De gros défis pour les organismes en itinérance
En période de pandémie, les centres de refuges pour personnes en situation d’itinérance sont déjà sur un pied d’alerte pour combattre la propagation de la COVID-19 auprès de leur clientèle. Entre-temps, la Ville de Montréal sera prête à subvenir aux besoins des personnes en itinérance.
Avec la mise en isolement des personnes de 70 ans et plus, la Maison du Père a perdu la contribution de nombreux bénévoles.
Le personnel administratif est désormais «sur le plancher» pour aider au bon déroulement des opérations, explique François Boissy, président directeur général de l’organisme.
La Maison du Père offre encore ses 111 repas quotidiens, mais change la façon de les distribuer, pour contrer le coronavirus.
«C’est un employé qui donne les repas et on distribue les ustensiles, les gens ne se servent plus. On assure aussi la distanciation entre les personnes dans la cafétéria», a insisté M. Boissy.
Les visites à la Maison sont dorénavant interdites, a ajouté ce dernier.
Évidemment, on a multiplié les efforts en ce qui concerne le lavage des mains et la propreté des lieux.
Un mot d’ordre similaire est en application à la Mission Old Brewery, qui regroupe en tout près de 400 lits au travers de cinq dortoirs.
«On demande aux gens qui dorment dans les lits étagés de se placer tête-pied pour éviter la contamination», a soutenu Émilie Fortier, directrice des services à la Mission Old Brewery.
Désormais, les repas pour les personnes qui ne passent pas la nuit en refuges sont offerts à l’extérieur du centre dans des boîtes à lunch. Des rations pouvant durer trois jours sont octroyées à la clientèle âgée qui doit se mettre en isolement.
Vous savez, la rue, ça «magane» beaucoup. Ce sont des gens qui sont parfois déjà malades, qui non pas accès aux soins nécessaires ou qui connaissent des problèmes de dépendance. Ils sont en moins bonne santé que le reste de la population -Émilie Fortier, directrice des services à la Mission Old Brewery
Celle-ci est d’autant plus vulnérable à la propagation de maladies infectieuses à cause des conditions dans lesquelles vivent les personnes en situation d’itinérance.
Pour l’instant, aucune personne dans la rue n’a été diagnostiquée avec les symptômes du coronavirus, mais Mme Fortier reste vigilante.
«Moi, je considère que ce qui est préconisé pour les gens de 70 ans et plus dans la population générale, ça doit s’appliquer aux 55 ans et plus chez nous», a-t-elle rappelé.
C’est près de 40 % de la clientèle de la Mission qui fait partie de cette tranche d’âge, selon les estimations de Mme Fortier.
Un plan en préparation par la Ville
Pour sa part, l’administration municipale prévoit prêter des bâtiments lui appartenant, afin de les mettre à la disposition des groupes d’intervention en itinérance et du réseau de la santé.
«Même si la majorité des organismes restent ouverts et continuent d’accueillir des gens, certains refuges sont dans l’obligation de réduire certaines de leurs activités. La Ville est déjà à pied d’œuvre pour identifier ses ressources qui peuvent être mises à contribution pour leur venir en aide, et ce de façon sécuritaire», a lancé la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Pour ce faire, les acteurs du milieu devront faire face à un défi additionnel afin d’aider les personnes sans domicile fixe en cette période de pandémie, puisque les espaces de refuges ne peuvent plus être concentrés dans de grands centres.
En effet, pour répondre à une éventuelle demande croissante, mais aussi aux besoins d’isolement, c’est plutôt une multitude de petits refuges qui devront être ouverts, afin de parer à la propagation de la COVID-19.
«Vous comprendrez que je ne m’intéresse pas au Stade olympique pour l’instant. On parle de petites installations, avec des blocs sanitaires, chauffées et éclairées», a indiqué Mme Plante.
Les grandes installations pourraient tout de même être mises à contribution.
La mairesse envisage d’avoir recours aux anciens hôpitaux Hôtel-Dieu et Royal-Victoria, ce dernier ayant été adapté depuis deux ans pour recevoir un nombre additionnel de personnes vivant en itinérance.
Pour les principaux organismes d’intervention en itinérance situés au centre-ville de Montréal, cette aide est bien accueillie.
«Ça va nous donner un bon coup de main, a souligné M. Boissy. On garde contact avec nos partenaires à la Ville pour voir comment la situation évolue.»