Les grands moyens pour contrer le coronavirus dans les HLM pour aînés
Plus de 200 «agents de sensibilisation» seront déployés dans les halls d’entrée des habitations à loyer modique (HLM) pour aînés afin de veiller au respect des règles de distanciation physique. L’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) espère ainsi contrer la propagation du coronavirus dans son parc immobilier.
Au total, 264 employés devront surveiller les bâtiments, empêcher les résidents de se rassembler dans les aires communes et valider le motif des visites de personnes en provenance de l’extérieur.
Des gardiens seront en poste sept jours sur sept, de 8h00 à minuit, dans les 132 tours réservées aux personnes âgées du parc immobilier de l’organisme.
Cette mesure sera instaurée au cours des prochaines semaines. Celle-ci a été adoptée, entre autres, parce que certains locataires avaient encore de la difficulté à suivre les consignes émises par la Santé publique.
Au début du mois d’avril, l’OMHM a reçu l’aval de la Société d’Habitation du Québec (SHQ) pour mettre en place un budget afin de recruter des agents de sécurité. Cette tâche s’avère toutefois ardue en cette période de pandémie de coronavirus.
«Au début, on a pensé faire appel à des agences privées de gardiens de sécurité, mais ils sont en pénurie de personnel avec la demande dans les centres de santé. Heureusement, on a été capable de trouver un accord avec la Ville de Montréal, qui va couvrir 80 % de nos besoins d’effectif. L’autre 20 % sera comblé par des employés de l’OMHM», explique Mathieu Vachon, directeur des communications pour l’Office.
L’OMHM continue de recruter afin de pourvoir ce poste, dont le salaire est de 20 $ de l’heure, pour une durée de six semaines.
«Je vous avoue que les gens ne se bousculent pas pour postuler, même si c’est un emploi avec un faible risque de contamination», souligne M. Vachon.
«Mieux vaut tard que jamais»
Pour la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ), cette nouvelle est de bon augure.
«Ça faisait plus de deux semaines qu’on espérait que l’OMHM mette en place ces mesures-là, parce que la SHQ avait donné son accord à tous les offices d’habitation de la province. Ça avait été implanté ailleurs au Québec. Donc, on se réjouit que ça le soit à Montréal. Mieux vaut tard que jamais», affirme Robert Pilon, coordonnateur à la FLHLMQ.
De son côté, Julien Beaulieu, coordonnateur général à l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR) Pointe-de-l’Île de Montréal, y voit aussi une bonne initiative, tant qu’elle est appliquée de manière raisonnable.
«Les gardes de sécurité ont été mis en place dans les lieux fréquentés par les aînés: les épiceries, les CHSLD. C’est donc une bonne idée, mais il faut que ça se fasse avec du jugement. On ne veut pas qu’il y ait des abus non plus. On est pas dans une logique de condamnation», souligne-t-il.
Données confidentielles
Citant le principe de confidentialité, l’OMHM indique ne pas être en possession des données sur le nombre de cas de COVID-19 répertoriés dans ses immeubles. Ces informations sont pourtant collectées par la Direction de la Santé publique de Montréal.
La FLHLMQ déplore ce manque de transparence. «C’est un scandale. Parce que puisqu’il ne s’agit pas de résidences privées, on n’informe pas les locataires à ce sujet. Pourtant il s’agit de la même population vulnérable», martèle M. Pilon.
D’autres mesures
Depuis le mois de mars, l’OMHM dit avoir pris des mesures additionnelles pour prévenir la propagation du coronavirus dans ses immeubles, surtout ceux logeant des aînés.
«On a rapidement fait savoir au gouvernement qu’on avait des inquiétudes pour nos aînés en HLM, car ceux-ci n’étaient pas visés par les directives les plus strictes appliquées aux CHSLD et aux résidences privées» – Mathieu Vachon, directeur des communications pour l’OMHM.
Tout d’abord, l’organisme mettra sur pied un effort colossal pour distribuer des rouleaux de 25 cents gratuitement à chacun de ses 10 200 résidents âgés, afin que ceux-ci puissent faire usage des buanderies communautaires.
L’enjeu avait été soulevé dans un article de La Presse et l’Office a finalement choisi d’offrir de la monnaie à ses locataires pour éviter que ceux-ci sortent de leur logement pour «faire du change».
D’autres mesures préventives ont été adoptées durant les dernières semaines.
L’administration a depuis contacté plus de 6000 aînés afin d’assurer qu’ils se portaient bien durant le confinement. Une cinquantaine d’entre eux ont été référés à la Santé publique afin de permettre un suivi plus serré, indique M. Vachon.
De plus, des rondes de désinfections sont prévues quotidiennement pour les surfaces à risques, comme les poignées de porte ou les boutons d’ascenseurs. Les salles communautaires, ainsi que les toilettes communes ont été fermées.
«C’est beaucoup de travail, on le fait le plus rapidement possible. L’OMHM gère au total 23 000 logements et a connu des pertes d’employés avec la crise. C’est pour cela que tout ce qu’on veut instaurer prend un peu de temps à mettre en place», insiste M. Vachon.