucun sens. C’est déjà mieux aujourd’hui, car on y retrouve le contenu local et ses personnalités, organismes et sportifs. C’est ça, le mandat de l’hebdo.

Q: Qu’en est-il des déménagements de bureaux?
R: Certains en ont souffert, évidemment. Ce qu’on pouvait dire des vieux journalistes, c’était qu’ils étaient très présents sur le terrain. La centralisation en a éloigné plusieurs de leurs territoires. Mais il y avait de bons côtés, tout de même. La confrérie, par exemple, c’était le meilleur dans tout cela. C’était vraiment agréable de pouvoir côtoyer mes collègues sur une base quotidienne.

Q: Pour terminer, qu’est-ce que cette carrière de journalisme vous a-t-elle apporté?
R: Je suis passionné des médias, je l’ai toujours été. Et le fait de travailler pour la communauté de Lachine m’a fait sentir extrêmement utile. Je dirais donc que c’est ce que le métier m’a le plus apporté: le bonheur de savoir l’impact que j’avais.

Robert Leduc, à son ancien bureau situé au 1015, rue Notre-Dame, à Lachine, en 1987.

Parcours

Robert Leduc a toujours su qu’il voulait devenir journaliste. «Je suis dans les journaux depuis que je suis né, révèle l’homme de 65 ans. Je viens d’une famille de commerçants qui tenaient un magasin général à Valleyfield. Je lisais tout ce qui arrivait et j’aimais déjà beaucoup les arts et la culture.»

Après des études en arts, lettres et communication au cégep de Saint-Laurent, il a complété un baccalauréat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Ce n’est qu’après s’être inscrit à la maîtrise, en 1976, qu’il est engagé à La Voix populaire, le journal de l’arrondissement Sud-Ouest.

L’année suivante, l’ancien hebdomadaire de l’arrondissement de LaSalle, Le Point, a recours à ses services jusqu’à sa fermeture, en 1979. Heureusement pour lui, il a rapidement déniché un poste à la radio de Valleyfield, en 1980, où il a travaillé pendant plus de sept ans.

Juillet 1987 aura marqué, pour l’homme de lettres, le début d’une longue carrière au sein du Messager de Lachine. Curieux de nature, le passionné de cinéma et de littérature estime aimer les gens et être constamment poussé à en savoir plus sur chacun. «Ma mère disait toujours que chaque vie est un roman», soulève-t-il.

C’est le 20 mai 2016 que Robert Leduc a levé les voiles pour prendre la direction d’une retraite bien méritée. Marié depuis 42 ans, père de deux enfants et quatre fois grand-père, l’ancien journaliste continue de s’impliquer bénévolement dans les médias à titre de chroniqueur pour CKVL 100,1 FM, la radio communautaire de LaSalle.

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