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Coronavirus: la peur pourrait empêcher des personnes d’aller à l’hôpital

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Un professionnel de la santé pendant l'épidémie de coronavirus aux États-Unis Photo: Chip Somodevilla/Getty Images

Alors que les urgences de la métropole connaissent une baisse d’achalandage importante, doit-on s’inquiéter de la possibilité que des malades qui auraient besoin d’assistance médicale décident de ne pas se rendre à l’hôpital par peur de contracter le coronavirus? Des experts se prononcent.

Jeudi matin, le taux d’occupation moyen des civières dans les urgences de la métropole était de 60%, alors qu’il dépasse régulièrement les 100% en temps normal. Il était de 25% au CHU Saint-Justine, de 38% au CIUSSS du Centre-Ouest, de 69% au CHUM et de 66% au CUSM. 

Cette situation n’est d’ailleurs pas unique à Montréal. «On voit moins de patients. Il y a moins de gens qui viennent dans notre urgence alors qu’il y a toujours autant de problèmes de santé», indique à Métro l’urgentologue Melissa Yuan-Innes. Cette dernière œuvre dans l’Hôpital Glengarry Memorial, en Ontario. 

«On a vu que les urgences sont beaucoup moins sollicitées. Ce n’est pas parce que les gens étaient plus en santé en mars, mais parce qu’il y en a qui ont des craintes de s’y rendre [à l’hôpital]», constate aussi le professeur de médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), Benoît Mâsse

«Un danger réel»

Selon le professeur, il y a «un danger réel» que la crise du coronavirus, en incitant des gens malades à rester à la maison, entraîne une augmentation du nombre de décès reliés à d’autres maladies. Il donne à cet égard l’exemple d’une personne vivant seule et qui ferait un infarctus.

«Il y a des personnes qui vont avoir de petites douleurs à la poitrine et qui vont décider d’attendre au lieu d’aller à l’hôpital. C’est possible alors que ça dégénère rapidement alors que dans un autre contexte, elles seraient allées à l’hôpital pour se faire soigner», estime M. Mâsse. 

On apprenait d’ailleurs, jeudi, qu’une éclosion de coronavirus est survenue à l’Hôpital de Verdun. Une quarantaine de personnes sont touchées, dont 35 patients.

«Le gouvernement doit s’assurer qu’on a un suivi clinique des patients qui ont différentes maladies […]. Il ne faut pas déplacer le problème.» -Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Un réseau de la santé plus efficace

En entrevue à Métro, le professeure Roxane Borgès Da Silva, qui œuvre également à l’ESPUM, rappelle que le risque de contagion du coronavirus dans les hôpitaux du Québec demeure faible. 

«La première chose qu’il faut savoir, c’est que les gens qui doivent aller à l’hôpital pour des examens, ils n’ont rien à craindre parce que toutes les précautions sont prises. S’ils respectent les règles de distanciation sociale, se lavent les mains souvent et sont prudents, le risque est très faible», insiste-t-elle. 

Par ailleurs, elle constate que certaines mesures prises pour faire face à la crise du coronavirus permettent actuellement d’augmenter l’efficacité du réseau de la santé. Elle cite à cet égard les efforts faits par plusieurs hôpitaux pour faciliter la télémédecine.

«Avec la réorganisation du service de la santé qu’on fait, il y a beaucoup moins de gaspillage de temps et de ressources aux urgences», indique-t-elle.

Appelé à réagir, le cabinet de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, a associé une partie de la baisse d’achalandage des urgences de la province aux mesures de distanciation sociale mises en place. Le nombre réduit de déplacements des gens «entraine moins de blessures, de chutes et de circulation d’autres virus qui pourraient mener les gens à consulter», souligne-t-on. 

La grippe moins mortelle

Par ailleurs, alors que le nombre de cas de personnes contaminées au coronavirus ne cesse de croître au Québec, le nombre de tests positifs à l’influenza a chuté drastiquement alors que le gouvernement Legault a mis en place diverses mesures pour faciliter la distanciation sociale.

«Les mesures de distanciation sociale, ça aide à freiner toutes les maladies contagieuses. Donc, on peut s’attendre à avoir moins de morts reliés à la grippe et aux autres maladies contagieuses», souligne Benoît Mâsse.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux évalue de «200 à 300» le nombre de personnes qui décèdent de la grippe dans la province chaque année.

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