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Une campagne pour sensibiliser les employeurs à la violence conjugale

violence conjugale
Une femme manifeste contre la violence conjugale. Photo: iStock

Support psychologique, conciliation travail-famille, accompagnement professionnel: depuis les dernières années, les entreprises passent à l’action pour favoriser le bien-être de leurs employés. En revanche, la mise en place de mesures pour soutenir les victimes de violence conjugale accuse un retard. Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale souhaite remédier à la problématique avec une nouvelle campagne.

Pourtant, une étude réalisée par le Conference Board du Canada révèle que 71 % des employeurs ont déjà vécu une situation où il s’avérait indispensable de protéger une victime de violence familiale. Au pays, une travailleuse sur trois admet avoir déjà subi la violence d’un partenaire. Dans plus de la moitié des cas, cette dernière se poursuit au travail.

«On a déjà eu un témoignage comme quoi le conjoint envoyait des messages à l’employeur de sa partenaire pour dire qu’elle entrait en état d’ébriété au travail alors que c’était faux», souligne Chantal Arseneault, présidente du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, qui précise que la violence peut prendre différente forme.

Appels à répétition, menaces par l’entremise de textos, installation d’un logiciel espion permettant de suivre les déplacements de son partenaire… les méthodes pour maintenir l’emprise en-dehors du domicile ne manquent pas.

«Desfois, c’est dans le but que la femme se fasse congédier pour ne pas qu’elle ait le pouvoir économique lui permettant de sortir de la violence conjugale, explique Mme Arseneault. Certains maintiennent leur femme réveillée la nuit pour qu’elle ne soit pas productive au travail et qu’elle subisse des conséquences.»

Des pistes d’intervention

Pour les organisations, il peut être difficile de savoir comment s’immiscer dans la vie personnelle de leurs employés. C’est pourquoi le Regroupement enverra prochainement un dépliant aux 500 principaux grands employeurs du Québec, aux grandes entreprises en milieu rural et aux syndicats. «Les réalités sont assez différentes (…) C’est important qu’on soit proche de la réalité de chacune des régions», estime la présidente du Regroupement.

Le pamphlet contiendra les coordonnées des maisons d’hébergement et les mesures pouvant être mises en place pour aider les victimes.

L’embauche d’un intervenant, l’instauration de mesures de sécurité comme le filtrage des appels et l’élaboration d’une procédure si le conjoint se présente sur le lieu de travail figurent parmi les outils proposés. Le Regroupement se propose également pour former les entreprises sur la problématique et leur fournir des pistes de discussion.

«Quand les employeurs vont comprendre l’ampleur de ce que ça représente de mettre un filet de sécurité — qui est souvent très peu onéreux — pour aider une femme victime, je pense qu’ils vont être plus enclins à agir avec nous pour contrer la violence conjugale et soutenir les femmes de leur entreprise», affirme Chantal Arseneault, qui admet que le Québec a du retard en la matière.

Elle souligne que les organisations ont tout à gagner en mettant en place de telles mesures. Selon les données du Ministère de la Justice, les pertes subies par les employeurs canadiens du fait de la violence conjugale (absentéisme, baisse de productivité) se chiffrent à près de 78 M$ par an. Un impact sur les collègues peut également se faire ressentir.

La campagne Milieux de travail alliés contre la violence conjugale sera bonifiée en fonction de la réponse des organisations.

Les victimes qui souhaitent obtenir de l’aide peuvent contacter SOS Violence Conjugale en tout temps au 1 800 363-9010.

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