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Des dindons sauvages se promènent en pleine ville

Un dindon sauvage voyageant avec un groupe de cinq oiseaux a été aperçu par un citoyen dans une zone industrielle de l’ouest de l’île, près du Technoparc Montréal, le 9 avril dernier. Photo: Clément Bolano, Métro Média

Les dindons sauvages sont de retour à Montréal. Plusieurs résidents ont fait part d’une rencontre avec ce gros oiseau, que ce soit à Dorval, Hochelaga-Maisonneuve ou même dans le centre-ville de la métropole. Alors que le nombre de signalements se multiplie, des questions réémergent: les dindons sauvages sont-ils dangereux? La présence de ces animaux en ville est-elle anormale?

«La pandémie a certainement pu faciliter l’accès à l’île de Montréal parce qu’il y avait moins de présence humaine dans les rues, affirme le biologiste et directeur général du Zoo Ecomuseum, David Rodrigue. Cependant, le dindon sauvage était déjà en pleine expansion depuis une vingtaine d’années, avec notamment l’adoucissement des températures, phénomène qui l’aide à avoir accès aux ressources plus longtemps en plus d’augmenter son rythme de reproduction.»

Un dindon sauvage a été aperçu dans Hochelaga-Maisonneuve sur le perron d’une résidence donnant sur la ruelle entre les avenues Aird et Bennett. Photo: Capture d’écran, Facebook

Pas de danger, mais…

David Rodrigue soutient que le dindon sauvage n’est pas dangereux pour l’être humain et qu’il est même assez inoffensif. Cependant, l’oiseau peut réagir agressivement en situation d’autodéfense, que ce soit lorsqu’un humain tente de la capturer ou lorsqu’un animal de compagnie s’approche trop près de lui. La Ville de Montréal suggère même de faire fuir le dindon avec du bruit ou encore en utilisant un objet, comme un parapluie ou un bâton, pour le tenir à distance et l’apeurer. Cette dernière méthode serait la meilleure manière de gérer une rencontre avec l’oiseau.

«Les seuls réels risques sont lorsque le mâle est en période de reproduction et qu’il va défendre le harem de femelles avec qui il se trouve. À ce moment, si on se rapproche trop de l’oiseau, il peut nous attaquer avec ses griffes et causer de sérieuses blessures. Même chose pour les animaux de compagnie; je déconseille d’approcher un groupe de dindons sauvages si on est avec un chien, par exemple», indique M. Rodrigue.

Mais pour le directeur général, le danger serait plutôt que les humains prennent l’habitude de nourrir les dindons sauvages. Cela les incite à rester dans des zones moins hospitalières, ce qui peut causer des problèmes pour la circulation automobile ou pour les cyclistes.

«Je le répète: la meilleure manière de tuer un animal sauvage, c’est de commencer à le nourrir avec notre nourriture. C’est une espèce qui s’adapte bien, et c’est certain qu’ils vont se regrouper et aller manger dans les poubelles, près des mangeoires et là où les humains les nourrissent. C’est un gros oiseau, et on peut donc dire que plus il y en a, plus il y a des risques de collisions avec des voitures, et aussi avec des cyclistes, qui ont moins de protection.»

Un dindon sur le cabanon

Quant à la présence de dindons en zones densément urbanisées, comme celui repéré lundi dans un stationnement du centre-ville de Montréal et qui a dû être évacué par le SPVM parce qu’il était incontrôlable, cela n’est pas inhabituel. Il n’est pas non plus anormal de voir des dindons perchés sur des endroits en hauteur dans certaines ruelles. Il s’agit d’un moyen d’autodéfense qu’utilise l’animal pour éviter d’être sur le sol pendant la nuit et pour limiter les cas d’attaques par des prédateurs.

Le même dindon repéré cette fois-ci sur un cabanon dans la ruelle entre les avenues Aird et Bennett. Ce dernier est décédé lundi, électrocuté sur les fils électriques après qu’il a tenté de prendre son envol. Photo: Capture d’écran, Facebook

«Les dindons sauvages se cachent en hauteur. Ils se donnent un élan et prennent leur envol pour monter dans les arbres pour se protéger des prédateurs, explique David Rodrigue. C’est une manière pour eux de se défendre, et il est tout à fait plausible que les dindons en zones urbaines montent sur un cabanon ou sur le balcon d’une propriété pour y passer la nuit.»

La faune en expansion à Montréal

En raison de la présence accrue de dindons au Québec, le gouvernement a permis de le chasser à nouveau, fixant une limite annuelle de trois dindons sauvages par citoyen. Mais il n’y a pas que les chasseurs qui bénéficient de l’augmentation de la population de dindons; c’est aussi le cas des coyotes, un prédateur naturel de plus en plus présent à Montréal, notamment dans l’est de la ville.

«Parallèlement à l’expansion de la population de dindons, les coyotes aussi se multiplient à Montréal, précise M. Rodrigue. Le coyote chasse naturellement le dindon sauvage, donc il risque d’y avoir de plus en plus de cas d’agressions entre espèces. Il faut aussi mentionner que le raton laveur va souvent voler les œufs des dindons sauvages dans leurs nids pour les manger.»

D’autres espèces connaissent également un essor démographique dans la métropole. C’est le cas du renard, alors que six renardeaux ont été aperçus au parc Jean-Drapeau le 17 avril dernier. Heureusement pour le dindon sauvage, le renard n’est pas l’un de ses prédateurs naturels. David Rodrigue rappelle qu’il est important de ne pas nourrir les renardeaux non plus parce que leur survie peut en dépendre.

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