Le cirque
Après un cirque politique américain qui aura duré 4 ans, beaucoup de gens – moi inclus – prévoyaient une victoire de Biden avec une plus grande marge que ce à quoi on assiste présentement. Comme tout le monde, j’ai des biais d’affinités, donc j’ai tendance à m’entourer de gens qui pensent comme moi. Dans mon entourage, Trump n’est pas un personnage très apprécié, donc les résultats des dernières élections sont un dur rappel à la réalité, surtout avec le dépouillage des votes qui prend une éternité.
On se plaint beaucoup de 2020, en disant que c’est juste une grosse malchance, mais ce qui arrive est pourtant la conséquence de nos actions, y compris ce qui se passe aux États-Unis.
Pendant longtemps, ceux qui ont gouverné mollement et au centre ont permis à ce climat social de confortablement s’installer. Les élites libérales dont la corruption a été exposée au grand jour maintes fois ont perdu la confiance de leurs électeurs, pour ne nommer que ce facteur-là.
Je peux comprendre que n’importe qui s’affichant contre l’establishment et qui fait la promotion de politiques protectionnistes va plaire à une grosse partie de la population qui se fend en 4 pour joindre les deux bouts.
Nancy Pelosi s’adressait à la presse le 5 novembre, en disant aux démocrates de ne pas promouvoir des idées de gauche et que ça bousillerait leurs chances de contrôler le Sénat. Les démocrates n’ont pas fait campagne sur des idées très progressistes, même que Biden s’est positionné contre le Medicare pour tous, entre autres.
Ça me scie les jambes de voir que les démocrates sont prêts à utiliser les mêmes tactiques qui ne marchent pas, au lieu de se tourner vers des options plus progressistes. Rendu là, les «Dems» récoltent ce qu’ils sèment. Proposer les mêmes politiques plates et le strict minimum, ça ne mène à rien. On l’a vu avec Clinton et on le voit maintenant avec Biden qui passe avec une minuscule avance.
Je ne sais pas pour vous, mais je suis horrifiée de voir les images de gens armés devant les bureaux de comptage qui scandent des slogans pro-Trump. Quoiqu’il n’y a pas si longtemps, en plein débat télévisé, Trump disait aux Proud Boys, groupe d’extrême-droite, de se «tenir prêts». C’est cette tolérance pour ce genre de discours qui me rend anxieuse, en plus de constater qu’une bonne partie de la population pense la même chose.
Qui sait ce que ces gens sont prêts à faire pour contester une victoire de Biden?
Il faudra faire attention ici aussi. La haine et l’intolérance ne connaissent pas de frontières et il faudra les dénoncer.
Je trouve ça dommage pour les Américains de devoir choisir entre un clown d’extrême-droite et un gars conservateur et complètement insipide, mais bon, au moins le gars insipide nous fait gagner un peu de temps.