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Legault évite de parler d’économie en ligne

François Legault en campagne électorale.
François Legault en campagne électorale. Photo: Denis Germain/Collaboration spéciale

François Legault, qui s’est souvent positionné comme le candidat de l’économie, aborde l’enjeu moins souvent que tous ses adversaires au poste de premier ministre lorsqu’il est en ligne, selon les données de la Chaire de leadership en enseignement des sciences sociales numériques de l’Université Laval (CLESSN).

Après avoir compilé toutes les publications sur Twitter des chefs du 1er juillet au 14 septembre, les chercheurs ont trouvé que M. Legault avait parlé 28 fois d’économie. En comparaison, Paul St-Pierre Plamondon a écrit sur le sujet 39 fois, Éric Duhaime 54 fois, Gabriel Nadeau-Dubois 62 fois et Dominique Anglade un grand total de 89 fois.

En tout, M. Legault se penche sur cet enjeu dans seulement une publication sur dix (12 %), alors que le sujet occupe le quart (26 %) des communications sur Twitter de Mme Anglade.

Dans sa plateforme, la Coalition avenir Québec (CAQ) présente cinq promesses concrètes liées explicitement au coût de la vie, calcule la CLESSN. C’est moins qu’au Parti libéral (PLQ), dont la plateforme compte «19 engagements qui sont liés au moins rhétoriquement» à cette question, souligne le chercheur Alexandre Fortier-Chouinard. Québec solidaire et le Parti conservateur en ont chacun deux, et le Parti québécois n’avait pas encore dévoilé sa plateforme complète au moment de compiler les résultats.

Un choix impossible

Alors que l’indice des prix à la consommation a grimpé de 7,6 % en juillet dernier (et pas moins de 8,1 % en juin), que le prix de l’essence a atteint des sommets et que la Banque du Canada vient de relever son taux directeur à 3,25 %, le coût de la vie est anxiogène pour de nombreux Québécois. Un sondage Léger publié mercredi indique même que les finances personnelles et l’inflation sont les deux plus grandes sources de stress dans la province, déclarées par 19 % et 17 % des répondants, respectivement.

Cette réalité pourrait nuire à M. Legault, selon des experts.

«De façon générale, quand l’économie va bien, le gouvernement sortant fait mieux que quand l’économie va moins bien, peu importe sa responsabilité dans la gestion de l’économie», explique le professeur adjoint à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke Jean-François Daoust.

Les causes de l’inflation sont multiples et dépassent parfois les frontières québécoises, la pandémie et l’invasion de l’Ukraine par la Russie étant parmi les plus citées. Mais ce genre de considérations n’a souvent que peu de poids sur les électeurs, selon le Pr Daoust.

Quand un gouvernement sortant se retrouve dans une telle situation, «il peut avoir différentes stratégies, indique-t-il. La plus intuitive, disons, c’est de dévier le sujet, donc de parler d’enjeux qu’on maîtrise davantage (…), mais il y a d’autres stratégies qui peuvent être efficaces, par exemple dire qu’en fait, si l’économie va mal, c’est parce qu’on a eu des bâtons dans les roues» de la part de l’opposition ou d’un autre palier de gouvernance.

Dans le débat du Face-à-face de TVA, jeudi soir, «le premier ministre Legault mettait surtout l’emphase sur ce qu’il percevait comme de bons côtés de l’économie, remarque la professeure adjointe de science politique à l’Université Laval Shannon Dinan. Par exemple, il a souvent parlé de la pénurie de main-d’œuvre comme si c’était un atout pour l’économie et la croissance économique, au lieu de s’attarder trop sur l’inflation comme d’autres partis, par exemple le PLQ».

S’il peut s’agir d’un sujet épineux pour le gouvernement sortant, pour les partis d’opposition, «c’est dans leur intérêt de faire de l’économie un enjeu visible», explique-t-elle.

Le parti de l’économie

Le Pr Daoust ne va toutefois pas jusqu’à dire que l’économie est le talon d’Achille de M. Legault. Si auparavant le PLQ était considéré comme étant «le parti de l’économie, dit-il, depuis une dizaine d’années, et surtout depuis 2018, cette attitude favorable des citoyens s’est effritée» et maintenant les deux formations politiques, CAQ comme PLQ, se partagent la distinction de manière plus ou moins égale.

«Je ne crois pas que François Legault est si désavantagé que ça en parlant d’économie (…), mais la CAQ fait encore mieux dans certains autres domaines» comme l’immigration, précise-t-il.

De plus, les électeurs pour qui l’économie est l’enjeu le plus important tendent beaucoup plus à voter pour la CAQ que tout autre parti, qu’ils soient de gauche ou de droite, selon l’analyse de la CLESSN.

Dans un sondage que la Chaire a commandé à la firme Léger en août dernier, et qui sert aussi de pilote au projet Datagotchi, les électeurs de gauche ayant identifié l’économie comme préoccupation principale étaient 46 % à pencher pour la CAQ, suivis de 23 % pour Québec solidaire. À droite, 50 % pensaient voter pour la CAQ, puis 34 % pour le Parti conservateur. 

Même si Mme Anglade est celle qui écrit le plus au sujet de l’économie, le PLQ n’est que le troisième choix des électeurs pour qui cet enjeu est une priorité, que ceux-ci soient de droite comme de gauche.

En date de jeudi, l’agrégateur de sondages Qc125 estimait que 39 % des Québécois comptaient voter pour la CAQ. Le PLQ, en seconde place, était encore loin derrière, avec 17 % des intentions de vote.

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