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Une manifestation pour l’ouverture des pistes de danse à Montréal

Danser dans un bar
Des jeunes adultes dans un bar. Photo: Konstantin Chagin/123RF

Des travailleurs et des clients de l’industrie nocturne se retrouveront dans les rues de Montréal le 23 octobre, lors d’une manifestation pour inciter le gouvernement du Québec à rouvrir les boîtes de nuit et les planchers de danse, et à permettre les concerts à admission générale.

Montréal est l’une des rares métropoles où on ne peut toujours pas danser légalement dans une boîte de nuit. Certaines autres provinces, comme l’Alberta et le Nouveau-Brunswick – qui connaissent présentement leur pire vague de COVID-19 depuis le début de la pandémie –, ont abandonné cette restriction au cours de l’été.

En tant que fondateur et directeur général de MTL 24/24, un organisme à but non lucratif qui analyse, structure et anime la vie nocturne à Montréal, Mathieu Grondin dénonce l’injustice dont les noctambules sont victimes en ce moment. 

«On a l’impression que les activités nocturnes sont injustement stigmatisées et discriminées, justement parce qu’on les réduit souvent à des activités festives, alors que c’est beaucoup plus large que ça», affirme-t-il.

Mathieu Grondin ne comprend pas la logique derrière les mesures sanitaires actuelles. Malgré l’instauration du passeport vaccinal au Québec et un taux de vaccination record, l’ouverture des pistes de danse n’est toujours pas à l’ordre du jour. 

«Quand on se compare à d’autres villes dans le monde où le taux de vaccination est beaucoup moindre, on aperçoit qu’elles ont déjà permis les concerts à admission générale et parfois même sans mesure sanitaire», fait remarquer M. Grondin.

En effet, le fondateur de MTL 24/24 fait ainsi référence à des villes comme Londres et Berlin, où il est maintenant possible de jouir des activités nocturnes.

Dans les autres provinces canadiennes, les mesures ont aussi été ajustées ou levées afin de permettre les rassemblements et la danse à l’intérieur. Pourquoi est-ce différent au Québec? Pour M. Grondin, la question reste sans réponse pour le moment. 

Un peu tout le monde s’est fait prendre les culottes à terre avec le passeport vaccinal parce que toutes les salles de spectacle avaient booké des shows à pleine capacité en se disant que le passeport vaccinal serait un passeport vers la liberté. De toute façon, c’est ce qu’on nous avait vendu et ce qui a été fait ailleurs dans le monde.

Mathieu Grondin, fondateur de MTL 24/24

Une manifestation prévue le 23 octobre

Les acteurs de l’industrie nocturne ont carrément l’impression d’être «ignorés» par le gouvernement du Québec.

«Les appels qu’on a essayé de faire pour entrer en discussion avec les différents secteurs du gouvernement québécois et la Santé publique sont restés lettre morte depuis quelques mois», déplore-t-il.

C’est pourquoi des propriétaires de boîtes de nuit, dont STEREO MONTREAL, organisent une manifestation le 23 octobre prochain afin de faire pression sur les autorités. Le rassemblement se tiendra de 14h à 20h et débutera au coin des rues du Parc et Duluth. 

«Quand il n’y a plus d’écoute, quand la ligne reste morte, tout ce qui reste, c’est prendre la rue et faire du bruit pour obtenir l’attention des médias», laisse tomber Mathieu Grondin, qui appuie la manifestation.

Alexandre Leblanc, un danseur et amoureux de la vie nocturne de 22 ans, compte participer à la manifestation pour dénoncer certaines «contradictions» du gouvernement.

«Si on peut avoir des restaurants où personne ou presque ne respecte les normes, pourquoi est-ce qu’un club où on pourrait établir peut-être plus de règlements, on ne pourrait pas l’ouvrir pour danser?», demande-t-il.

La danse occupe une place importante dans la vie d’Alexandre Leblanc, qui étudie d’ailleurs à l’école de danse contemporaine de Montréal. «Ce n’est pas seulement des soirées de débauche, ce sont des soirées durant lesquelles on fait des rencontres. On danse, on s’amuse et ce sont des beaux moments», ajoute-t-il.

De son côté, le ministère de la Santé indique être au fait des revendications des intervenants du milieu des bars et de la danse. «Des réflexions sont en cours quant à l’ajustement des différentes mesures sanitaires. Des annonces seront faites en temps et lieu, en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique», précise la porte-parole Marie-Louise Harvey par courriel.

Craintes de conséquences néfastes

Outre les pertes de revenus engendrées par la fermeture des boîtes de nuit, il y a la crainte des conséquences néfastes des soirées clandestines qui naissent de ces restrictions. 

Si ce genre d’événements existaient avant l’arrivée de la pandémie, ils ont atteint un «autre niveau», affirme Mathieu Grondin. 

«Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que ces endroits ne sont souvent pas bien adaptés à ces usages. Il manque de portes de secours en cas d’incendie, il n’y a pas assez de toilettes et maintenant on peut dire qu’il n’y aura ni passeport sanitaire, ni masque, ni distanciation», ajoute-t-il.

De son côté, Alexandre Leblanc remarque que de plus en plus de personnes fréquentent les soirées underground, notamment celles organisées par la communauté LGBTQ+ de Montréal.

«Il y a plus de gens qui ne sont pas queers qui viennent et qui crashent le party. Je suis pour les alliés LGBTQ+, mais tant et aussi longtemps qu’ils reconnaissent qu’ils sont dans un safe space pour la communauté queer, surtout la communauté trans.»

La mairesse de Montréal réagit

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, comprend la frustration des acteurs du milieu de la vie nocturne. 

«Je les comprends de s’impatienter. Je pense que tout le monde veut de la prévisibilité», a-t-elle indiqué en marge d’une conférence de presse. Or, pour le moment, les travailleurs de ce secteur sont dans le néant. 

De plus, Mme Plante pense que le passeport vaccinal est un outil de traçage utile pour permettre la réouverture des boîtes de nuit. 

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