Le marché immobilier en voie de transformer Montréal
Le marché immobilier de Montréal est en train de transformer la ville, selon des experts. En 2020, alors que la métropole devient de plus en plus attirante pour les promoteurs immobiliers, la Ville devra miser sur la densification pour répondre à la demande… sans négliger la protection de l’environnement.
La métropole québécoise connaîtra cette année la plus forte croissance de la valeur des prix des logements par rapport aux autres grandes villes canadiennes, selon un récent rapport de l’agence Royal LePage. Une situation qui va attirer les promoteurs de l’immobilier, qui sont de plus en plus nombreux à investir à Montréal.
«Pour les promoteurs, le marché est en santé parce que tu sais que tu vas louer et que tu pourras louer plus cher. Pour certains Montréalais, par contre, ce sera plus difficile de pouvoir payer ces loyers», analyse le directeur de recherche chez l’entreprise immobilière Morguard, Keith Reading.
Une ville moins accessible
Selon les prévisions de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, la hausse annuelle du prix de vente des propriétés à Montréal sera supérieure à 5% au cours des deux prochaines années.
Une situation qui inquiète le cofondateur de Real Estech, Vincent Pavanello. Real Estech regroupe 250 start-ups de l’immobilier en France.
«Si on ne fait rien, le danger, c’est qu’on va avoir des villes à deux vitesses», explique-t-il à Métro en marge d’une conférence qu’il a donnée à Montréal au sujet de l’immobilier de demain.
Actuellement, le centre-ville des métropoles devient de plus en plus réservé aux mieux nantis, constate M. Pavanello. L’homme a d’ailleurs parcouru le monde en 2019 pour le gouvernement français, à titre de rapporteur de la Mission sur l’accélération de l’innovation dans l’immobilier.
«On est en train de reléguer les populations pauvres et la classe moyenne en-dehors des villes parce qu’elles n’ont plus accès au marché d’accession, qui est devenu trop cher», évoque-t-il.
L’année 2020 sera d’ailleurs marquée au Québec par des augmentations plus fortes des loyers alors que la Régie du logement reverra à la hausse les critères qui fixent ceux-ci.
«On augmente les loyers, donc on augmente la valeur [des propriétés] et on tombe dans un engrenage.» – Vincent Pavanello, cofondateur de Real Estech
Logements sociaux
L’année 2020 sera aussi marquée par le dépôt du rapport de l’Office de consultation publique de Montréal sur le règlement pour une métropole mixte. Dès 2021, ce dernier devrait obliger les promoteurs à inclure des logements sociaux, abordables et familiaux dans leurs projets. Ils pourront toutefois esquiver cette exigence en donnant une contribution à la Ville pour financer la construction de tels logements.
«Ça va être un énorme morceau dans l’optique d’avoir un développement sain et prévisible pour les développeurs immobiliers, mais surtout d’assurer une mixité sociale», a souligné à Métro le responsable de l’habitation à la Ville, Robert Beaudry.
La densification sera aussi un enjeu marquant en 2020. Actuellement, plusieurs promoteurs réclament que la Ville facilite la conversion de locaux commerciaux vacants en logements et leur permette de construire plus en hauteur. Des demandes que la Ville promet d’analyser dans le cadre de la révision de son règlement d’urbanisme, actuellement en cours.
«La question, c’est comment on garde ça vivable. Le surdensité fait en sorte qu’on va devoir faire des efforts encore plus grands qu’avant pour conserver des espaces verts. Il va falloir faire des toits verts», soulève M. Pavanello.
À cet égard, l’administration de Valérie Plante assure être ouverte à promouvoir davantage l’agriculture urbaine en milieu résidentiel.
«Il y a du travail qui est fait à ce niveau-là», a assuré M. Beaudry.